A force d'entendre de rap et de l'électro-pop, on a fini par oublier qu'en France, il y avait aussi des artistes qui produisent de beaux albums folk. Norman Would vient réparer ce petit oubli. Un petit mail arrive courant janvier. Dedans, quelques mots et surtout un lien vers un majestueux album.
Avec Out of The Blue, le Parisien (Romain Lainé à l'état civil) propose un long format de folk crépusculaire et hanté. Une voix éraillée, comme abîmée par le temps. Des arrangements d'orfèvres, où il n'y a ni trop, ni trop peu, un songwriting précis. Un album qui inspire les grands espaces et pourtant c'est dans un studio de Pantin qu'il a été enregistré. Sans doute que le jeune homme a grandi avec dans les oreilles, le meilleur de l'americana.
L'art de la catharsis
J'imagine que c'est sur les routes américaines que vagabonde son esprit. Dans une autre vie, aurait-il été un troubadour murmurant quelques pensées et confessions pour une audience intime. Il se dégage une étrange proximité entre le chanteur et l'auditeur. Comme si, Norman Would ne chantait que pour celui qui l'écoute. Il susurre aux creux de son oreille et, donne l'impression qu'il ne chante que pour toi. Il y a de la mélancolie. Beaucoup, oui.
Il y a des fêlures, des émotions qui tanguent et vacillent. Parfois, elles submergent et prennent le dessus sur la voix. Comme la marée quand elle se fait haute. Comme lorsque la tempête se déchaîne. Il n'y a rien à faire contre. Elle prend le dessus. Le songwriting est si précis et précieux qu'il illustre parfaitement des sentiments bien connus de tous. Des blessures qu'on ne parvient pas à panser, des amours ratés qui reviennent en pleine face comme un boomerang. Le Parisien trouve les mots qu'il faut pour expier tes maux.
Out of The Blue te fera penser sans doute à H-Burns. Il se dégage la même simplicité, la même douceur, la même authenticité. La même pudeur. C'est une mise au point, une catharsis. Aussi bien pour son auteur que pour son auditeur.