Consommer du lait ou du bœuf peut-il causer la polyarthrite rhumatoïde ? Ces chercheurs de l'University of Central Florida qui ont étudié les mutations génétiques dans les cellules sanguines des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde suggèrent ici que les mutations sur un gène qui régule le système immunitaire pourraient accroître le risque d'inflammation et de dommage aux articulations. De plus des traces d'ADN d'une bactérie courante (MAP) chez les bovins sont plus fréquemment retrouvées chez ces patients atteints. Des travaux présentés dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology qui induisent les auteurs à faire l'hypothèse que les bactéries MAP peuvent être un déclencheur de la polyarthrite rhumatoïde chez les personnes qui présentent des gènes de susceptibilité.
De précédentes études ont déjà associé la bactérie Mycobacterium avium - sous-espèce paratuberculosis, connue sous le nom de " MAP " à d'autres maladies auto-immunes dont la maladie de Crohn. La bactérie en question est couramment présente chez les bovins et peut donc être trouvée dans les produits laitiers ou la viande provenant de vaches infectées.
Les chercheurs ont analysé le sang de 132 patients, dont 72 atteints de polyarthrite, pour 9 mutations d'un gène (PTPN2 / 22) déjà documentées comme associées à la maladie et pour l'ADN de la bactérie MAP. Ils constatent en effet que les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde sont :
- plus susceptibles d'avoir des mutations dans le gène de susceptibilité : un type de mutation s'avère présent chez 78,6% des personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde et 60% des personnes exemptes de la maladie ;
- plus susceptibles d'avoir des traces d'ADN de MAP : 34,3% des participants atteints de polyarthrite rhumatoïde présentent des traces d'ADN de la bactérie MAP vs 8,3% des témoins.
Mutations + MAP : Le sang des participants porteurs des mutations génétiques est plus susceptible de montrer une réponse immunitaire accrue aux lymphocytes T et l'activité des cellules T dans le sang des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et de 2 types de mutations, est multipliée par 7 en cas d'exposition à la protéine MAP vs par 3,4 chez les patients atteints mais non porteurs de mutations. Les chercheurs montrent ainsi que les cellules immunitaires présentent une réponse " hyperactive " à l'infection par MAP. Mais tout particulièrement lorsque ces cellules portent ces mutations génétiques de susceptibilité.
Les chercheurs font ainsi l'hypothèse que les bactéries MAP peuvent déclencher la polyarthrite rhumatoïde chez les personnes porteuses de mutations génétiques de susceptibilité : " Nous suggérons que les personnes nées avec cette mutation génétique et qui sont ensuite exposées à la bactérie MAP en consommant du lait ou de la viande de bovins infectés sont plus à risque de développer la polyarthrite rhumatoïde ".