Les bonnes résolutions de carême, un “engagement envers soi“

Publié le 15 février 2018 par Eric Acouphene
 Pendant le carême, Christophe André nous offre sa chronique sur la vie intérieure. Cette semaine, il nous explique pourquoi prendre un engagement envers soi, Dieu ou les autres fait du bien. Médecin psychiatre, il a été un des premiers à introduire la méditation à l'hôpital et est l'auteur de best-sellers sur la psychologie positive et la méditation.
Prendre de bonnes résolutions, c'est accepter un face-à-face avec soi-même. Cela nécessite un temps d'arrêt et de réflexion sur la conduite de sa vie, un détour par sa vie intérieure. Il s'agit de faire ce que nous ne prenons par le temps de faire le reste de l'année : rectifier l'écart qui se creuse entre nos idéaux, spirituels ou relationnels, et nos comportements quotidiens. Pour beaucoup d'entre nous, le carême est associé à un certain nombre de résolutions, tournées autour de la prière, du jeûne et du don. Et ces résolutions méritent d'être prises à la lumière de trois questions : pourquoi ? Quoi ? Comment ?  Pourquoi ? C'est-à-dire avec quel sens ? Et quels objectifs ? Il ne s'agit pas seulement de s'imposer une contrainte ou une privation, mais de nous rapprocher de ce en quoi nous croyons, de donner du sens à nos résolutions, de les placer dans une intention plus large que le simple autocontrôle, de comprendre qu'il y a alors un enjeu plus vaste que le seul raffermissement de notre volonté.  Puis vient la question du quoi ? Nous choisissons souvent d'accomplir des efforts sur nous-mêmes : moins manger, ne pas boire d'alcool, cesser de fumer. Ou des efforts vers les autres : moins râler, ne plus se plaindre, sourire, écouter, aider, donner. Il ne s'agit pas, ou pas seulement, d'être fier de soi. Il s'agit de faire le bien. En se respectant davantage et en respectant les autres. Il s'agit parfois aussi de résister aux tentations du quotidien, mêmes bénignes, comme de moins fréquenter les écrans ; toutes les lois de ce qu'on appelle l'autocontrôle, toutes les études scientifiques disent la même chose : apprendre à résister aux petites tentations est le meilleur entraînement pour un jour résister aux grandes. Enfin, la question du comment ? Il existe de nombreuses règles aux changements réussis : définir des objectifs concrets, réalistes ; toujours faire suivre la résolution d'un premier geste, symbolique et immédiat ( « un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » , Lao-tseu) ; lorsqu'on a du mal ou qu'on est en échec, faire preuve de tolérance et d'autobienveillance ; s'engager devant autrui ; fragmenter les objectifs de long terme, vastes et généraux, en une succession d'objectifs de court terme, limités et ciblés (« un jour à la fois ») ; les écrire et tenir un journal de carême, etc.  Nos habitudes ne peuvent s'effacer sur demande et sont souvent tenaces. Une phase de travail spécifique sur nos résolutions est souvent indispensable, faute de quoi nos décisions ne tiendront pas sur la durée : nos habitudes ne peuvent s'effacer sur demande et sont souvent tenaces (« chassez le naturel et il revient au galop ») ; notre état biologique ou émotionnel nous influence avec force (on agit souvent en fonction de notre manque de sommeil, de notre glycémie, de nos agacements ou abattements) ; et puis nous sommes exposés à de très nombreuses influences extérieures, qu'il s'agisse de nos proches, ou de la société et de son consumérisme, qui pousse au non-effort du « fais-toi plaisir tout de suite ».  Une résolution, ce n'est pas seulement une vague intention. C'est une décision suivie d'efforts prolongés ou répétés. Et c'est aussi un engagement pris envers soi-même - et dans le carême, envers Dieu ou notre communauté - pour atteindre un objectif, en ayant conscience des difficultés qui nous attendent pour initier ou maintenir le changement désiré. Il est certes plus facile de ne rien décider, plus confortable de ne pas s'exposer à l'inconfort des efforts et au risque de la mise en échec. Mais il est plus enrichissant de découvrir comment nous arrivons, ou pas, à nous engager et persévérer dans nos résolutions. Et vous, vers quelles résolutions allez-vous vous tourner ?

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source : la Vie