Dans l’oeil d’Irving Penn au Grand Palais
Publié le 25 janvier 2018 par Polinacide
@polinacide
C’est l’une des expositions incontournables de la saison culturelle parisienne. Pour marquer le centenaire de sa naissance, le Grand Palais consacre à Irving Penn la première rétrospective en Europe depuis son décès en 2009. Une claque artistique que l’on accepte volontiers de se prendre en pleine figure.
Il savait capturer l’essentiel tout en sublimant la réalité. Célébrités, nus, vendeurs ambulants ainsi qu’illustres inconnus : tous ont défilé devant ce rideau gris qu’Irving Penn utilisait pour dépeindre sa vision du monde. Une toile de fond dont l’apparente neutralité a pourtant révélé tout le génie de ce photographe américain mondialement connu pour ses clichés de mode, et particulièrement à travers sa collaboration avec le magazine Vogue. Un monde de paillettes dans lequel cet antimondain dénote pourtant profondément : car derrière ses portraits léchés sur papier glacé se niche un véritable amour pour les petits métiers et les détritus, auxquels il consacrera d’ailleurs des séries qui tranchent clairement avec sa signature habituelle. A l’exception d’un détail : une élégante simplicité et une rigueur remarquable, du studio jusqu’au tirage auquel Penn accorde un soin méticuleux. Un véritable artiste, somme toute, qui voulait d’ailleurs être peintre au départ.
En témoignent ses clichés de mégots, qu’il assemble scrupuleusement comme pour révéler la relation troublante qui lie les individus à la cigarette… Curieux quand on sait que Penn détestait le tabac à titre personnel. De même, sa série de nus n’expose plus des corps filiformes et lisses mais bel et bien de « vraies » chairs ressemblant à d’authentiques sculptures. Un traitement photographique permettant d’appréhender différemment le corps et sa charge érotique.
Si l’on retient essentiellement d’Irving Penn ses portraits de mode, les 235 images exposées au Grand Palais présentent le fruit du travail d’un véritable maître, aussi éclectique que touchant dans ses nombreuses interprétations du réel. Avec pour point culminant la découverte de ce fameux rideau gris qui ne l’a jamais quitté… Que l’on se prend à photographier soi-même pour tenter de cueillir ne serait-ce qu’un peu du talent de Penn, ou simplement pour le plaisir de conserver une partie de son aura, comme il l’a fait tant de fois devant ce support avec ses modèles. Un cours magistral que personne ne pourrait refuser.
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