C'est en effet un type d'oxygénothérapie de la tumeur, que propose cette équipe de l'Université Thomas Jefferson (Philadelphie) dans l'International Journal of Radiation Oncology. Il s'agit ici d'injecter dans la tumeur des microbulles remplies d'oxygène ce qui rend la tumeur 3 fois plus sensible à la radiothérapie.
C'est précisément l'éclatement de microbulles remplies d'oxygène qui rend les tumeurs plus sensibles à la radiothérapie, selon ces tests préliminaires menés sur des modèles animaux de la maladie mais qui appellent fortement à des essais cliniques chez des patientes atteintes d'un cancer du sein.
L'objectif de départ était d'inverser la carence en oxygène caractéristique des tumeurs, " un objectif en radiothérapie depuis plus de 50 ans ", explique l'auteur principal, le Dr John Eisenbrey professeur de radiologie à la Thomas Jefferson University. Cette étude démontre en effet que les microbulles d'oxygène " purifient " les tumeurs et rendent la radiothérapie significativement plus efficace.
Moins d'oxygène, plus de résistance tumorale : les microbulles avaient été initialement développées pour améliorer l'imagerie par ultrasons. Cependant, le fait de pouvoir " faire éclater " des microbulles remplies d'oxygène dans des tumeurs à l'aide de faisceaux d'ultrasons s'est présenté aux chercheurs comme une opportunité. On sait que la plupart des tumeurs solides sont déficientes en oxygène, en partie parce qu'elles dépassent rapidement l'apport venant des vaisseaux sanguins porteurs d'oxygène qui peuvent pénétrer dans la masse tumorale. Ce manque d'oxygène rend également les tumeurs plus résistantes aux radiations. Ici, lorsque les chercheurs font éclater les microbulles à l'aide d'ultrasons immédiatement avant la radiothérapie ils parviennent à tripler la sensibilité du cancer aux radiations. Chez ces souris, la durée de survie s'en trouve multipliée par 2.
Comment ça marche ? La radiothérapie fonctionne en créant de l'oxygène et d'autres radicaux libres dans les tumeurs, à partir de l'oxygène présent dans les tissus. Mais lorsque ces niveaux d'oxygène sont faibles, les radicaux libres produits par la radiothérapie sont également réduits. Avec cette approche, les niveaux d'oxygène sont augmentés sur l'ensemble de la masse cancéreuse et même dans les zones qui ne sont pas directement " irriguées " par les vaisseaux sanguins.
" Le fait même d'éclater ces microbulles dans le tissu tumoral semble modifier la physiologie locale de la tumeur et rendre les cellules généralement plus perméables à l'oxygène et donc à la radiothérapie ".