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Présentations Super Rugby 2018 – Nouvelle-Zélande

Publié le 23 janvier 2018 par Sudrugby

Le point sur la conférence

Plus que jamais la conférence Néo Zélandaise est la meilleure du Super Rugby. Elle l’a encore prouvé l’an dernier avec 4 franchises parmi les 5 meilleures équipes du championnat : au niveau de la performance générale, points et essais marqués (Crusaders, Hurricanes, Chiefs, Highlanders, les Lions étant la seule équipe d’une autre nation). L’engouement que suscite le rugby kiwi – notamment vu d’Europe – est phénoménal de par son niveau, sa fraîcheur et le jeu développé, axé sur l’attaque. Un sondage l’an dernier a même montré que les téléspectateurs Australiens préféraient regarder les derbys néo-zeds que les derbys aussies… On en est là : l’écart de niveau et de spectacle devient problématique pour la SANZAAR. Un équilibrage honnête des niveaux à l’heure d’aujourd’hui serait de restreindre le nombre franchises Australiennes à trois. Le départ vers le Pro14 des Cheetahs et des Kings ne changent rien en Afrique du Sud : les talents ne se sont pas dispatchés au sein des autres franchises, ils migrent. Quant à la réorganisation chaotique de la conférence australienne, la réintégration des joueurs de la Force dans les différentes équipes Aussies ne va pas changer grand-chose. Les Reds et les Rebels ont un effectif plus conséquent, mais pas de quoi inquiéter la domination Néo-Zed. Quant aux Jaguares et encore moins les Sunwolves, ils restent loin du niveau de la plus mauvaise équipe kiwi. Le Super Rugby est un championnat à deux voire à trois vitesses et à la fin, ce sont les Néo Zélandais qui gagnent.

La conférence néo-zed survole la compétition et écrase la concurrence, à l’image de Damian McKenzie…

La conférence néo-zed survole la compétition et écrase la concurrence, à l’image de Damian McKenzie…

L’afflux de talents en Nouvelle-Zélande est tel qu’il pousse ses joueurs à partir de plus en plus tôt et de plus en plus vers l’Europe et ses contrats lucratifs. Lima Sopoaga est la grande illustration de ce fléau (il s’est engagé avec les Wasps à seulement 26 ans) : le rugbyman Néo Zélandais a une durée de vie très limitée et tout en étant performant il peut être poussé vers la sortie, par la fédération ou selon sa propre volonté. C’est la contrainte de l’excellence : la remise en cause est continue, la concurrence infernale. Il faut dire aussi que l’eldorado de l’Europe, combinant manne financière à un nouveau challenge sportif, rend très irrésistibles les départs. Ainsi pour cette année out les Cruden (Montpellier), Faumuina (Toulouse), Luatua (Bristol), Fekitoa (Toulon), Lowe (Leinster), Kerr-Barlow (La Rochelle), Gibbins (Glasgow)… Depuis 2007, sur les 58 joueurs internationaux qui sont partis du pays, la moitié avait moins de 28 ans. Ceci peut devenir à terme dangereux pour le rugby Néo Zélandais et surtout décevant quand on suit le Super Rugby. Pour l’instant, l’arrivée de nouveaux talents compense les départs mais quand on évoque par exemple la rumeur du départ de Damian McKenzie (à peine 22 ans) pour Leicester, alors qu’il brille down under, on ne peut s’empêcher de regretter la situation…

L’an dernier, on a assisté au grand retour de la franchise historique des Crusaders. Véritable machine à gagner, elle a logiquement remporté le titre avec un squad et un plan de jeu très bien huilés pendant toute la saison. Pas de soucis pour autant : c’est toujours l’attaque qui fait la différence. Simplement, les Crusaders sous Scott Robertson ont remis au goût du jour le jeu de possession (marquer après 6,7 temps de jeu ou plus) alors même que la tendance sur le modèle des Hurricanes et des Chiefs penchait plus vers un rugby de turnovers (marquer après 0 ou 1 temps de jeu). Gros pack, charnière fiable et défense irréprochable, on peut donc encore gagner le Super Rugby sur ces critères-là. L’opposition de style a pu donner des rencontres exceptionnelles entre Crusaders, Lions et Hurricanes, Chiefs voire Highlanders.

Les franchises dans le détail

Le « guide » pour découvrir les différents squads du Super 18 et évaluer la qualité des effectifs, les transferts, les nouveaux jeunes et les possibilités tactiques à chaque poste.

Les Crusaders

Ronan O'Gara

Ronan O’Gara

La franchise reine du Super Rugby a renoué avec le titre en 2017. Un succès qui met en lumière le leadership de la génération 1988 Whitelock-Todd-Crotty, la profondeur d’effectif de la franchise, notamment via le NPC (Mo’Unga, Goodhue, Bridge, etc…) et les talents de Scott Robertson et du staff. De ce point de vue, rien n’a bougé et les Crusaders sont de nouveau taillés pour le titre, avec même des espoirs recrutés dans le squad (Will Jordan, Braydon Ennor, Ere Enari, Quinten Strange). Un certain Ronan O’Gara intègre le staff comme entraîneur des arrières, ce qui sera intéressant à suivre.

Comme d’habitude, grosse densité en première-ligne avec le trio Moody-Taylor-Franks, complémentaire, très bien huilé et qui a suffisamment fait ses preuves au niveau international. La tuile, c’est que Franks et Moody sont blessés jusqu’à avril – mai, les backup de luxe Crockett et Ala’alatoa vont donc avoir du temps de jeu, avec Tim Perry et l’Irlandais Oliver Jager.  Avec un attelage Whitelock-Barrett et Romano en troisième homme, les Crusaders ont sans doute le meilleur second row du championnat. Il faut bien comprendre que le pack a été l’élément du succès des Crusaders l’an dernier, avec une organisation et une technique d’avants réglées parfaitement, produisant ensuite un jeu d’attaque et de possession unique dans le championnat.  Les espoirs Stange et Dunshea (déjà là l’an dernier) ont peu de place pour du temps de jeu mais profitent d’être entourés de ce qui se fait de mieux.

Jordan Taufua

Jordan Taufua

En troisième-ligne, Taufua s’est imposé au fil du temps comme un joueur incontournable aux côtés de Read et Todd. Très mobile et particulièrement actif en défense et dans le contest, ce back row participe toujours de la fluidité du jeu des Saders. Mais Read ainsi que Sanders vont d’ores et déjà louper les deux premiers mois du Super Rugby pour blessure. Peter Samu apporte une bonne profondeur de banc en n°6 et n°8. Billy Harmon (Canterbury) et Ethan Blackadder (Tasman, fils de l’ancien coach et joueur) essaieront de gratter du temps de jeu.

Chez les demis, la charnière Hall-Mo’Unga est vite devenue essentielle dans le jeu des champions en titre. Excellente dans l’alternance et propre techniquement, elle est la rampe de lancement du jeu de possession des Crusaders. Mitch Hunt a pu être l’homme providentiel des Crusaders à plusieurs reprises, il offre de très bons choix en impact player ou en remplacement, à l’ouverture comme à l’arrière. Les Crusaders se sont attachés les services de l’expérimenté Mike Delany qui retrouvent le Super Rugby, après une excellente saison avec Bay of Plenty en NPC. Il faut voir à quoi il sert à un poste déjà assez garni mais il peut également jouer premier centre. A la mêlée, Mitch Drummond devrait souvent alterner avec Hall. Enfin les deux n°9 de Canterbury Ere Enari (20 ans) et Jack Stratton (23 ans) sont dans le squad, à eux de gratter du temps de jeu.

David Havili

David Havili

Impressionnante profondeur d’effectif au centre avec Crotty, Goodhue, Bateman, Havili et Tamanivalu, dont trois sont des All Blacks récents. A partir de là, le staff peut décliner les paires de centre selon ses volontés. Crotty reste un immanquable et aligner Goodue en n°13 pour faire décaler Tamanivalu sur l’aile a été très fructueux l’an dernier. Havili et Bateman offrent donc d’autres options, notamment le premier qui a vraiment percé l’an dernier. L’utilty back Will Jordan et grand espoir devrait être fixé à un poste, ça peut être le poste de centre dans le registre animateur, à voir.

Dans le back three, Bridge en tant que relanceur et Tamanivalu en tant que perforateur ont fait beaucoup de dégâts l’an dernier. Dans le genre finisseur, Macilai offre une bonne option tout comme Mataele. Les deux espoirs Ennor et Jordan (20 ans tous les deux) essaieront de gratter du temps de jeu, ça passera par des bons matchs de préparation. Mais il est fortement possible que l’on voit plus Jordan à l’arrière, ça reste son poste de prédilection surtout que Israel Dagg nous a habitué à ne pas jouer tous les matchs. Mais Havili reste l’option n°1 s’il ne joue pas centre. Au final, on voit bien que comme aux Chiefs des grandes heures, les Crusaders disposent d’énormément de joueurs de talents et très polyvalents, ce qui offre des options redoutables dans les rotations (par exemple les tournées en Afrique du Sud).

Les Hurricanes

Chris Boyd Hurricanes Super Rugby

Chris Boyd

Gros renforcement à l’intersaison pour un effectif encore plus dense du côté de Wellington. Les Hurricanes ont perdu un nombre considérable de joueurs (Black, Gibbins et Broadhurst, Jane notamment) mais qui étaient tous soit des remplaçants soit des joueurs en manque de temps de jeu depuis un moment. Finalement l’équipe s’est renouvelée de façon exemplaire avec des recrues intelligentes (Gareth Evans, Ihaia West, Toby Smith, Jackson Garden-Bachop, Sam Henwood, Finlay Christie) et une bonne pioche dans le réservoir de jeunes joueurs en NPC, fort du titre de Wellington en Championship (Asafa Aumua, Alex Fidow, TJ Va’a, Isaia Walker-Leawere). Toujours avec le même staff, les Hurricanes sont encore une fois armés pour le titre.

En première-ligne, on devrait très vite retrouver le phénomène Aumua qui grille toutes les étapes (sélection dans le squad des Blacks en novembre sans avoir joué un match en Super Rugby, comme Ardie Savea ou Jordie Barrett avant lui). Coles est indisponible pour le début de saison, ainsi Aumua et Ricitelli devraient se partager le poste. Grosse profondeur de banc à la pile avec Toby Smith et Jeffery Toomuga-Allen à droite et Reggie Goodes et Chris Eves à gauche. Ben May dépanne bien. L’espoir Alex Fidow (20 ans) est dans un bon environnement pour progresser bien que très concurrentiel. Avec ces joueurs, les Canes peuvent allier vitesse, mobilité, technique et densité.

Asafo Aumua

Asafo Aumua

En deuxième-ligne, Fatiakofa, Lousi et Fifita devraient se partager le poste, même si Fifita est plus à l’aise en 3ème ligne. L’ancien treiziste Lousi a d’ailleurs été une bonne surprise l’an dernier, tout comme James Blackwell. L’espoir Walker-Lewere (20 ans) peut aussi se tailler une part du lion à ce poste. L’Ecossais Murray Douglas apporte de la profondeur de banc. En troisième-ligne, l’effectif est plus dense que jamais et devrait tourner autour des leaders Shields et Savea. Gareth Evans et Fifita devraient alterner en n°6, il sera intéressant de voir l’apport de l’ex-Highlander sur le jeu des Canes. Sam Henwood est un openside flanker de métier et la doublure de Savea. Le technique Blade Thomson et le solide Reed Prinsep apportent de la profondeur, au poste de n°8. Dans tous les cas, le back row est ultra mobile et technique, taillé pour le jeu de vitesse des Canes.

Chez les demis la paire devenue historique des Hurricanes Perenara-Barrett sera de nouveau là. Difficile de dépasser le duo tant il forme l’ossature du jeu de la franchise. Finlay Christie (Chiefs) et Jamie Booth (Manawatu) sont des doublures idéales pour TJP. Pareil pour Ihaia West à l’ouverture qui tentera de se relancer après plusieurs saisons en demie teinte, malgré un talent certain. Le jeune TJ Va’a (21 ans) peut être une option en fin de partie aussi, il cherchera à apprendre aux côtés de ce qui se fait de mieux. Garden-Bachop est une autre doublure à l’ouverture. Cela dit, avec les absences de début de saison de Milner-Skudder et Jordie Barrett, il est fort possible que des ouvreurs prennent l’arrière et pourquoi pas Beauden Barrett lui-même, ça a toujours été son second poste et il défend en n°15. A voir ce que nous réserve Chris Boyd.

Beauden Barrett

Beauden Barrett

Au centre, la paire Laumape-Aso a fait des dégâts monstres dans les défenses l’an dernier, grâce à une vitesse et un jeu debout infaillibles. Ils ont marqué à eux deux 29 essais. Matt Proctor est une autre option en outside centre et Garden-Bachop en premier centre. L’espoir Umaga-Jensen (tout juste 20 ans), neveu de vous-savez-qui cherchera à apprendre et gagner du temps de jeu. Aux ailes, Milner-Skudder sera une option de choix dès qu’il reviendra, tout comme Jordie Barrett à l’arrière qui doivent confirmer après de graves blessures. Pour le moment, un ouvreur est pressenti pour jouer à l’arrière, à moins que Ben Lam voire Wes Goosen s’y collent mais cela enlève des options dans l’animation. Ces deux derniers avec Julian Savea devraient souvent occuper l’aile, dans un rôle de finisseur. Savea après une saison vide et passée à être ignorée par Steve Hansen aura à cœur de redevenir le meilleur ailier du monde qu’il était. On lui reproche un manque de rythme, de condition physique et de technique. L’espoir Jonah Lowe (21 ans) peut assez facilement avoir du temps de jeu dans les rotations.

Les Chiefs

Colin Cooper

Colin Cooper

Saison de transition annoncée aux Chiefs après les départs à la pelle des leaders du groupe : Cruden (Montpellier), Kerr-Barlow (La Rochelle), Lowe (Leinster), Donald (Counties Manukau), Elliot (Oyonnax) et Leitch (Sunwolves). Ce sont des joueurs qui ont pu dès le début déclencher le retour de la franchise sur le devant de la scène avec le premier titre en 2012. Surtout, les Chiefs ont perdu le coach Dave Rennie, âme de l’équipe ainsi que  l’adjoint Kieran Keane, coach qui les aura amené au sommet. Mais Colin Cooper (headcoach) et Tabai Matson (adjoint) forment un duo prometteur, ce sont de bons techniciens aux résultats prouvés avec Taranaki et les Maori All Blacks pour le premier cité. Il va donc falloir un nouveau plain de jeu et que des nouveaux leaders de jeu, notamment derrière et que les Cane, Retallick, McKenzie portent encore un peu plus l’équipe.

Au talon situation idéale avec l’expérimenté Nathan Harris qui encadrera les deux espoirs Polwart (23 ans) et Taukei’aho (19 ans). Harris doit monter en gamme et en leadership pour autant. Belle profondeur d’effectif à la pile avec Laulala et Hames, souvent titulaires chez les Blacks cette année en raison de l’hécatombe de blessures. Atunaisa Moli doit grandir à 22 ans en loosehead prop, il devrait souvent débuter. Mitchell Graham offre de l’expérience à droite, très bien pour encadrer les espoirs Ross (22 ans) et Sefo Kautai (22 ans). L’ensemble est très mobile et technique.

Luke Jacobson

Luke Jacobson

En deuxième-ligne, pas grand-chose à redire avec la paire Retallick-Bird, avec Allardice en backup idéal et le jeune Finn Hoeata (21 ans), petit frère de Jarrad, ex-Highlanders. Dans le back row, on devrait souvent voir le trio Seu-Cane-Messam, même si cela manque un peu de puissance, mais pour le coup pas de technique ni de jump en touche. Lachlan Boshier et Mitchell Brown ont montré qu’ils étaient des joueurs de Super Rugby efficaces sur les ailes. Au final l’espoir Luke Jacobson (Waikato, pas encore 21 ans) peut percer en n°8, surtout que Messam reviendra d’un longue saison au Japon. Il est dans la lignée des grands troisièmes-lignes centre du pays. On voudra davantage voir Mitch Karpik qui a peu joué en 2017 et a fait une saison blanche en 2016 : à 22 ans, l’explosion est encore possible pour un joueur au dynamisme rare.

A la mêlée, 23 ans d’âge de moyenne et du potentiel plein les caisses. On retrouvera Brad Weber qui aura la lourde tâche de faire oublier Kerr-Barlow. Sur le plan sportif, il en a déjà les moyens, notamment dans le jeu courant. Te Toira Tahuriorangi est un transfuge intelligent venant des Canes et une doublure idéale. L’ex-Baby Black Taumataine cherchera du temps de jeu. A l’ouverture, beaucoup de talents mais peu de certitude avec des choix compliqués entre Marty McKenzie, Damian McKenzie, les espoirs Tiaan Falcon (19 ans) et Alex Nankivell (21 ans) voire Nanai-Williams qu’on a vu à ce poste avec les Samoa. D’Mack est meilleur à l’arrière et on voit mal vu le nombre d’ouvreur comment il pourrait jouer n°10. Sans doute que Cooper évitera le syndrome des Blues à changer de n°10 tous les trois matchs. Le scénario possible est donc un Marty McKenzie qui commence et un Tiaan Falcon qui explose en cours de saison (il est excellent et à sa place), à moins que ce soit son collègue Nankivell.

Damian McKenzie

Damian McKenzie

Au centre la paire Ngatai-Lienert Brown signe un duo de choc, si les commotions veulent bien laisser le premier tranquille. Ils devront eux aussi faire oublier Cruden et Lowe dans l’animation. Tim Nanai-Williams est également une bonne option voire Sam McNicol. Bon défenseur, le Samoan Johnny Fa’auli est une valeur sûre mais assez pauvre dans le jeu. L’ex-Bordelais Aumua et l’ex treiziste Varney peuvent être testés. Dans le back three, on retrouvera les fusées Pulu et Stevenson. Nanai-Williams ou McNicol sont des options en tant que « 3ème centre ». Alaimalo (22 ans) peut continuer à progresser. A l’arrière, Damian McKenzie est indéboulonnable même si son frère, Nanai-Williams, Stevenson, Ngatai et McNicol peuvent jouer à ce poste. L’effectif des Chiefs a beau changer, c’est toujours la même polyvalence derrière avec ces utility backs plein le squad !

Les Highlanders

Aaron Mauger

Aaron Mauger

Les Highlanders restent la franchise la plus régulière de ces dernières années, une franchise devenue une habituée des playoffs. Changement important dans le staff : Tony Brown n’est plus là et l’on peut considéré comme finie l’ère Jamie Joseph ponctué par le titre de 2015, Brown s’étant placé dans la continuité de Joseph l’an dernier. Scott McLeod (coach de la défense) est aussi parti pour intégrer le staff des All Blacks. Aaron Mauger est désormais le headcoach, après une solide expérience à Leicester. Il sera entouré de Mark Hammett (adjoint) et de Glenn Delaney (défense) pour un trio 100% Canterbury, un comble pour la franchise de Dunedin ! Pas mal de départs avec les exodes de Fekitoa (Toulon), Osborne (Kubota Spears), Banks (Trévise), Wheeler (Suntory Sungoliath) et d’Evans qui file lui aux Hurricanes. Ces pertes sont compensées par les arrivées de bons espoirs du rugby néo-zeds : Umaga-Jensen (Wellington), McKay (Canterbury) et Ioane (Otago) mais restent lourdes.

Au poste de talonneur, Coltman et Dixon vont se partager la place de titulaire comme ils le font depuis plusieurs saisons, ce sont deux leaders du groupe. Pas énormément d’expérience au poste de pilier mais cela paraît suffisant pour le plan de jeu des Highlanders. A gauche, Lienert-Brown s’est imposé comme un leader du pack et apporte beaucoup dans le jeu. Tokolahi dans le même registre est efficace. L’ex Rebels Tyrel Lomax devrait aussi tirer son épingle du jeu, à droite, c’est un bon espoir du rugby aussie qui a finalement préféré capitaliser sur son passeport kiwi. Seiuli et Millar sont des options aussi, de bons joueurs de NPC. Bref, au final, la staff devrait faire jouer la concurrence à un poste homogène.

Liam Squire

Liam Squire

En deuxième-ligne, le duo Franklin-Hemopo fait vraiment l’affaire et font partie de ces joueurs de l’ombre du rugby néo-zed, que l’on a pu voir avec les Maoris All Blacks cet automne. Hemopo a passé un cap et s’impose comme une référence en termes d’activité. Les espoirs Dickson (23 ans) et Parkinson (21 ans) essaieront de gratter du temps de jeu, dans des registres plus mobiles. Le vétéran Alex Ainley (36 ans) chapeaute le tout, il amènera expérience et technique d’avant. Le backrow des Highlanders a clairement fait ses preuves ces dernières années, Dixon et surtout Squire sont devenus internationaux. Ils seront encore une fois les leaders de l’équipe. Hunt devrait régulièrement être en n°7, c’est un espoir au poste à 22 ans mais il a encore du retard sur Blake Gibson par exemple. James Lentjes et Dan Pryor apportent dans les roulements d’effectifs sans être forcément impressionnants. Luke Whitelock offre de grosses garanties en n°8 même s’il alternera sans doute avec Squire, plus explosif. Au final, belle densité à ce poste et un panel de choix différent.

Ben Smith All Blacks Highlanders

Ben Smith

On retrouvera la charnière Smith-Sopoaga qui s’est avérée être la meilleure du Super Rugby et la plus régulière ces dernières saisons avec les inévitables Perenara et Barrett. Dans l’alternance et dans la distribution, on peut difficilement faire mieux. Sopoaga partant à la fin de l’année, on imagine que Mauger devrait davantage faire jouer ses espoirs Josh Ioane (22 ans) et surtout Fletcher Smith (22 ans aussi) qui progresse dans l’ombre de Sopoaga, il a encore fait une belle saison avec Otago. Renton est un bon backup de Smith à la mêlée, il devrait alterner avec Hammington. Au centre pas de capes internationales mais du talent : le duo Thompson-Faddes devrait souvent être associé. Même remarque que pour la deuxième ligne, ces joueurs font partie du vivier du rugby néo-zed sans être All Blacks pour autant. Richard Buckman est une belle option en second centre aussi. Surtout l’espoir Umaga-Jensen (20 ans tout juste) pourrait bien percer vu la situation, il a excellé avec Wellington en NPC. Walden offre plus de garanties en défense en n°12 et Tomkison (22 ans) reste un joueur dont l’évolution est à suivre.

Dans le back three, on retrouvera Ben Smith, de retour après de gros soucis de commotion cérébrale. Il est crucial dans le jeu des Highlanders. Naholo est évidemment une option sûre côté ouvert et cherchera à faire une saison pleine après des années gâchées par les blessures. Tevita Li, éternel espoir du rugby néo-zélandais manque encore de technique pour prétendre à plus qu’il n’est, un « simple » titulaire en Super Rugby. Cela peut laisser la porte ouverte à Josh McKay (20 ans et Baby Black l’an dernier), pour le coup vrai grand espoir du rugby néo-zed. Le Fidjien Nabura est aussi une bonne option après une belle saison aux Counties Manukau (sa première à 25 ans).

Les Blues

Tana Umaga

Tana Umaga

L’année 2017 était une énième saison de transition pour les Blues mais cette fois-ci Tana Umaga a promis de faire le ménage et de redonner ses titres de noblesse à la franchise d’Auckland. Ça tombe bien, leur effectif n’a jamais été aussi garni que depuis 2012 (année médiocre mais effectif dantesque). Les Blues ont perdu des leaders mais qui bien qu’étant très bons étaient les porte-drapeaux des années de galère de la franchise : Luatua (Bristol), Faumuina (Toulouse), Ranger (La Rochelle), West (Hurricanes). Belle perte de l’Anglais Piers Francis qui revient au pays (Northampton) après une saison 2017 en exode épatante. Le reste sont des joueurs dont on n’a volontairement pas prolongé le contrat en Super Rugby et qui joueront le NPC : Billy Guyton, Sam Prattley, Leighton Price, Matt Vaega, Epalamahe Faiva, Declan O’Donnell. Pas très grave donc, surtout si l’on considère leurs remplaçants directs : les Blues sont allés piochés dans le meilleur des espoirs kiwis (Caleb Clarke, Dalton Papal’i, Matt Johnson, Isaac Salmon) et le reste du recrutement a été intelligent avec la venue des ex-Canes Otere Black (mais blessé) et Leni Apisai et du revenant Daniel Kirkpatrick (Albi). Une intersaison qui a donc laissé de l’air et du champ dans un effectif désormais ultra concurrentiel…

En première-ligne, le trio Tu’ungafasi-Parsons-Mafileo est celui a le plus d’expérience sur le papier et celui que l’on devrait voir le plus en nombre de matchs. Tu’ungafasi a passé un stade en 2017 avec de nombreuses caps chez les Blacks et Parsons est toujours le leader de terrain du pack. Mafileo peut encore progressé à 24 ans dans un registre puissant, avec Hodgman comme solide backup à gauche comme à droite. Pauliasi Manu apporte une expérience et une technique du métier précieuses à gauche. Quant au grand espoir Isaac Salmon, il essaiera de prendre du temps de jeu en tighthead prop. Matt Moulds et Leni Apisai (plus jeune et plus attendu après son départ des Canes) se concurrenceront pour la place de remplaçant en talonneur mais devraient avoir plus de temps de jeu que prévu en raison de pépins physiques que traîne Parsons.

Blake Gibson

Blake Gibson

En seconde-ligne, les Blues devraient opter pour des joueurs mobiles. Jimmy Tupou, Pat Tuipulotu et Gerald Tuioti-Mariner devraient se partager le poste, avec Josh Goodue et Scott Scrafton comme grosse profondeur de banc à un poste finalement très homogène. Tuipulotu est revenu à son niveau l’an dernier et possède encore une marge de progression à 25 ans. Tupou est le capitaine de touche des Blues, très apprécié par Umaga. En troisième-ligne, la franchise basée à Auckland alignera un trio d’exception qui tournera principalement autour de l’association Kaino-Gibson-Ioane. Ultra complémentaire, cette troisième-ligne a fait ses preuves individuellement, moins collectivement en raison des blessures de Gibson et des apparitions répétées de Luatua avant. A à peine 23 ans, Gibson est toujours dans les clous pour devenir le futur Sam Cane. Kaino est l’âme du club et un joueur de confiance pour Umaga mais en raison de pépins physiques il devrait être de nouveau épargné, comme avec les Blacks (il est pressenti pour Toulon d’ailleurs). Le back row remplaçant n’est pas mal non plus avec Kara Pryor, excellent joueur technique et racé, le puissant Taramai et l’espoir Papali’i qui peut pousser Gibson à se repositionner en blindside flanker. Tupou peut être une option à ce poste aussi.

A la mêlée, Augustine Pulu devient le capitaine attitré et le leader de jeu de Tana Umaga. Un pari pour un joueur exceptionnel mais qui manque de justement de confiance de la part des coachs. Les jeunes Nock (21 ans) Ruru (24 ans) sont des backups idéals. En n°10, grand chantier encore une fois. On imagine que le staff devrait privilégier un ouvreur fixe pour éviter l’irrégularité chronique de joueurs d’Auckland à ce poste ces dernières années. La venue d’Otere Black était sur le papier là pour ça mais il ne devrait faire une saison blanche cette saison après une grave blessure à la cheville. Stephan Perefota (20 ans) est considéré comme un grand espoir au pays tout comme Byrn Gatland (21 ans), le fils de vous-savez-qui. C’est le bien le premier qui a le plus de potentiel, que l’on avait pu voir à son avantage contre les Lions britanniques, pour sa première titularisation avec la franchise… Il peut exploser cette année. Sur le lot, le revenant Dan Kirkpatrick offre de l’expérience et un encadrement à ces jeunes pépites. Si Perefota ou Gatland ne séduisent pas il peut être le choix n°1. Les Blues n’ont donc toujours pas réglé le chantier au poste de n°10…

Rieko Ioane

Rieko Ioane

Au centre, grosse densité avec Sonny Bill Wiliams et George Moala, que l’on ne présentent plus. Le rookie de l’année Rieko Ioane est pressenti pour jouer centre davantage qu’ailier cette année, histoire de diversifier son jeu. C’est en tout cas ce qu’il veut, même si a été meilleur à l’aile avec les Blues. Sur le papier il est le complément idéal de SBW ou Moala, plus puissants. Les espoirs Matt Johnson (Tasman), TJ Faiane (Auckand) et Tamati Tua (Northland) ont une sérieuse option pour prendre du temps de jeu à ce poste. Des choix de riches pour Umaga…

A l’aile, Ioane et Nanai font figure d’attractions du championnat dans la peau de finisseurs supersoniques. Matt Duffie, ancien treiziste et davantage dans un registre de création, offre le complément idéal sur l’autre aile. La pépite des Baby Blacks Caleb Clarke (19 ans en mars) brûle les étapes et peut vite marcher sur les pas de Ioane… A l’arrière, Michael Collins a montré qu’il était un joueur complet mais il est possible que le staff lui préfère Perefota pour multiplier les options dans l’animation. Le n°15 en second ouvreur est une des grandes tendances du rugby kiwi ces dernières années. Jordan Trainor cherchera lui-aussi du temps de jeu.

Perspectives et pronostics

La concurrence entre les équipes Néo Zélandaises est désormais un fait accompli : elles écrasent la concurrence hors Lions et gagnent quasiment tous leurs matchs à l’extérieur, sauf quelques faux pas de temps en temps. La bonne place en playoffs (match à domicile) se joue donc à l’intérieur de la conférence néo-zed. D’autant que le format à 15 équipes augmente le nombre de derbys kiwi : fini le groupe « Océanie » et les franchises se rencontreront sur un format aller-retour, comme auparavant. Par exemple pour les Crusaders, ils joueront 8 matchs contre des équipes néo-zeds, 8 équipes étrangères pour un total de 16 matchs, le calendrier reste réduit. Les franchises kiwis auront 1 ou 2 défaites de plus par rapport à 2017 mais cela reste suffisant pour truster toutes les places de wild-card en playoffs, du moins le nombre maximum. 4 équipes kiwi, c’est maintenant la norme en playoffs. Ainsi rebelote en 2018, mise à part la concurrence des Lions, on se demande comment le titre peut échapper à la Nouvelle-Zélande.

Qui pour revoir les pas de break dance de Scott Robertson en finale du tournoi ? Certainement pas Tana Umaga ou Chris Boyd…

Qui pour revoir les pas de break dance de Scott Robertson en finale du tournoi ? Certainement pas Tana Umaga ou Chris Boyd…

Pour ce qui est de la franchise en elle-même, on peut assister à un rééquilibrage. Crusaders et Hurricanes sont clairement les grosses écuries du championnat et s’étant renforcées à l’intersaison (espoirs notamment), on voit mal comment elles pourraient passer à côté de leur saison. Ce sont les favoris de la poule. Derrière c’est très serré sur la grille de départ car les Blues sentent la poudre cette année. Ils avaient déjà un effectif très bien garni mais le recyclage avec les départs de joueurs cadres leur profite plutôt bien : la jeune garde du rugby néo-zélandais peut vite prendre le relai de la franchise avec les frères Ioane, Nanai, Perefota, Clarke, Gibson, Apisai, Nock, Tua et TJ Faiane. Ces joueurs continueront leur progression ou gagneront des places et Umaga a promis de faire le ménage. A l’inverse les Chiefs sont sur un nouveau cycle après la perte de nombreux leaders. Eux aussi ont des jeunes et surtout un superbe plan de jeu mais sans Dave Rennie les choses ne sont plus les mêmes. On aura à cœur de suivre le duo Cooper-Matson aux baguettes avec pourquoi pas des innovations, mais pourquoi changer l’excellence ? Côté Highlanders, il est possible que les Blues gagnent la rencontre aller-retour et en ce sens se positionnent n°3 de la conférence. Au final, les face-à-face entre Blues, Chiefs et Highlanders seront cruciaux pour le classement.

Mais comme souvent en Super Rugby, la compétition est autant une affaire de classement comptable que de « hiérarchie ». Et puis cela passe par un bon niveau de jeu avant tout, dans un championnat sans relégable. « Jouer pour gagner et pas pour ne pas perdre ». C’est aussi pour ça que l’on aime le Super Rugby, on suit le jeu autant que le classement et on ne tombe pas dans l’écueil du Top 14 consistant à se dire « Au fait, qui n’a pas pris 4 points ce weekend ? »… Éviter de suivre le sport à la manière des plateaux TV « Toulouse dégringole au classement et Montpellier fait la bonne opération de la journée ». Pour ce qui relève du principal à savoir le jeu, on assistera à une belle opposition de style (parfois à distance) entre le rugby de possession des Crusaders et le rugby de turnover des Hurricanes, Chiefs. Aux Blues d’exceller dans l’un ou l’autre. L’année 2018 contribuera à repousser encore un peu plus les standards du rugby professionnel et les franchises chercheront à être de plus en plus efficaces dans l’animation offensive. Chaque weekend, des petites innovations et des « gestes » se font. A vous d’avoir l’œil !

Le XV type des joueurs à suivre

On vous propose pour finir un XV des joueurs à suivre dans chaque conférence, pas forcément le XV type par définition mais une équipe de joueurs un peu moins connus, prometteurs, audacieux ou qui reviennent cette année après des blessures ou des changements de clubs. Un XV de connaisseurs si vous préférez !

1. Atunasai Moli (Chiefs) – 2. Asafo Aumua (Hurricanes) – 3. Toby Smith (Hurricanes) – 4. Vaea Fifita (Hurricanes) – 5. Jackson Hemopo (Highlanders) – 6. Brad Shields (Hurricanes) – 7. Dillon Hunt (Highlanders) – 8. Luke Jacobson (Chiefs) – 9. Augustine Pulu (Blues) – 10. Stefan Perefota (Blues) – 11. Caleb Clarke (Blues) – 12. David Havili (Crusaders) – 13. Matt Faddes (Highlanders) – 14. Matt Duffie (Blues) – 15. Will Jordan (Crusaders)


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