La question se pose à nouveau. Un Président incarne la France à l'étranger, arbitre au-dessus des clans, répare les déchirures nationales, motive sa nation. En quelques jours, notre chef de l'Etat a provoqué la démission du chef de l'armée de Terre pour un fait divers accidentel et dramatique à Carcassone, ulcéré le président et les personnels de France Télévisions, heurté certains partenaires européens. 20minutes constate : "est-il possible de travailler avec lui quand on n'est pas d'accord?" C'est pourtant l'impérieuse nécessité de toute fonction de commandement. Savoir écouter et faire adhérer, et non terroriser et décourager.
France Télévisions déstabilisée
Invité de France 3 lundi 30 juin, Nicolas Sarkozy a eu des mots durs à l'encontre de France Télévisions: leurs programmes ressembleraient trop à ceux de leurs concurrents privés. Mardi, Patrick de Carolis, le Président de France Télévisions, a durement réagi à ces déclarations présidentielles, signant son probable licenciement dès la nouvelle gouvernance de l'audiovisuel public votée. Carolis avait pourtant, à chaud, bien accueilli le plan présidentiel. Mais les semonces du conseiller Henri Guaino dans les heures qui suivirent, puis le comportement impulsif du chef de l'Etat la veille sur l'antenne de France 3, a eu raison de ses propre nerfs.
Télévisions publiques et privées se ressembleraient donc? « Faux », « stupide », « injuste », a jugé Patrick de Carolis. Jamais encore, me semble-t-il Nicolas Sarkozy n’avait enregistré pareil affront public de la part d’une personnalité en charge d’une entreprise publique. « Le compte n’y est pas », a-t-il par ailleurs assuré à propos du financement alternatif à la publicité. Là encore, personne jusqu’ici parmi les décideurs n’avait dressé publiquement le constat d’un financement évidemment ma pensé, des taxes sur des entreprises, et très probablement insuffisant. Pour faire bonne mesure, le président de France Télévisions a assorti son analyse d’une menace de démission. Si le compte n’y est pas, a-t-il dit, je dirai stop à la fin de l’été ou à la mi-septembre (source Jean-Michel Apathie, RTL).L'armée maltraitée
Mardi toujours, Le général Bruno Cuche a démissionné de ses fonctions de chef d'état-major de l'armée de terre après le drame de Carcassonne. Bertrand Delanoë, comme d'autres, a perçu le danger en mettant en garde «les autorités politiques françaises contre tout risque de fracture entre la société civile et ses armées.» Comme le notait l'excellent blog SECRET DEFENSE, les armées ressentent un malaise avec l'équipe Sarkozy. Elles ne se sentent ni aimées, ni soutenues, ni comprises. La présidence Bling Bling s'accommode mal d'une profession dévouée à la défense de la Nation. Le fait divers de Carcassonee a joué le rôle de catalyseur.
Le général Cuche, 60 ans, avait déjà envisagé son départ dimanche soir. Les propos très durs tenus à son encontre et envers l'institution militaire par Nicolas Sarkozy ont achevé de le convaincre. En se rendant lundi à Carcassonne pour rencontrer les victimes et leurs familles, le chef de l'Etat, manifestement exaspéré, a montré du doigt le chef d'état-major de l'armée de terre et les officiers qui l'accompagnaient, en déclarant, selon plusieurs témoins : "Vous êtes tous des amateurs, pas des professionnels !" (LE MONDE)L'Europe à nouveau en crise
Alors qu'il entame sa présidence de l'Union Européenne, Nicolas Sarkozy a durement critiqué la Commission Européenne, et Peter Mandelson en particulier: il accuse ce dernier, dans sa négociation à l'OMC pour le compte de l'UE, de s'apprêter à accepter une réduction de 20% de la production agricole européenne en accordant un accès accru aux produits des pays tiers. La réplique n'a pas tardé. Jeudi 3 juillet, le commissaire Mandelson a fait savoir à Sarkozy qu'il "base ses chiffres sur un scénario erroné".
"Les concessions réelles induiraient plutôt une baisse de 1,1% de la production et une réduction de 2,5% de l'emploi, a précisé le porte-parole." (source)Défense, Télévision, Europe.
Trois sujets, trois jours, trois heurts. Mais pourquoi est-il si méchant ?
Même Jean-Michel Apathie n'en revient pas.
C'est dire.
Lire aussi: l'autoritarisme de Sarkozy.