Thomas Savy Trio souvenirs d'un concert au Sunset

Publié le 05 février 2018 par Assurbanipal

Paris

Samedi 27 janvier 2018. 20h30

Thomas Savy: clarinette basse, compositions, direction

Stéphane Kerecki: contrebasse

Fabrice Moreau: batterie

" Freedom Changes ", un hommage à Steve Potts à qui je dois mon premier concert de Jazz en club à Paris dans un lieu aujourd'hui disparu, les 7 Lézards. C'était en l'an 2000 avec Hal Singer (sax ténor) comme invité. Grand souvenir. Ca monte et ça descend librement. Morceau d'inspiration Free Jazz en effet. Le tempo s'accélère et la musique s'organise. Bonne onde longue de la rythmique. Premier solo de contrebasse malaxé par le batteur aux balais. Fabrice Moreau pétrit la pâte sonore sur ses tambours. Merveille de délicatesse et de précision.

" Cigogne endormie " hommage à l'île de la Cigogne dans l'archipel des Glénan (29) en Bretagne. Fort de Vauban, réserve naturelle aux narcisses uniques, plus grande école de voile en Europe, les Glénan inspirent aussi les musiciens. Une ballade. Batteur aux balais. La cigogne est endormie mais elle bouge tout de même. D'ailleurs, le batteur passe aux baguettes.

Batteur aux balais. Un morceau interrogatif. Ca ondule souplement. Un petit air tourne en boucle. Jeu en douceur aux baguettes derrière le solo de contrebasse. Quelle bonne vibration! L'univers est constitué d'ondes en mouvement. C'est ce que nous apprend la physique et la musique. C'était " Sweet Sour " (Joe Lovano).

Une création mondiale pour un morceau écrit le matin même du concert. " Baroque est la banquise " suivi de " Bluesus maritimus ". Stéphane Kérecki joue à l'archet. Effectivement, il y a une influence baroque là dedans. L'air n'est pas froid, contrairement à son titre. Deux femmes et un homme s'en vont. Comme ils bavardaient, leur départ est salué en silence par ceux qui écoutent. Solo de contrebasse sans accompagnement. Grave, profond, bondissant, Stéphane Kérecki nous raconte de belles histoires de Mer.

Un morceau tiré du premier album de Thomas Savy, " " (2006). " Single track road ", souvenir des routes écossaises où il est impossible pour deux voitures de se croiser. On sent les cahots de la route grâce à la rythmique. Quant à la solitude, elle s'entend dans le chant de la clarinette basse. Le château royal de Balmoral va surgir à l'improviste dans la lueur des phares. Toujours en douceur et en finesse. Batteur aux baguettes. Un petit air entraînant et mystérieux.

PAUSE

Une partie de la " French Suite " enregistrée en 2009 à New York par Thomas Savy avec Scott Colley (contrebasse) et Bill Stewart (batterie). Ca commence par l' Ouverture, en toute logique. Majestueuse. Roulements des maillets sur les tambours. Son plus grave de la clarinette basse. La contrebasse marque le pas. Fabrice Moreau a repris les baguettes pour jouer plus sec, plus précis. Ils ouvrent le chant du possible.

Fabrice triture ses tambours aux balais. La contrebasse impulse le mouvement. Petit air chantant, bondissant. C'est charmant, envoûtant même. Bref, je me régale. C'était " Ignition " puis " Atlantique Nord ".

" Lonnie's Lament " ( John Coltrane). Ballade immédiatement reconnaissable même si elle est jouée sur l'instrument d'Eric Dolphy, ami de John Coltrane, la clarinette basse. Stridences à la Coltrane dans le jeu de Thomas Savy. La rythmique fait monter la tension. Silence d'approbation avant les applaudissements.

" Satellisé " (Stéphane Kérecki). Morceau agité. Rien à voir avec Lou Reed et son " Satellite of Love ". Solo de Fabrice Moreau aux baguettes. Roulant sur les tambours, léger sur les cymbales. En finesse, toujours.

PAUSE

Il y avait un bref 3e set et pas école le lendemain mais j'avais bu ma tasse de beauté. C'est pourquoi ma chronique cesse hic et nunc.

Lectrices intrépides, lecteurs aventureux, navré de vous décevoir mais je n'ai trouvé ni son ni image de l'actuel trio de Thomas Savy. A titre de comparaison, voici le trio de 2010 avec Stéphane Kerecki à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. La musique que j'ai entendu en 2018 me semble plus facile d'accès.

La photographie de Stéphane Kérecki est l'œuvre de l'Invincible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales .

Stéphane Kérecki par Juan Carlos HERNANDEZ