Ma première écoute de Memories Of Cindy m’a tout de suite rappelé ma découverte de 26 Mixes For Cash en 2003 : nouveau, étrange, parfois même dérangeant, mais rapidement intéressant, tout cela avant que les morceaux ne se révèlent, l’un après l’autre, au fil du temps, passionnants. Pour sûr, deux disques, pour un néophyte, cela peut vite sembler indigeste. Mais Aphex Twin n’est pas devenu une sorte de légende vivante par hasard.
Aujourd’hui, donc, je découvre Palmbomen II, cet artiste néerlandais (allez, hollandais si vous préférez simplifier les choses…) qui, autrement, officie en live en tant que… Palmbomen !
Il ne s’agit pas sa première œuvre majeure : il avait déjà publié un album éponyme en 2015. En ce début d’année 2018, il revient avec ce qui a carrément la consistance d’un double album. Et vous comprenez maintenant le pourquoi de mon introduction.
Car Memories Of Cindy est plus exactement une compilation réunissant plusieurs EPs, tous issus d’un même projet, d’un même continuum : en ce tout début d’année, Beats In Space a décidé de leur offrir la plus belle des parures – quelle splendide photographie, en couverture et à l’intérieur ! – au sein d’un double album-compilation en version CD ou digitale, en plus des éditions vinyles disponibles car déjà parues au cours de l’année écoulée.
Derrière ce projet assez ambitieux, se cache Kai Hugo, ainsi que sa muse Cindy Savalas que l’on retrouve sur tous les portraits et qui supposément vit dans la ville fictive de Carmel Vista et nous fait le plaisir de nous accompagner de sa voix dans plusieurs morceaux.
D’ailleurs, le pseudo de Kai Hugo est, on arrive à le deviner, un mot néerlandais qui signifie palmier, le palmier étant l’un des clichés de la Californie qui est sa nouvelle terre lui qui s’est expatrié loin des Pays-Bas qui l’ont vu naître.
Alors que le paysage défile et les ambiances s’enchevêtrent, à la fois différentes et semblables, un autre écho m’apparaît : Andy Stott et sa noirceur, quasi-morose parfois, dans certaines sonorités de Palmbomen II. Néanmoins, là où l’Écossais me tient à distance quand à l’humeur générale qu’il dégage de sa musique, Memories Of Cindy parvient à me réconforter en même temps qu’il me trouble. La noirceur de la musique n’empêche pas, ici, une certaine chaleur de nous pénétrer, sans que cela paraisse pour autant paradoxale.
Aussi finit-on très rapidement par accrocher à certaines chansons, au beau milieu des vingt-deux qui composent ce quadruple EP ! Grâce à une variation parfaite de la durée des morceaux (si certains dépassent les 5 ou 6 voire 7 minutes, beaucoup dépassent à peine les 2 minutes).
Ce n’est pas un hasard, « pyrotechnomarco » et « Ultimate lovestory fantasy » résonnent assurément pour moi comme du Aphex Twin (l’une des références avouées de Kai Hugo), alors qu’un titre comme « IAO industries » me remémorera plutôt Andy Stott. La troisième et dernière référence qui me vienne par deux fois est Plastikman à l’écoute des morceaux « Desappointment island » et « Are you friends with Amber ? ». Ah, et que dire de « Teleac », dont je ne parviens à me positionner : une symbiose parfaite de ce qu’aurait pu donner une collaboration entre les deux Anglais Aphex Twin et Plastikman ? Trois parallèles plutôt flatteurs, on en conviendra facilement. Et je ne parle même pas, par exemple, des Cocteau Twins ou d’autres influences notables.
Pour l’heure, voici mes morceaux préférés : le très bien nommé « ALOHAnet », « RTL unifeeder », « Peter accepts death » (oui, malgré ce titre, qui plus est répété tel un leitmotiv…) ou, par exemple, le fascinant « Pure Tibet » et le tout simplement beau « Forever Afsluitdijk ». J’aurais pu parler de chacun des quatre EPs séparément, mais, vous l’entendrez, ils forment un superbe ensemble que je n’arrive plus à séparer.
Quatre EPs, formant un album, différents chapitres d’une même œuvre, à découvrir langoureusement.
(in heepro.wordpress.com, le 09/02/2018)
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