Elle écrit qu'elle a peur, le dimanche soir quand elle s'en va à la grande ville, pas tellement pour elle, mais pour sa petite sœur. Elle dit les nuits d'angoisse quand il ne rentre pas, puis les heures qui suivent, accalmies de son sommeil lourd. Elle raconte le silence et les regards qui se fuient, les ombres qui se frôlent, ensuite.
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Elle a pris les mots en pleine face, je ne veux plus te voir, mes vrais enfants c'est pas toi, ça sert à quoi toutes ces années en pointillés, je préfère qu'on en reste là, et peu importe si tu es jolie, si tu es douée, si tu pétilles, je préfère m'occuper des plus jeunes, ceux qui t'aiment mais qui vont t'oublier bientôt, qui ne me rappellent pas ta mère, eux, ni mes failles, pas encore.
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Elle dit qu'elle ne veut plus aller le voir, que c'est trop dur de le voir dans cet état, qu'il s'en fout, d'elle, de sa maladie, pas une fois il ne lui a demandé comment elle allait, pas une fois il n'est venu la voir pour lui faire oublier le saumon des murs et le carton des plateaux repas.
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Elle dit que son petit-frère lui manquera, celui qu'on oublie toujours, parce qu'il est né si loin et qu'on ne l'a vu qu'en photo. Elle dit que, plus tard, quand il sera en âge de comprendre, elle lui écrira l'absence, la déception, l'injustice, le silence. Son silence, aussi, quand répondre fut devenu trop douloureux.
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Pères, impairs, et passent. Reste le vide, et ma colère.
Edit: vous venez de lire quatre micro FICTIONS, quatre histoires différentes, apparemment la précision s'avère nécessaire.