Le Fémina 2017 pointait le doigt vers les industriels allemands qui ont financé Hitler et ont nourri leurs usines à même la chair des camps. Le Renaudot dirige le sien vers Joseph Mangele, l’Ange de la mort, le médecin charognard d’Auschwitz-Birkenau.
Mais c’était sans compter sur Fritz Bauer (juge allemand, juif), le Mossad (services secrets israéliens) et Simon Wiesenthal, ce rescapé des camps qui fera de la chasse aux nazis sa raison de vivre. Mengele entreprend alors une fuite en avant qui n’aura de fin qu’avec sa mort.
Olivier Guez, l’auteur de ce livre passionnant, est d’abord un journaliste et un essayiste qui s’est beaucoup intéressé à cette période noire de l’Histoire et à son délire eugéniste de la race pure. Dans une œuvre fouillée, il suit son homme à la trace, fidèle aux faits connus. Cependant, comme il l’explique dans la partie consacrée aux sources et à la bibliographie (imposante) : « Certaines zones d’ombre ne seront sans doute jamais éclaircies. Seule la forme romanesque me permettait d’approcher au plus près la trajectoire macabre du médecin nazi. »
La Disparition de Josef Mangele est un livre admirablement construit et écrit. L’intérêt qu’il suscite montre bien qu’on n’en a pas fini avec la folie qui s’est emparée de l’Europe pour embraser le monde, et dont on ressent encore aujourd’hui les ondes de choc.
Olivier Guez, La Disparition de Josef Mangele, 2017, 237 pages