Quand mon BABI devient EABI

Publié le 07 février 2018 par Encoreunblogdemere

Que se passe-t-il quand un bébé aux besoins intenses grandit ? Chez nous, il devient un enfant aux besoins intenses, un EABI comme ils disent…

« Tu verras, ça passera en grandissant », « Elle fait beaucoup de caprices, non? », « Eh bah bon courage ! »

Autant de phrases que j’ai entendu et entends encore. Je le sais, Miniloute a toujours été plutôt exigeante, sensible (certains diront soupe au lait et j’ai même tendance à utiliser des gros mots quand je suis à bout…). Je ne suis pas forcément pour coller les enfants dans des cases mais on peut dire qu’elle se rapprochait pas mal de la définition de BABI : bébé aux besoins intenses.

Certes, il y avait le RGO mais mon bébé avait et a toujours un caractère intense, exigeant, à fleur de peau. Elle demande beaucoup d’attention mais veut faire seule, elle vit très mal les frustrations et les contrariétés, a du mal à gérer ses émotions. Jusque là, un enfant normal me direz-vous ! Et vous aurez presque raison… Parce que vivre avec Miniloute et en l’occurence un BABI / EABI, c’est marcher sur des oeufs en permanence.

Elle peut partir en crise de larmes pour un simple regard. Hurler une heure sans arriver à se calmer dans mes bras. Se mettre dans un état de crise de nerfs pour une mise en garde, un simple « non » même expliqué calmement. La moindre contrariété peut prendre des proportions considérables et on en vient à vouloir anticiper ses colères, tout le temps.

Elle est capable de se réveiller en pleine nuit en hurlant et pleurer une heure, inconsolable. La plupart du temps elle a un « mauvais réveil » et râle, crie, tape parfois si elle n’est pas bien réveillée. Il n’est pas rare qu’elle pleure du lever jusqu’au moment où je la laisse à l’école et les câlins et tentatives de dialogue n’y changent rien.

On ne va pas se le cacher, c’est une situation épuisante qui dure depuis un moment. J’avais espoir que la parole, l’acquisition de l’autonomie, l’école arrangent un peu la situation. Et puis non, pas vraiment.

D’ailleurs, à l’école, c’est une enfant calme, à l’écoute, volontaire mais réservée. Quand je décris nos difficultés à la maison je me rends bien compte qu’à l’école c’est tout à fait différent. Selon la maitresse, elle est en confiance à la maison, sait qu’elle peut relâcher la pression. D’un côté c’est rassurant mais de l’autre tellement éprouvant…

Il y a bien sur des périodes où ça va mieux, ou je la trouve plus « facile ». D’autres où, comme en ce moment, elle peut faire plusieurs crises par jour sans que je sache vraiment pourquoi.

Mais au fond, est ce que c’est vraiment important de le savoir ? Souvent, quand je lui demande ce qu’elle a, ses pleurs redoublent. Dans ces cas là, il ne vaut mieux pas la stimuler que ce soit par un geste, une parole, un regard… Elle ne gère plus, il y a un trop plein et j’ai vraiment cette impression que ses émotions « débordent ». J’aimerais bien l’aider en la canalisant avec un « câlin qui contient » comme je faisais avec sa soeur mais ça semble l’énerver d’avantage.

Comme quand elle était bébé, la seule chose qui marche à peu près c’est de la tenir dans mes bras et marcher. Ne pas s’arrêter, ne pas s’asseoir. Sauf qu’elle fait plus de 13 kg et que ma sciatique me rappelle souvent que je ne peux plus la porter tout le temps.

Est ce qu’on la compare trop à sa grande soeur, l’enfant calme, le bébé parfait ? Sans aucun doute, et ça ne facilite pas les choses. Ce n’est pas facile de passer d’une enfant « facile » à une enfant aux besoins intenses. Je suis souvent désemparée devant ses réactions, je me sens tour à tour impuissante, en colère, épuisée, agacée, triste et énervée. Ce qui là non plus n’arrange rien, on est bien d’accord.

Mais alors, que faire ? Accepter ses colères, accepter de laisser pleurer tout en restant à proximité ? Consulter un spécialiste ? Pour l’instant, j’ai le sentiment d’être dans un « creux » et j’attends le mieux. Je me rends bien compte qu’elle est juste « sensible » et que certains enfants ont plus de mal à gérer leurs émotions. Mais il y a des moments où je suis fatiguée de toujours devoir réfléchir à ce qu’il faut faire pour éviter la crise. Où les pleurs et cris presque constants me montent à la tête et me donnent l’impression qu’on ne se comprend pas. Où j’ai beau être sa maman, je n’ai aucune idée de comment la calmer ni de ce qu’elle a.

Alors oui, Miniloute est une enfant intense, sensible, exigeante. Mais c’est aussi une enfant très souriante, une enfant qui chante tout le temps, nous offre des bisous et câlins sans compter… Attachante et entière. Tout n’est pas noir et heureusement !

On avance ensemble du mieux qu’on le peut. Peut-être qu’on consultera, peut-être pas. Peut-être que j’accepterai enfin ma fille pour qui elle est, une EABI peut-être mais surtout une enfant qui a du mal à gérer ses émotions. Et quoi de plus normal à 3 ans ?