Ça fait plus de quatre ans que je ne suis pas venue au Théâtre Corona. Direction l'ouest de Montréal. Il fait " frette " dehors, on est fin janvier, alors forcément. Ça me fait bizarre de rentrer crème dans une salle, je m'engouffre sans avoir à me dépouiller de toutes mes couches de vêtements et justifier de ce que je transporte dans mon sac. Pas facile d'oublier l'ambiance européenne, le stress d'une salle affichant complet, des centaines de personnes amassées en un lieu, une cible facile.
Une fois passé les portes, toute une jeunesse dorée et universitaire est rassemblée sur le plancher du beau Théâtre Corona. Insouciants et excités, j'ai l'impression d'entrer dans un autre monde. Personne ne se toise, il n'y a pas d'animosité c'est relax, bon enfant, ambiance fête de fraternité étudiante avec un service ambulant de bières. 21h15, la musique baisse, la foule crie " Busty ! ". Fausse alerte. 21h20 les photographes se rapprochent. 21h23 les lumières s'éteignent et ça commence à sentir la weed. C'est parti pour 1h30 de concert.
Le retour à la maison
Les huit membres de Busty (minus Mike à la trompette) sont installés devant un écran géant et coloré retransmettant des bouts du live version Paint/Warhol. Des néons sont aussi disposés entre eux. Ça ajoute un certain peps même si je vous avoue que je ne me suis pas attardée sur les artifices tant il se passait de choses sur scène. Même avec un membre manquant, il est bien difficile d'avoir le regard partout.
" On a tellement voyagé ces derniers mois, c'est si agréable de revenir à la maison " admet Nick, le frontman, alors que le concert démarre en grande pompe. Les Montréalais d'adoption (ils se sont rencontrés à McGill), sont fidèles à eux-mêmes. Ils alternent des séquences grosse boum (" Up Top ", " Free Shoes ") à des moments plus sensuels (" Things Change ", "Common Ground ") sans prévenir. Ça ne semble pas déranger le public, qui, je l'avais oublié à mes dépens, est fort bruyant. Et je pèse mes mots. Il s'agit là d'un euphémisme dans toute sa splendeur. Trop bruyant donc (notamment sur la belle " Dead Poet "), mais fort enthousiaste, presque exalté quand il s'agit de répondre aux sollicitations du groupe (" Dance With Someone ", " Memories and Melodies ").
Calés comme jamais
Musicalement, c'est toujours aussi bon, ils sont calés comme jamais. Busty and the Bass ne perdent pas de temps pour nous prouver qu'ils sont de très bons musiciens, et qu'ils savent tout faire. Chacun a le droit à son moment sous les spotlights : piano, trombone, guitare... et saxophone bien sûr. Enfin " sexyphone " plutôt car Nick attire tous les regard avec ses solos charnels de saxo. On pourrait cependant se faire l'avocat du diable et rétorquer qu'ils ont tendance à partir parfois longuement dans des séquences instrumentales, en mettant de côté le public, mais peu importe car leur public sait à quoi s'attendre.
Piochant aussi bien dans leurs EPs que dans leur premier album, l'ambiance est festive avec les hits " Closer ", " Tryna Find Myself " ou " Models ". Le public se déhanche, sautille, les mines sont réjouies. " The Real " vient clôturer le rappel, Busty and the Bass sortent sous un tonnerre d'applaudissements. On voit leurs regards se poser enfin sur cette salle qui les ovationne généreusement. Ils viennent de remplir leur plus grosse salle à Montréal. They came, they saw, they conquered.
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