L'attrape-souci de Catherine Faye 4/5 (07-01-2018)
L'attrape-souci (300 pages) est sorti le 17 janvier 2018 aux Editions Mazarine.
L’histoire (éditeur) :
Décembre 2001. Lucien, onze ans, vient d’arriver à Buenos Aires avec sa mère. Dans une librairie, il est captivé par de mystérieuses petites boîtes jaunes. Dedans, de minuscules poupées. Selon une légende, si on leur confie ses soucis avant de s’endormir, le lendemain, ils se sont envolés.
Le temps qu’il choisisse son attrape-souci, c’est sa mère qui s’est envolée. Disparue.
Lucien part à sa recherche. Se perd.
Au fil de ses errances, il fait des rencontres singulières. Cartonniers, prostituées, gamins des rues avec qui il se lie, un temps. Et grâce à qui, envers et contre tout, il se construit, apprend à grandir. Autrement.
Rebaptisé Lucio par ses compagnons de route, cet enfant rêveur et déterminé incarne ce possible porte-bonheur que chacun a en soi.
Mon avis :
Lucien, 11 ans, a quitté Paris un jour de décembre 2001 avec sa maman. Il ne comprend pas vraiment le but de ce voyage ni pourquoi du jour au lendemain elle a choisi de revenir dans le pays de son enfance, mais il est là à courir dans les rues de la ville jusqu’à ce qu’elle s’arrête dans une librairie à la recherche. Lucien, subjugué par les petites boites remplies de poupées au fond de la boutique (« attrape-souci ») ne l’a voit pas disparaître. En, à peine une minute, il se retrouve seul sur le trottoir le cœur battant dans cette ville inconnue, alors que l’orage arrive et que l’heure de la fermeture des boutiques sonne. Heureusement, il est vite pris sous l’aile de Gabon, un cartonnier qui l’entraîne chez lui dans les bidonvilles en périphérie, puis par Ariana, une señora un peu spéciale, et d’autres encore…mais le petit Lucia réussira-t-il à retrouver sa mère ?
L’attrape souci est un joli roman qui, bien que par son début très dur (on comprend tout de suite que sa maman est partie de son propre chef et qu’elle a délibérément choisi d’abandonner son jeune garçon dans cette ville dont il ne connait que la langue), réussi à révéler de belles choses sur l’âme humaine.
Bien que la situation qu’il vive soit particulièrement touchante, il m’a fallu beaucoup de pages cependant pour m’attacher à Lucio, à me sentir proche de lui, à saisir ses actes ou ses paroles (qui souvent m’ont paru manquer de sens ou disproportionnés, mais sa situation expliquant sans doute ceux-ci). C’est sa rencontre avec un jardinier et la relation qui va en découler qui m’ont vraiment permise de créer un lien, comprendre cet enfant (et surtout sa mère) et enfin apprécier ce roman dans sa globalité.
Catherine Faye a une jolie écriture, un style fluide, des mots simples qui correspondent bien à l’esprit enfantin du narrateur, sans jamais rendre le récit infantile ni lui faire manquer de profondeur. J’ai aimé l’ambiance de Buenos Aires et l’esprit de partage et d’entraide qu’elle véhicule avec beaucoup de naturel chez ses différents personnages (des plus pauvres et mal lotis aux plus aisés et ce malgré le contexte général de crise et la tension palpable dans les rues : « tu sais en ce moment, c’est le bordel. Etre De la Rua qui s’est fait la malle la queue entre les jambes, tu parles d’un président, les banques qui nous piquent notre fric e le reste, j’te dis pas. Alors, un conseil, t’a qu’à bien te tenir pour pas avoir de problème. » page 72) et surtout cette dernière partie que j’ai trouvée vraiment plus intense (il m’a fallut arriver jusqu’à la dernière page pour avoir envie de reposer le livre).
Sous ses airs de roman triste et son thème de l’abandon (douloureux mais salvateur), L’attrape-souci est en vérité un roman plein d’amour où la solidarité et le partage détrônent tout le reste. Un joli roman d’apprentissage.