La Norvège et la Grande-Bretagne ont toutes deux affiché ces dernières semaines de grandes ambitions dans l'éolien, notamment en mer, profitant de leurs côtes venteuses.
La Grande-Bretagne vient d'annoncer un très ambitieux programme de production de 30 à 40 GW d'énergie renouvelable, essentiellement éolienne, qui doit lui coûter 100 milliards de livres sterling (200 milliards de dollars) et créer 160.000 emplois.
Ce projet, présenté dans un discours du Premier ministre Gordon Brown le 26 juin, propose que pour parvenir à l'objectif de 15% d'énergies renouvelables en 2020, la Grande-Bretagne multiplie par 10 la production de ces énergies, pour qu'elles fournissent 30% de son électricité, 14% de son chauffage et 10% de ses carburants. Cela réduirait ses émissions de CO2 de 20 millions de tonnes par an et ses importations de gaz de 16%.
D'ici 2 ans pourrait déjà être raccordé 1 GW d'énergie éolienne et d'ici 2020, selon M. Brown, la Grande-Bretagne devra installer des capacités de 14 GW d'éolien offshore, grâce à 3.000 nouvelles éoliennes en mer, et en outre implanter 4.000 nouvelles éoliennes à terre. Pour l'instant, le pays a installé des capacités éoliennes de 2,4 GW.
Ces prévisions sont cependant en retrait par rapport à l'objectif annoncé par le gouvernement en décembre 2007 qui visait l'installation de 33 GW d'éolien off-shore pour 2020.
Dès 2008, selon M. Brown, la Grande-Bretagne va devenir le premier pays pour l'énergie éolienne offshore, avec 400 MW installés, passant devant le Danemark.
Autre nouveau concurrent, sa voisine l'Irlande prévoit dans quelques années d'installer 2 GW d'éolien off-shore qui fourniront 40% de son électricité.
De son côté la Norvège, qui a en janvier annoncé son intention de devenir le premier pays complètement neutre en carbone d'ici 2030, mais qui jusqu'ici avait négligé le vent, a dévoilé un programme à grande échelle.
Le Conseil de l'Energie (organisme qui réunit chercheurs, industriels et gouvernement) dans un rapport paru en mai (version en norvégien)recommande d'installer en mer 5 à 8 GW (soit par exemple 1.500 éoliennes de 5 MW)
L'investissement nécessaire, sur une base de 4 à 4,8 millions de dollars environ par MW installé en mer, représenterait 20 à 44 milliards de dollars. Au total, en y ajoutant plusieurs milliers d'éoliennes à terre, la Norvège pourrait produire 40 TWh d'énergie éolienne par an.
Cette ambition est bien supérieure à l'objectif du pays jusqu'ici, qui était d'atteindre 3 TWh en 2010 avec 1 GW de capacités installées.
Pour l'instant la Norvège ne disposait fin 2007 que de 333 MW.
Avec 40 TWh d'électricité éolienne, la Norvège économiserait 20 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an, soit plus du tiers de ses émissions 2007, qui étaient de 55 millions de tonnes.
Et quand le vent fait défaut, selon le gouvernement, les éoliennes peuvent être relayées par des centrales hydro-électriques, autre richesse de la Norvège qui en tire déjà la plupart de son électricité.
La Norvège pourrait ainsi doubler sa production d'électricité produite à partir d'énergies renouvelables (hydro-électrique compris), à 240 TWh. Une manne d'autant plus intéressante que le pays vient de réviser en baisse de 100.000 barils par jour ses prévisions de production pour 2008, à 2,4 millions de bpj.
C'est aussi en Norvège que la société pétrolière nationale StatoilHydro planche sur de nouvelles éoliennes flottantes sur lesquelles elle a investi 80 millions de dollars. (photo ci-contre).
Au total, selon l'European Wind Energy Association (EWEA), l'Europe pourrait avoir installé en 2030 des capacités éoliennes de 300 GW , moitié à terre, moitié en mer. Et dans le monde, l'institut allemand DEWI prévoit pour 2012 des capacités installées de 288 Gigawatts (GW) dans le monde dont 129 GW en Europe.