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Christophe André : “Se dépouiller permet de se rapprocher de l’essentiel“ (3)

Publié le 13 février 2018 par Eric Acouphene
Quel est cet « essentiel » pour vous ? Christophe André : “Se dépouiller permet de se rapprocher de l’essentiel“ (3) C’est l’amour du prochain, ma présence à lui. Dès lors qu’on est engagé dans une vie active, un des errements auquel on est souvent confronté est de ne pas être assez disponible aux autres. Pour moi, il va s’agir en premier lieu de mon épouse, de mes filles, de mes amis. Lorsque je rentre d’une journée de travail fatigante, que ma femme me dit que telle personne a appelé, qu’elle n’est pas en forme et que ce serait bien que je la rappelle, mon premier mouvement est de soupirer et de penser que cela me pèse. L’essentiel est que mon deuxième mouvement soit de me dire « Rappelle cette personne, elle a besoin de toi, c’est important » et que le troisième soit enfin : « Rappelle-la joyeusement. » J’aime beaucoup cette formule de Christian Bobin : « Tout ce qu’on fait en soupirant est taché de néant. » Car l’essentiel aussi est que je sois présent de tout cœur à cet appel. « Même si cela ne dure que dix minutes, fais-le à fond. » C’est la même chose lors de mes dédicaces avec mes lecteurs : chaque rencontre dure en moyenne entre 30 secondes et une minute, mais j’y suis totalement présent. J’écoute de toutes mes forces chacun et essaye de rentrer dans ce qu’il me dit pour lui donner des conseils ou des paroles d’encouragement. Après deux heures, je suis épuisé. C’est pour cela que je ne fais jamais de dédicace avant mes conférences. Le carême peut ainsi être un moment où l’on prend conscience de ce que l’on reçoit pour donner davantage aux autres. Il m’enjoint à me recadrer sur ce qui est important à mes yeux, à me dire : « Attache-toi à être plus attentif aux autres, au-delà de ta fatigue. » Et je crois que cela me fait du bien. Et cela vous rend heureux ? Dans le bonheur, il y a deux voies : celle de l’hédonisme, ce qui me fait plaisir, et celle de l’eudémonisme, ce qui a du sens pour moi. Rappeler telle ou telle personne en souffrance ne va pas me faire plaisir, mais a posteriori je me dirai que j’ai fait ce que j’avais à faire, et que je l’aurais fait de mon mieux, avec toutes les forces de l’instant. C’est ça qui me rendra heureux.
source : La Vie

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