" Nous sommes de l'armée nationale, vous êtes libres! ". Ce sont les premiers mots qu' Ingrid Betancourt, Marc Gonsalves, Keith Stansell, Thomas Howes et onze militaires et policiers kidnappés par les Farc ont entendu dans l' hélicoptère qui les emmenait à l'aéroport de Catam. Enfin libres, grâce a l'une des opérations d'infiltration les plus " propres " de l'histoire de la Colombie. C'est le moment idéal pour le président Uribe de réussir le désarmement des Farc.
Malgré les critiques internationales du gouvernement colombien et du président Alvaro Uribe, la libération d' Ingrid Betancourt, l'otage des Farc la plus emblématique, constitue un triomphe pour le président colombien, pour le ministre de la défense Juan Manuel Santos et pour le commandant des forzes militaires Freddy Padilla de Leon.
Pour les Farc qui cumulent les échecs depuis le début de l'année, comme la mort du chef historique " Manuel Marulanda " et la démobilisation de " Karina ", cette libération est un coup fatal qui pourrait amener l'organisation terroriste à envisager la nécessité d'une négociation.
Lors de la conférence de presse qui a eu lieu dans l'aéroport de Catam, Ingrid Betancourt raconte sa libération. Elle remercie les medias mais critique sans les nommer, certaines initiatives internationales: Les hélicoptères sont arrivés et en sont sortis des personnages, c'est à dire, absolument surréalistes. Des messieurs habillés avec des logos et avec des choses qui certifiaient qu'ils étaient délégués de je ne sais pas quoi. Je regardais tout ça et je me disait mais qui c'est ces gens? quel comité international? quelle délégation internationale?. Est-il possible que nous soyons à nouveau les clowns d'un nouveau cirque? Je ne veux pas me pretter à ça!
Pour Ingrid, cependant la déception est immense quand en regardant de plus près elle voit sur les t--shirts de certains des nouveaux vénus le Che Guevara, symbole de leur appartenence aux Farc. L'espoir de la libération s'éloigne une nouvelle fois.
Ingrid monte dans l'hélicoptère et s'installe à sa place, quand soudain elle se rend compte que les guerrilleros " Cesar " et " gafas " sont attachés. Lorsqu' Ingrid entend " Nous sommes de l' armée nationale, vous êtes libres!", elle comprend que son cauchemard vient de prendre fin et à ce moment, selon ses affirmations en conférence de presse, Ingrid pense Dieu merci je suis avec des personnes qui respectent la vie des autres même si ce sont des ennemis .
Ses pensées vont donc en primer lieu aux guerrilleros qui se sont laissés abuser et qui sont restés dans la jungle car Ingrid sait que dans les Farc une erreur se paie avec le sang. Aussi Ingrid demande aux commandants des Farc qu'ils n'exécutent pas les guerrilleros, car l'operation a été une extraordinaire partiture , une symphonie impéccable de l'armée colombienne.
Ensuite Ingrid s'inquiète parcequ'elle sait que sa mère, Yolanda Pulecio doit prendre un vol pour la France. De plus par la radio Ingrid sait aussi que sa fille Mélanie doit partir en Chine et que Lorenzo est à Paris. Ingrid se dit, c'est incroyable, je suis libre et personne sera là pour m'accueillir! . Mais les services de la présidence colombienne avaient dejà prévenu Yolanda. Lorsqu'Ingrid descend de l'avion, sa mère est là et Ingrid respire enfin l'air de la liberté.
Pendant les confèrences de presse qui ont suivi sa libération, Ingrid en contrepied avec l'opinion internationale affirme qu'Alvaro Uribe a été un très bon président pour la Colombie, et qu'en plus des revers militaires que les Farc ont subi ces derniers temps, la reélection présidentielle a été un coup essentiel qui a asphixié l'organisation terroriste.
Sur les interventions de Hugo Chaves et de Rafael Correa, Ingrid donne un bémol ce sont des aliés importants mais à la condition qu'ils respectent la démocratie colombienne ... Les colombiens ont élu le président Uribe, ils n'ont pas élu les Farc.
Quant à la possibilité de sa nouvelle candidature à la présidence, Ingrid réaffirme sa confiance dans le président actuel et ajoute que pour l'instant, grâce à ses connaissances des Farc, elle veut juste se sentir un soldat de plus dans la lutte pour la paix.
En conclusion Ingrid remercie le président Uribe qui a su jouer pour nous. Merci, merci pour la Colombie parceque nous sommes fiers d'être colombiens. Je demande aux colombiens de croire dans notre armée qui nous conduira à la paix.
Aujourd'hui Ingrid Betancourt est libre, grâce à une opération de paix, et non à une opération de guerre. Les mots d'Ingrid, très durs avec les Farc et en accord total avec la politique ferme du président Uribe, mettent fin à une campagne internationale de destabilisation du président et du gouvernement colombien.
Ceux qui ont dénoncé le président comme un cow-boy psycorigide incapable de négocier, ne doivent pas oublier que chaque famille en Colombia a payé le prix du sang, ou le prix de l'enlèvement dans cette guerre contre le terrorisme. Le père du président lui aussi a été assassiné par les guerrilleros. C'est sans doute cette guerre sanglante qui explique que l'opinion publique colombienne ait donné son soutien absolu au president Uribe et qui a permis sa reélection démocratique.
Vraisemblablement le discours d'Ingrid permettra au président Uribe d'imposer ses conditions dans les échanges humanitaires.
Mais le plus grand défi pour les colombiens demeure la liberation de tous les otages des Farc. Quand " l'Ingridmanie ", dénoncée par l'intéressée passe, que deviendront les 3000 otages inconnus qui pourrissent dans la jungle colombienne?.
Aujourd'hui, plus que jamais mon affection va à la famille d'Aida Duvaltier, francaise oubliée par notre pays et dont la mort est passé presqu'inaperçue des medias occidentaux et surtout à la familia de Marc Beltra, étudiant français, presqu'inconnu du grand public, disparu dans l'Amazones en décembre 2003.
Plus jamais d'enlèvements.Liberté pour tous les otages maintenant.