Les banques historiques peuvent répéter qu'elles ne craignent pas la menace des startups de la FinTech, certaines d'entre elles ont au moins l'intelligence d'en tirer une inspiration utile pour leurs propres activités. Le lancement de la nouvelle offre Franx par ABN AMRO ressemble fort à un exemple de ce genre de démarche.
Franx est un « simple » compte courant destiné aux quelques 50 000 petites et moyennes entreprises néerlandaises qui réalisent plus ou moins régulièrement des échanges en dehors de la zone Euro. Il leur propose une solution inédite qui leur permet, sur la base d'un IBAN unique, d'encaisser et de payer en 26 devises différentes. Naturellement, la plate-forme – dont les fonctions peuvent être personnalisées – permet également de suivre les marchés de devises et d'exécuter des opérations de change.
Franx intègre en outre une option de couverture des risques de change, dont il faut espérer qu'elle est simple à appréhender pour des responsables de PME probablement dépourvus d'expérience approfondie de ces problématiques. L'objectif d'ABN AMRO à travers cette initiative est de fournir un service capable de répondre à tous les besoins de la cible de clientèle visée (qui peut, en l'occurrence, être qualifiée de niche) en adaptant au mieux les produits et les modalités d'accès à son profil et ses contraintes.
En ce sens, la démarche de la banque s'apparente à ce qu'on pourrait attendre d'une startup. Ce n'est pas tout à fait un hasard, car Franx s'inscrit dans une série d'initiatives FinTech (elle en est la troisième instance), qui voit la création de filiales séparées, mixant des compétences financières et « digitales » afin de répondre à la demande croissante pour des solutions en libre service, sans abandonner les clients qui préfèrent un modèle de conseil et d'expertise plus traditionnel toujours disponible chez ABN AMRO.
En complément, et bien que quelques défauts de grande structure subsistent (par exemple sur le manque de transparence des taux de change), Franx laisse entrevoir la possibilité que son concept ait été fortement inspiré par des jeunes pousses existantes – je pense immédiatement à Kantox ou, dans une moindre mesure, TransferWise. Il faut admettre qu'il est (tristement) rare que des banques parviennent à s'approprier des idées innovantes de la FinTech et peut-être sa séparation du vaisseau amiral aide-t-il la petite équipe qui est à l'origine du projet à se frotter à cette concurrence directe.