La 4 G est en phase de tests à Saint-Etienne. Elle signifie l'internet en très haut débit en mobilité. Au-delà des tuyaux, quels usages ? Pour quels groupes ? Quels impacts pour le territoire ? Quels freins ? Quel modèle de diffusion ? Pourparlers ouvre la boite à questions à l'occasion d'un déjeuner " Happy tic " consacré à la 4 g qui s'est déroulé au Mixeur à Saint-Etienne.
Les déjeuners des " Happy tic " permettent de rassembler des collectivités, des entreprises, des universitaires et des experts pour tenter de mieux comprendre les enjeux actuels du numérique. Ces rendez-vous " un peu B to B, un peu informels " sont déjà bien rodés au sein de la communauté du numérique en Rhône-Alpes. Depuis 2011, les Happy Tic ont proposé six rendez-vous sur les questions de " l'Open-data, de la high-Tech, de la THD, des transports, du développement durable, du développement économique " . Le rendez-vous du 14 juin a permis de poser les enjeux d'une vie connectée. Parmi les invités, le Grand Lyon, le Conseil général 42, le service communication de la Ville de Saint-Etienne, le cluster Numelink, le LUPI et les Designers de la Cité. " L'ordinateur et Internet font partie de notre quotidien. Les portables et tablettes nous rendent nomades... il ne manquait plus que la possibilité de se connecter partout pour finaliser la métamorphose !!! L arrivée de la 4G sur le territoire ouvre la voie " explique Céline Colucci, déléguée générale des Interconnectés. Les promesses de l'ère numérique sont légions.
Et la 4G fut
Saint-Etienne est en phase de tests pour la 4G. En tirant sa révérence, la TV analogique a libéré la bande des 800 MHz. C'est un des dividende du passage au numérique.A Saint- Etienne, les trois réseaux mobiles (Orange, SFR et Bouygues) travaillent en collaboration avec l'Agence Nationale des Fréquences (ANF) pour tester l'ouverture de la 4 G. " Il s'agit avant tout de voir dans quelle mesure certains lots de fréquences de la bande de 800 MHz, qui seront utilisés pour la 4G, interfèrent avec ceux de la Télévision numérique terrestre (TNT) dont ils sont voisins, et provoquent des brouillages pour les téléspectateurs " explique Cyrille-Franz Honneger, directeur des relations régionales chez SFR.
Surfer sur des spots à Saint-Etienne
Cette 4G peut-elle booster l'innovation dans le territoire de Saint-Etienne Métropole ? " Il s'agit de se projeter à 4/5 ans et de " spoter " le territoire de l'agglomération ligérienne ", explique Dominique Paret, directeur de l'innovation à Saint-Etienne métropole. A l'échelle de l'agglomération, Dominique Paret projette " trois spots pour inventer des contenus " : Geoffroy Guichard pour une expérience unique de " garages " à tests pour des applications ; le Fil et sa salle des musiques actuelles avec un prototype d'une salle de " spectacle éclatée " ; le quartier créatif Carnot comme un " garage " où se féconderaient les compétences. Son modèle est celui des " Tiers lieux ", espaces intermédiaires entre le lieu du travail et le domicile, incubateurs d'innovations sociétales et technologiques dans un schéma " bottom-up ".
Bataille d' Hernani
Au vu des acteurs mobilisés dans les " Happy tic " et le " réseau des territoires innovants ", la question de l'internet en mobilité est transversale. Elle intéresse aussi bien les clusters d'entreprise, les agglomérations en charge du développement et de l'enseignement supérieur, le Design comme démarche transversale regardant les usages comme les technologies, le tourisme comme offre ouverte et attractive, le réseau des médiateurs numériques qui accompagnent des " projets citoyens ".
La 4G. est un peu la bataille d' Hernani du numérique. Avec des Anciens et des Modernes. Mais surtout des inclus et des exclus.
" Les technologies ne sont pas auto-réalisatrices "
Jean Pouly, économiste, pose les freins à l'innovation. " Les technologies ne sont pas auto-réalisatrices. Les innovations se font de manière disruptives ". En clair : les freins ne sont pas technologiques. " Au Burkina-Faso, on paie davantage qu'en France avec son téléphone. La question n'est pas celle des trous dans la raquette. Ce sont les questions des marchés non finalisés et des freins administratifs, organisationnels. Le paiement de parking par sms n'arrive toujours pas : ce n'est pas parce qu'il n'y a pas la 4 G mais parce qu'il y a des freins à l'innovation. " L'or noir des données sera t-elle monopolisée ? Quel stress a la connexion permanente ? Au fond, la 4G plus qu'un confort ou une couverture ne serait-elle pas aussi une révolution des modes d'organisation ? Les annonces ministérielles de Fleur Pélerin sur la filière numérique aiguisent des appétits : 20 Milliards sur 5 ans pour accompagner le développement de la filière, 15 quartiers numériques en ébauche, 70 000 emplois créés dans la filière numérique. Quels seront les développements et les retombées dans la Loire ?
L'internet accompagné
Question connexe : Quid de la concertation dans ce monde interconnecté ? Devient-on " citoyen sans s'en rendre compte en participant à la diffusion de l'info et à des recommandations via les réseaux sociaux " comme semble le suggérer Eddie Javelle, médiateur numérique ? Faut-il booster les Tiers lieux comme " une expérience en soit qui donne a voir, à comprendre, à faire pour digérer ensemble cette révolution selon le " life model " des: communautés apprenantes " comme ne cesse de le clamer et de le mettre en pratique Yoann Duriaux de Zoomacom ? En ce domaine, il semble que nous sommes à la croisée des chemins comme l'indique Guy Pastre, animateur de CORAIA (coordination Rhône Alpes de l'internet accompagné) qui lance un appel pour que l'accompagnement à l'internet, devienne transversal et interministériel. Entretien réalisé par Thierry Borde, permanent des médias citoyens Rhône alpes.