une colombe est venue mourir à mes pieds
elle a agonisé pendant quelques secondes
puis elle est morte
mais ce que personne ne voudra croire
c’est qu’elle a ressuscité aussitôt
sans me laisser le temps de réagir
et elle s’est envolée
comme si elle n’avait jamais été morte
je l’ai regardée zigzaguer
entre les immeubles
et j’en suis resté tout pensif
c’était un jour d’automne
mais on aurait dit le printemps
*
Resurrección
Una vez en un parque de Nueva York
una paloma vino a morir a mis pies
agonizó durante algunos segundos
y murió
pero lo que nadie me va a creer
es que resucitó de inmediato
sin darme tiempo para reaccionar
y emprendió el vuelo
como si nunca hubiera estado muerta
y yo me quedé mirándola zigzaguear
entre los edificios de departamentos
y me quedé pensando tantas cosas
era un día de otoño
pero que parecía primavera
***
Nicanor Parra (1914-2018) – Revista San Esteban (Santiago de Chile, 1990) – Traduit de l’espagnol par Philippe Billé.
Je publie ce poème en hommage à l’antipoète Nicanor Parra qui nous a quitté le 23 janvier 2018.