Aurore Pallet, “vedute”, réflexions et réminiscences intérieures
Aurore Pallet, art contemporain, artiste peintre, peinture, exposition, galerie Isabelle Gounod | Publié le 13 avril 2017, modifié le 28 janvier 2018 par Thierry Grizard.
2018 : Aurore Pallet, “Les Forces en Présence“
Cette année Aurore Pallet expose de nouveau à la galerie Isabelle Gounod, sous le titre : “Les Forces en Présence”.
Une formule qui résume assez bien le travail de cette jeune artiste qui poursuit avec détermination un chemin à part, assez éloigné de la peinture figurative française, souvent sous l’influence des derniers mouvements picturaux allemands, notamment la Nouvelle Ecole de Leipzig et son Réalisme Pop Art à connotations expressionnistes.
Aurore Pallet emprunte une toute autre voie, bien moins démonstrative dans la facture et les motifs ou sujets. Le “néo-réalisme” se caractérise par une forme de grotesque, une obsession pour les figures considérées comme des signes, une forme d’iconographie reprise de l’art ancien mais évidée de sa substance pour se résumer à une narration, voire une scénographie post-moderne aux allégories et métaphores ironiques.
© Aurore Pallet.
Aurore Pallet, quant à elle, se concentre sur des œuvres sur bois, à base de multiples glacis, conçues comme des miroirs d’états psychologiques. Toiles qui sont des reflets introspectifs, mais aussi des surfaces spéculaires aux matités et brillances qui forcent le regardeur à se plonger dans des pénombres qui ne se révèlent complètement qu’avec le temps. De même que les obscurs de Pallet sont comme des aurores boréales qui évoluent selon l’éclairement et l’attention du visiteur, autant la lumière n’est jamais absente des ténèbres apparentes de ses panneaux. Elle émane toujours de derrière un profil de paysage, les flancs d’une vallée dérobée ou un lac profond.
Ces territoires composites et imaginaires sont, dans tous les sens du terme, des réflexions aux narrations elliptiques qui s’efforcent de faire advenir une présence manifestée essentiellement par l’obscurité, mais aussi ce qui la fait exister : la lumière, réduite ici à l’état de lueurs naissantes ou vespérales.
2017 : Aurore Pallet, “Prendre les augures“
Aurore Pallet expose au Lab Labanque de Bethune sous la houlette d’Isabelle Gounod. La manière est à peu près la même, toujours très sombre. Cependant les teintes froides, bleutées des “Annonces Fossiles” ont fait place à des tons plus chauds tendant à l’ambré. Le thème est en apparence très différent. Il y a des architectures de style gothique ou renaissant et des personnages, en groupe ou procession, à la Piero della Francesca ou Giotto. L’inspiration renaissante est évidente et revendiquée. C’est là que l’onirisme vesperal d’Aurore Pallet se prolonge de manière naturelle. Ces petits tableaux évoquant des miniatures sont aussi et surtout des ” vedute “. Cependant ces vues ne sont pas à entendre dans l’acception courante, à savoir celle des paysages vénitiens du XVIII° siècle.
© Aurore Pallet, “Prendre les augures”, 2017.
Ces percées avaient pour fonction première d’ouvrir la perspective vers un horizon prolongeant la vue intérieure d’un lieu qui était toujours une mise en scène, un théâtre des idées. Ce qui est vu dans les lointains de Giotto ou Vinci ne sont pas des paysages mais des décors évoquant l’Eden, la Nature ou le désordre, le chaos des origines, (La Joconde par exemple), etc.
Aurore Pallet par ces saynètes rappelant les ” vedute ” de la renaissance reprend le thème des paysages mentaux, peuplés cette fois d’humains et se positionnant dans le grand dialogue de la Peinture avec son histoire. L’artiste se sert de ces fragments iconographiques pour rebondir sur ses propres « obsessions ». En effet, Aurore Pallet prélève surtout des paysages désolés, des architectures démantelées, des personnages qui fuient, des anges en chute, ou des vols inquiétants de corbeaux. C’est toujours aussi crépusculaire et méditatif, mais les œuvres d’Aurore Pallet commencent à se peupler aussi bien d’humains que de leurs artifices.
Aurore Pallet continue donc avec ses paysages mentaux à ouvrir des fenêtres au contenu incertain.
2015 : Aurore Pallet, « Les Annonces Fossiles »
Aurore Pallet exposait en 2015 chez Isabelle Gounod, (exposition intitulée: “Les Annonces Fossiles”). On pouvait y voir d’étranges paysages sur panneau de bois de très petit format. Ces paysages totalement imaginaires fonctionnaient comme des miniatures introspectives. Ces vues étaient des projections de soi dans des sites constitués d’accrétions, de végétaux minéraux et d’étendues d’eau prétextes à de faibles reflexions. Presque tous dans ces rivages ou landes étaient plongés dans la pénombre pour y faire sourdre toujours une lueur souvent centrale. Les glacis superposés octroyaient à ces projections en écho une brillance et une profondeur supplémentaires.
© Aurore Pallet, “Les Annonces Fossiles”, 2015.
Dernière exposition en date d’Aurore Pallet:
Aurore Pallet | « Les Forces en Présence »
Galerie Isabelle Gounod
Du 3 février au 23 mars 2018
- © Aurore Pallet.
- Courtesy galerie Isabelle Gounod.
- Courtesy Lab Labanque – Béthune.
© Aurore Pallet.
Les Forces en Présence
" target="_blank">Aurore Pallet
Les Forces en Présence
Galerie Isabelle Gounod, 2108
25 juin 2015/par Thierry Grizard
Michael Borremans. La peinture serait-elle une mise en scène ?
8 octobre 2017/par Thierry Grizard
Michaël Borremans Sixteen Dances
27 juin 2017/par Thierry GrizardMichaël Borremans “The Banana” est un nœud
6 mars 2017/par Thierry GrizardLe mystère Michael Borremans
1 mars 2017/par Thierry GrizardMichael Borremans et Zurbaran
11 octobre 2015/par Thierry GrizardMichael Borremans | Fixture
28 janvier 2018/par Thierry Grizard
Marion Bataillard, j’aime à la galerie Henri Chartier
Marion Bataillard a carte blanche à la galerie Henri Chartier, elle regroupe sous un titre explicite : "J'aime", rappelant ironiquement les réseaux sociaux, des peintres figuratifs qui questionnent le désir de peindre encore des figures.10 décembre 2017/par Thierry GrizardMarion Bataillard, le mental et le physique
11 juillet 2016/par Thierry GrizardFrançois Malingrëy, un nouveau réalisme ?
16 janvier 2016/par Thierry GrizardDavid Lefebvre le néo réalisme 2.0
17 août 2015/par Thierry GrizardRonan Barrot, peindre l’espace de la toile
8 février 2017/par Thierry Grizard
Gerhard Richter, “iceberg”
Gerhard Richter avec "Eisberg" signe un de ses tableaux les plus aboutis dans le registre photo réaliste, bien qu'il soit, au final, quelque peu atypique car teinté d'un pathos qu'il s'est toujours évertué à congédier.Atlas et photo-painting
" target="_blank">Gerhard Richter
Atlas et photo-painting
Aurore Pallet
Article disponible au format pdf
Partager cet article
- Partager sur Facebook
- Partager sur Twitter
- Partager sur Google+
- Partager sur Tumblr
- Partager par Mail