Présentation de l’éditeur :
Otto et Ada partagent depuis un demi-siècle une maison jaune perchée sur une colline et une égale passion pour le chou-fleur à la milanaise, le ping-pong et les documentaires animaliers. Sans compter qu’Ada participe intensément à la vie du voisinage, microcosme baroque et réjouissant.
Il y a d’abord Nico, préparateur en pharmacie obsédé par les effets secondaires indésirables ; Aníbal, facteur fantasque qui confond systématiquement les destinataires pour favoriser le lien social ; Iolanda et ses chihuahuas hystériques ; Mariana, anthropologue amateur qui cite Marcel Mauss à tout-va ; M. Taniguchi, centenaire japonais persuadé que la Seconde Guerre mondiale n’est pas finie.
Quant à Otto, lecteur passionné de romans noirs, il combat ses insomnies à grandes gorgées de tisane tout en soupçonnant qu’on lui cache quelque chose…
Ouvrir Les Nuits de laitue, c’est pénétrer un microcosme, un quartier aux rues étroites et sinueuses dominé par une maison jaune, celle d’Otto et,Ada, Ada qui vient de mourir au moment où on ouvre le roman. Elle était un peu l’âme du quartier, rendant des services du matin au soir, participant aux réunions pour améliorer la vie commune, prenant des nouvelles de chacun de ses voisins et voisines que nous découvrons à chaque chapitre : Iolanda la mystique syncrétique, Anibal le facteur chanteur et bordélique, Teresa et ses chiens dysfonctionnels, Nico le pharmacien maniaque des effets secondaires des médicaments, Mariana l’anthropologue fan de « Nanouk l’Esquimau » ou encore Mr Taniguchi qui a continué à combattre pour l’empereur trente ans après la capitulation du Japon. J’ai souri, j’ai ri même devant cette galerie de personnages savoureux et attachants.
Ada, c’était aussi l’amour d’Otto avec qui elle a passé cinquante de vie en couple. Ils étaient tout l’un pour l’autre malgré leurs différences de goûts et de caractère (quand même, ils partageaient l’amour du chou-fleur à la milanaise), ils partageaient une fantaisie rien qu’à eux et Ada mettait clairement du liant dans les relations d’Otto avec le voisinage. Depuis qu’elle est morte, Otto s’est replié sous sa vieille couverture à carreaux, il épie ses voisins et refuse plus ou moins la communication avec eux, il se demande même s’il n’est pas menacé par Alzheimer… Les Nuits de laitue, c’est aussi un roman sur le deuil et la solitude, difficiles à apprivoiser malgré la légèreté du propos.
Mais il n’y a pas que cela : je croyais que le décès d’Ada était simplement l’occasion de décrire des personnages pittoresques, tous liés par leur connaissance d’Otto et Ada, mais finalement le dernier chapitre recèle une surprise que je n’avais pas vue venir, donnant ainsi du piquant à ce premier roman si sympathique.
Quant à la signification du titre, ne comptez pas sur moi pour vous révéler son secret…
« Il riait comme un singe, la bouche grande ouverte, mais sans émettre aucun son.Un jour il avait plongé la tête sous l’eau et, de retour à la surface, s’était mis à rire comme un tordu. « Tout le monde a trouvé cela amusant, racontait Ada. Il a replongé, il est remonté, a recommencé à se bidonner. Ça faisait marrer tout le monde. Puis il a replongé encore une fois, mais n’est pas réapparu. Moralité: mieux vaut ne pas faire la même tête quand on rit et quand on se noie. »
« En cuisine, elle (Ada) péchait par excès d’imagination. Quand Otto découvrait que son objectif était de préparer une tarte aux pommes, par exemple, il cachait illico les flacons de paprika, de basilic, de coriandre et de thym. Elle se mettait tout de même au travail, tandis que son mari ressortait le numéro du vendeur de pizzas, au cas où. »
« Profitant de l’absence de sa maîtresse, Ananias avait à peu près complètement déchiqueté le canapé. Mendonça s’était gavé de bourre et était à présent affalé par terre, avec des aigreurs d’estomac, car son régime habituel comprenait bien des tongs en caoutchouc mais pas de mousse, dont on reconnaîtra volontiers qu’elle est parfois indigeste. Il avait même essayé d’avaler la fermeture de la housse du canapé, sans toutefois y parvenir – ce n’était plus la forme de jadis. »
Vanessa BARBARA, Les Nuits de laitue, traduit du portugais (Brésil) par Dominique Nédellec, Zulma, 2015
Enfin un billet de lecture de mon côté dans le voyage sud-américain avec Marilyne