Nous sommes nombreux, aussi, à avoir remarqué que les poissons de la jolie rivière se faisaient rares, les abeilles plus discrètes dans le jardin, ou que la grande plage était réduite à un filet de galets…
La psychologie environnementale confirme que notre attachement à la préservation de la nature relève davantage de l’émotionnel que d’une approche cognitive. La peur, aussi, peut jouer. (voir billet dans rubrique coup de cœur).
Partant du double constat que notre relation à la nature est le fruit d’un tissage subtil d’émotions, de souvenirs, et d’expériences - et pas seulement de connaissances ou d’expertise - et que cette nature intime là, personne ne souhaite la voir engloutie par la montée des eaux, détruite ou asséchée par les dérèglements climatiques, Elephant doc et ARTE ont lancé en 2015 un projet de film participatif original et attachant.
En 1 à 3 minutes, chacun est invité à filmer son coin de nature préféré et/ou menacé par les changements climatiques pour partager émotions et inquiétudes. En filmant, vous poserez des questions comme : où êtes-vous ?, pourquoi aimez-vous cette nature ?, est-elle menacée ?, comment la préserver, ? comment avez-vous pris conscience qu’il fallait la préserver ? Enfin, avez-vous un message aux négociateurs de la conférence COP21 ?
Les petits films étaient à envoyer avant le 31 août 2015 en se connectant sur le site de l'Opération Climat
L’assemblage de ces petites vidéos, prévu cet automne, produira un long métrage de 52’ diffusé par ARTE fin novembre durant la COP21, grande conférence onusienne sur le climat accueillie par la France.
Un patchwork de paysages culturels
Intégré au fonctionnement des réseaux sociaux, le projet Opération Climat est ouvert aux 47 pays du Conseil de l’Europe, valorisant ainsi une approche culturelle de la nature européenne. Pour faciliter la participation de la communauté de vidéastes amateurs, ARTE a mis en place un site internet en 4 langues. Fonctionnant comme une véritable rédaction sur le web, le site intégrait les vidéos sous forme de cartographie régulièrement mise à jour et enrichie de making off, articles complémentaires, vidéos pépites etc. Voici le reccueil de ces vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=PmKyaxCWS1M
Que ceux qui souhaitent voir aborder la question climatique autrement qu’en terme de CO2 et de degrés de réchauffement se réjouissent : l’approche émotionnelle, poétique, sensible, spirituelle et culturelle de cette initiative est sans doute la meilleure façon de sensibiliser le public à l’urgence climatique.
Qu’il s’agisse d’un acte amoureux, poétique, ou engagé, porté par la défense d’un territoire ou la lucidité de l’observateur, filmer son coin de nature donne ainsi à tous l’occasion de connaître un « éveil écologique » qui emprunte des chemins de traverse.
Car filmer le temps qui passe sur une haie champêtre, un petit bois de bouleaux slovène, un champ sous le soleil andalou ou les bras d’une rivière poissonneuse, c’est aussi filmer le temps qui passe… sur nous, et prendre le temps d’en réaliser la saveur, tout simplement.
Cette ode participative au bonheur dans la nature est loin de la foule des costumes-cravates qui défileront au Bourget fin novembre pour déterminer notre avenir climatique. Mais n’en doutons pas : notre attachement pour la nature, et notre engagement, peut-être, à la préserver, se prolongera bien au-delà de la grande conférence onusienne.