Ce n’est pas une conférence, ni un cours magistral. C’est un spectacle. Les deux hommes sur scène ne sont pas des comédiens : l’un est professeur de français, l’autre professeur de religion catholique, ils sont belges. Ils ont mis en scène et jouent un spectacle. De quoi s’agit-il ? De la langue française.
Nancy Huston écrit, à propos des francophonies, qu’elle souhaite que la langue française « cesse de se comporter en reine agacée et se mette à l’écoute de ses peuples ».
Les deux protagonistes du spectacle nous font entrer dans l’histoire de l’orthographe, de ses mécanismes, de ses errements. La création de l’Académie française fut pour Richelieu le moyen d’imposer une autorité centralisatrice, de « distinguer les gens de lettres d’avec les ignorans (sic) et les simples femmes ». L’Académie française dit se référer à l’usage des gens, et les gens se référent à l’Académie !
Le spectacle nous alerte sur le fait que, si on juge notre orthographe, l’orthographe, elle, on ne la juge pas. Elle devrait n’être que l’écriture de la langue, un outil, elle devient un moyen de sélection. Les exemples donnés sur scène ou dans la salle nous font rire, et donnent à penser.
Le spectacle a un titre, La convivialité, titre emprunté à Ivan Illich, livre où ce dernier affirme : Une société conviviale est « une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil ».
Il serait peut-être temps que l’orthographe cesse d’être l’instrument de la « reine agacée » pour être enfin au service de « ses peuples ».
J'ai vu ce spectacle au !POC! d'Alfortville.
Un livre a été adapté de cette pièce : La faute de l'orthographe.