Il est un journaliste populaire, de ces intellectuels à deux sous que le hertzien nous impose en lieu et place de véritables spécialistes… J’ai nommé Jean-Michel Aphatie. Pour en juger, un petit détour sur son blog s’impose. Jugez plutôt de la pertinence de cette sortie (sans dessus dessous 21/06/2008):
La Turquie, pays d’Asie mineure, se retrouve en demi-finale du championnat d’Europe de football. Cherchez l’erreur, et si vous la trouvez, laissez un message.
Bien entendu, tout le monde peut se tromper, et c’est même là un droit fondamental dont il faut user sans hésitation quand son métier consiste à fouiller, critiquer, proposer, contrer, dénoncer, louer et j’en passe. Mais que penser alors de cette autre magnifique (la bêtise, qui se caractérise par son aspect catégorique et sommaire, a quelque chose de très beau) point de vue - si l’on peut dire:
Le journalisme fait des constats, pointe des incohérences, signale les vides de la pensée. Quant aux choix, aux réponses, en l’espèce fatalement très douloureuses, elles relèvent de la politique, de la responsabilité de l’élu, et pas du journaliste, donc du journalisme. Ceci est à la fois un confort et une frustration. Mais c’est bien parce que chacun reste à sa place que tous peuvent espérer, dans leurs fonctions respectives, être un peu utiles à la société.
Haha! C’est clair, limpide, splendide! Le métier de journalisme résumé en trois lignes! Pas de débats (le sujet ne s’y prête sans doute pas), les autres jugent, et moi, Jean-Michel Aphatie, sans détour ni finesse, remplie mon rôle, je signale “le vide de leur pensée” et, d’un ton péremptoire, éclaire les pauvres cerveaux égarés, ce que vous croyez être possible s’explique le plus simplement du monde par le simple constat de votre insigne bêtise !
Alors voilà le journalisme intellectuel moderne, qui signale les “vides de pensée”… Et pour le reste ? S’il y a des vides, il y a des “pleins”, ou des mieux remplis, non? Là, je dois dire que l’avis de Michel Aphatie sur la vie, et ses considérations en termes de solutions, je m’en contre fous… En revanche, que l’on se permette de s’ériger en grand journaliste (oui, il est même reconnu comme tel), en se contentant d’être plus ou moins virulent sur les sujets à la mode, sans approfondir et procéder de façon lancinante pour imposer son point de vue (mais l’air de ne pas y toucher - du reste il est ainsi à sa place, selon sa façon de voir le journalisme) m’agace terriblement… On est dans le procès du bon sens en permancence, et ça ressemble fort à cette gangrenne de la démocratie qu’est la démagogie. Par ailleurs, et juste pour souligner, le choix est de la responsabilité de l’élu, la proposition de celui qui lui parle, c’est à dire, entre autres, vous, monsieur Aphatie !
Que cet homme continue son show, puisque ça plait et ça fait vendre, mais qu’il ait au moins l’honnêteté de ne pas se faire le chantre du journalisme idéal! A vrai dire, ce côté populaire a l’air de plaire au journaliste lambda, puisque les rares articles qui font la critique du bonhomme ne peuvent s’empêcher de souligner toutes les trois lignes sa réussite et la qualité “reconnue” de son travail… Mais bon, sans doute les plus sérieux s’intéressent à d’autres sujets, et ignorent du haut de leur dignité ce pur produit de consommation.