Le petit fascicule qui fait maintenant traditionnellement office de mise en bouche reprend l'épisode de 1981 dans lequel Elektra apparaît pour la première fois. Plus une curiosité qu'autre chose tant le procédé narratif a vieilli.Evidemment, l'intérêt principal de cette publication est bien l'épais volume qui accueille l'arc The Man Without Fear. Si Frank Miller reste au scénario, c'est maintenant John Romita Jr qui se charge des dessins. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce récit, sachez qu'il s'agissait, à l'époque, d'une réactualisation des origines de Daredevil. On est en 1993 et la mode est au héros torturé en quête de rédemption (on peut citer en exemple Spawn mais même notre bon Tisseur a eu sa période sombre avec McFarlane). Il s'agit donc, pour Miller, de dramatiser au maximum le destin de Murdock, ce qui n'est guère difficile lorsque l'on a sous la main un personnage aveugle dont le père a été assassiné. Ce n'est pas suffisant, le héros ne peut plus se contenter d'être le bon samaritain propret de service, il lui faut des failles et, si possible, des grosses. Une vengeance qui tourne mal sera donc l'occasion de lui coller un peu de sang sur les mains (enfin, quand je dis un peu, il bute une nana quand même).
Il faut avouer que le tandem Miller/Romita s'en sort pas mal sur de nombreux points. La partie contant la petite enfance de Murdock est très réussie et aurait même mérité d'être plus longue tant l'on se prend de sympathie pour ce petit gamin new-yorkais, débrouillard et espiègle. L'idée de ne pas en faire un paumé dès le départ est incontestablement habile. La vengeance de Matt, suite à l'assassinat de son père, est plutôt savoureuse mais
Mais alors, c'est bien ou pas ?Il faut reconnaître que ce n'est pas désagréable. Et lorsque c'est sorti, il faut bien se mettre dans la tête que ça nageait largement au dessus du reste de la production Marvel (les années 90 n'ont pas été la meilleure décennie pour l'éditeur, comme chacun sait). Maintenant, il faut également raison garder (j'adore cette expression), Frank Miller est un auteur, certes talentueux, mais pas un label garantissant le chef-d'oeuvre absolu à chaque script. On a ici un travail honnête, une histoire valable, et c'est déjà beaucoup. Si l'on ajoute le petit côté nostalgie, l'on a même un excellent choix d'épisodes, peut-être même le meilleur après ceux des Avengers. Il ne faut donc pas hésiter, surtout à ce prix là, à s'offrir ce Daredevil.Reste que, même si les époques ne sont pas comparables, l'on est loin, sur la même série, de la qualité du run de Bendis qui a signé, pour moi, LA saga absolue de Daredevil (et qui ne risque pas de prendre de rides avant très, très longtemps, mais c'est un autre sujet...).
L'auteur de Sin City et The Dark Knight Returns à un prix dérisoire avec une saga qui permet aux nouveaux lecteurs d'avoir une vue très complète sur les origines de Daredevil. Idéal pour ce type de collection.