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Comment un méditant demeure-t-il, observant "le corps dans le corps" ?
C'est par cette question sybilline que commence le sutra ânâpâna sati, réponse de Siddhartha Gautama, le Bouddha, à la question "comment méditer" ?
La langue allemande dispose de deux mots pour le mot corps dans la langue française: LEIB: Ce mot désigne le « tout corps vivant dans son unité ». L'étymologie du mot Leib est le verbe Leben (vivre). Leib est donc le corps-vivant « le corps que je suis ». Le corps-vivant n'est pas quelque chose ; le corps-vivant est action. « Leib est l'ensemble des gestes, des actions à travers lesquelles l'homme prend forme, devient ce qu'il est … ou se manque », écrit Dürckheim.
KÖRPER: L'étymologie de Körper est le mot latin corpus qui désigne un objet (un jeté-hors). C'est le corps objectivé, disséqué, fragmenté, analysé dans les laboratoires et les auditoires des facultés de médecine. Dans un CHU, les différents éléments et les différents systèmes qui composent le corps-objet ont droit à un étage: cardiologie, système digestif, système endocrinien, poumons et respiration, système nerveux, etc.
Le mot Körper, l'idée "j'ai un corps", ne donne plus une vue globale du corps-vivant, une vue globale de la personne.
LeibWeg: ("Weg": traduction de l'allemand => chemin ou voie) C'est sous cette dénomination "LeibWeg" que Dürckheim propose des exercices qui permettent et favorisent le passage de l'idée « J'ai un corps » à l'expérience que « Je suis corps ». Expérience qui change notre façon de voir et de pratiquer la méditation.
Expérience qui change notre manière d'être au monde.
C'est en devenant sensoriellement consciente du tout corps vivant dans son unité (Leib) que la personne qui médite fait, plus tôt ou plus tard, l'expérience du grand calme intérieur, symptôme de son état de santé fondamental.
Jacques Castermane
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