Le retour au mouroir pour les plus modestes
La loi promulguée sous le gouvernement Hollande, en décembre 2015, a réformé le mode de financement et introduit la notion de dotation globale. Les EHPAD publics (avant on disait " hospice "),perdent du financement public au bénéfice des structures privées, dont les tarifs sont bien plus élevés, et où jusqu’à 15% de bénéfices sont distribués aux actionnaires ! Cette politique, comme celle infligée aux hôpitaux publics, met en péril tout le système de santé au détriment des besoins de la population, en éradiquant le principe de la Sécurité sociale figurant dans le Programme du Conseil national de la Résistance (CNR). L’Union européenne fait des recommandations semestrielles à la France et le parlement français est désormais un théâtre de guignols qui n’agit qu’à la marge ou pour entériner les décisions supranationales sur lesquelles les citoyens n’ont aucun mot à dire. Cyniquement, de fringants technocrates, formés dans le giron patronal, remplissent des tableaux de chiffres, cherchent en permanence des marges de « progrès » financiers à faire. En EHPAD c’est donc moins de changes pour les personnes incontinentes, moins de douches, moins de personnel pour les aider à manger, à se lever, à se coucher. Moins de kiné, de soins, moins d’attention. La souffrance morale est déjà là, conjuguée à des pathologies souvent lourdes, mais rien n’arrête la technocratie à l’encontre des résidents même si c’est au prix de leur vie. Les personnels sont eux écrasés par trop de charges de travail et souffrent de culpabilité de ne pas pouvoir faire leur travail et prodiguer aux résidents l’essentiel dont ils ont besoin. D’ailleurs, les arrêts maladie et les accidents du travail se multiplient. Mais peu importe ! « Car si tu n’es pas content de ton boulot, va-t-en » ! Les CDD sont, en effet, monnaie courante parmi les aides-soignants. A deux pour 30 résidents, voire plus, ils courent toute la journée avec le sentiment de ne pas réussir à faire ce qu’il faudrait.Ce que finance un résident en EHPAD
Un résident en EHPAD participe aux frais de son hébergement à la hauteur maximum de 90% de sa retraite. 10% lui sont laissés pour acheter des produits de toilette, une paire de chausson ou encore un vêtement à remplacer, payer sa mutuelle… Le reste dû est financé par les enfants, petits-enfants, neveux, selon leurs revenus. L’APA (aide accordée par les départements) est versée directement à l’établissement de retraite. Et puis, si tout cela ne permet pas de réunir le montant de la facture, l’aide sociale délivrée par le département, à des hauteurs variables, viendra compléter la facture. Mais si un résident a trimé toute sa vie pour devenir propriétaire de son logement, l’aide sociale dont il aura bénéficié sera prélevée après son décès sur le montant de l’héritage. Ceux qui sont sous tutelle institutionnelle, eux, ne disposent plus d’aucun contrôle sur leurs revenus ni sur leurs biens. Là tous les coups sont permis. Le tuteur débloque des sommes sur demande de l’établissement pour une coupe de cheveux, une paire de chaussures ou des produits de toilette… Bref, après avoir travaillé toute sa vie, cotisé à la Sécurité sociale, payé ses impôts, le résident, réduit à son état de vieillesse, n’est plus considéré intégralement comme une personne mais comme un assisté. Aujourd’hui, si la situation n’est pas brillante, elle va encore empirer car la réforme actuelle est une mise en œuvre industrielle de la dégradation des EHPAD publics. Pourtant, la création d’un grand service public d’aide aux familles et aux personnes seules, financé par la Sécurité sociale, est possible. Et qu’on ne vienne pas invoquer le trou de la Sécurité sociale largement creusé par un financement inadéquat et un chômage endémique. Mais pour cela, ile faudrait rompre radicalement avec le néolibéralisme d’Emmanuel Macron et se libérer des contraintes supranationales pour décider de la société que nous voulons…Photo Creative Commons
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