Partager la publication "[Critique] HORSE SOLDIERS"
Titre original : 12 Strong
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Nicolai Fuglsig
Distribution : Chris Hemsworth, Michael Shannon, Michael Peña, Navid Negahban, Trevante Rhodes, Geoff Stults, Rob Riggle, William Fichtner, Elsa Pataky…
Genre : Action/Adaptation
Date de sortie : 31 janvier 2018
Le Pitch :
Après le 11 septembre 2001, le capitaine Mitch Nelson et ses hommes se portent volontaires pour mener la première offensive armée contre les Talibans en Afghanistan. Sur place, ils rejoignent les troupes d’un seigneur de guerre. Histoire vraie…
La Critique de Horse Soldiers :
Jerry Bruckeimer est dans la place. Peut-être moins actif qu’avant, le célèbre producteur de Top Gun, Rock, Pearl Harbor, Pirates des Caraïbes ou encore Benjamin Gates, n’a pour autant pas changé son fusil d’épaule et se fait toujours un plaisir d’orchestrer des aventures bien bourrines où l’Amérique a souvent le beau rôle, histoire de rappeler que quand il s’agit de botter le cul aux méchants, rien ne vaut un marine bien couillu. Parce qu’au fond, Horse Soldiers, c’est surtout ça. Si on fait exception de la mention « histoire vraie », qui permet au film de pousser sans vergogne dans le rouge tous les compteurs du patriotisme triomphant, ce que nous propose Bruckeimer n’est rien de plus qu’un énième trip guerrier hyper prévisible, certes efficace mais dénué de la moindre originalité, dont l’un des principaux torts est d’arriver avec au moins 10 ans de retard.
« Ça va être difficile de les encercler »
L’Afghanistan, des soldats américains un peu paumés qui sont épaulés (ou qui épaulent c’est selon) des soldats afghans, des chevaux… Oui, Horse Soldiers nous refait le coup de Rambo 3 ! On remplace Stallone par Chris Hemsworth et on y est presque. On retrouve même dans les deux films un gamin soldat qui finit par gagner le cœur d’un G.I. À peine maquillé, avec un sérieux qui ne lui rend pas tout le temps service, Horse Soldiers tente alors de nous vendre du neuf alors qu’en fait, tout ce qu’il nous propose a déjà été fait maintes et maintes fois et souvent en mieux. Du coup, l’impression de déjà vu persiste tout du long, on voit la fin arriver à des kilomètres et jamais le scénario ne dévie d’une route toute tracée, qui joue sur des valeurs pas super fines pour passer la bannière étoilée à la brosse à reluire.
Mais en même temps, comment un film racontant la première offensive américaine en Afghanistan après le 11 septembre aurait pu être différent de ce que nous propose Horse Soldiers ? Le sujet à lui seul, qui présente bien sûr un certain intérêt, appelait ce traitement. Le tort des scénaristes, du réalisateur et des producteurs fut de ne même pas chercher à questionner les enjeux et à tabler sur des bons vieux clichés et des archétypes qui sentent un peu la naphtaline. Les dialogues, de plus en plus bateaux, sont par ailleurs un bon exemple de cet état de fait.
Equidia Soldiers
Cela dit, Horse Soldiers, si il avance en pilotage automatique, s’avère un peu trop long pour ne pas parfois patiner dans la choucroute et ne repose que sur une somme de lieux communs plus ou moins grossiers, tout en offrant néanmoins un spectacle de bonne tenue. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que Nicolai Fuglsig, le metteur en scène, dont c’est d’ailleurs le premier film, n’a rien d’un manche. Sa réalisation bénéficie d’une certaine ampleur et parfois, ce qui se déroule à l’écran, est carrément spectaculaire. On pense notamment à l’affrontement final, dans un canyon, où les roquettes frôlent les hommes à cheval tandis que les balles fusent de toutes parts.
Le casting joue aussi en faveur de l’ensemble. Parfaitement exploités, les acteurs sont pleinement investis et si on fait exception de quelques personnages secondaires bien transparents, tous font le job. Chris Hemsworth, même si il a la lourde tâche d’incarner l’Américain de base, élevé au maïs, quasi-invincible et bien sûr patriote jusqu’au bout des rangers, est tout à fait crédible. De même que Michael Shannon, qui amène un peu de nuances de part la seule force de son jeu. Sans oublier Navid Negahban, dont la performance apporte aussi beaucoup.
Cependant, cela ne suffit pas pour permettre à Horse Soldiers de se montrer digne d’ambitions clairement affichées. Un film qui s’envisage comme une brutale et vibrante aventure guerrière dans la lignée des grands classiques du genre, mais qui, au bout du compte, fait plus office de grosse série B qui s’ignore. Ce qui fait que sans être aussi profond et intense que ses références, Horse Soldiers n’est pas non plus un modèle de divertissement. Le cul entre deux chaises, résolument old school mais pas toujours dans le sens du terme, il fait preuve de bravoure mais se montre trop maladroit et beaucoup trop simpliste pour convaincre pleinement.
En Bref…
En nous contant un épisode méconnu de la guerre en Afghanistan sans se priver d’en rajouter des louches de tous les côtés, Horse Soldiers se prend un peu les pieds dans le tapis. Entre punchlines typiques et quasi-systématiquement à côté de la plaque, accents héroïques exacerbés et morceaux de bravoure visuels, le film n’arrive pas à se démarquer et si il est loin de s’apparenter à un ratage, n’est pas non plus une spectaculaire réussite.
@ Gilles Rolland