Conscience. Ladite «crise de civilisation» nous invite à une réflexion globale sur la marche du monde. Considérons-la comme une chance, histoire de donner raison à Hölderlin: «Là où est le danger, là est ce qui sauve.» Comment croire que le statut général des fonctionnaires, une exception française, soit inséparable de ce moment de basculement anthropologique? Résumons: dans quelle société voulons-nous vivre? Davantage que par le passé sans doute, il convient de resituer la spécificité des fonctionnaires dans l’ensemble du monde salarial et du mouvement social, sans en rabattre sur un point crucial. Il faut «jouer» sur le terrain de l’affrontement idéologique avec les libéraux, pas à côté. Le terrain essentiel n’est pas l’argent, mais le travail. La question centrale ne concerne pas la seule répartition des richesses (importante) mais bien sa production. La conscience émergente d’un intérêt général du genre humain pose désormais la question de la base matérielle, de la propriété publique et même de l’appropriation sociale nécessaire pour traduire la destination universelle des biens publics. Profitons-en pour défendre une idée simple. Au lieu de tirer les fonctionnaires vers les logiques du privé et de ses conventions précaires, renforçons la base législative de tout ce qui peut sécuriser l’emploi dans le secteur privé. Dans le premier comme dans le second cas, c’est tout le contraire qui se produit. Les bonnes questions restent donc devant nous. (À suivre…)
[BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 9 février 2018.]