Jadis, un avion qui s’appelait Concorde rêvait de décoller du Nord de Nantes pour gagner les Amériques. L’aménagement d’un aéroport du grand ouest était alors dans la tête de certains politiciens et, dès 1970, le site de Notre-Dame-des-Landes était retenu par l’Oream, (l’organisme régional d’étude et d’aménagement d’aire métropolitaine), parce qu’il le vaut bien.
C’était un beau petit terrain, bien plat, terre agricole en partie sillons, jolis champs qu’évoqua Lise, une ancienne paysanne dépossédée de sa terre.
Car, en 1974, une ZAD (zone d’aménagement différé) est créée. Elle permet au conseil général de la Loire-Atlantique d’acquérir, par droit de préemption, de la réserve foncière ! Le département acquiert ainsi, jusqu’en 1988, 850 hectares sur les quelque 1.250 prévus (et qui deviendront ensuite 1.600 ha). Dura lex sed lex : la loi rate l’antique ! L’ancien décor perd une belle occasion de rester ce qu’il est.
C’est d’autant plus vrai qu’en 2000, sous le gouvernement Jospin, le projet ressort de la plus belle manière. La ministre écolo de l’époque, Mme Voynet, voit né..cessairement (sans ses errements) l’urgence de rééquilibrer territorialement l’implantation des dessertes aériennes. Pour ne pas rendre l’ouest sinistré, il semble urgent de déplacer l’aéroport de Nantes-Atlantique (créé au début des années 60) sur le site de Notre-Dame-des-Landes ».
Mais c’est surtout Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes, qui poussera à relancer cet aménagement dont il veut se faire le héraut. Il est, en effet, aux héritiers « Dumont* » peu lié.
La déclaration d’utilité publique est signée en 2008, en plein sarkozysme flamboyant, pour un aéroport qui accueillerait à terme neuf millions de passagers (pour un coût estimé à 581 millions d’euros). En 2010, l’Etat signe avec Vinci un contrat de construction et de concession du futur aéroport pour 50 ans. Couper les aulnes : art de Vinci !
Alors la révolte verte gronde. Une chaîne humaine se compose et scande « Aéroport Non ! ». On dirait actuellement #balancetonaéroport ! En 2009, un premier camp d’opposants s’installe sur les lieux, avides de militer, d’humilité en humidité (les terres le sont). Bientôt se crée la ZAD : la Zone à défendre. Le terrain devient belliqueux, ZAD y guerroie car il faut vols taire (Zadig est roi, car il faut Voltaire).
A l’automne 2012, c’est l’opération « César ». L’état tente, avec plus de 1000 gendarmes et policiers, d’évacuer les « zadistes » spécialiste de l’are ZAC (Zone à Conserver) et qu’ils veulent réduire à plat tôt en faisant sonner La Cavalerie. S’ensuit une guérilla bocagère : beaux cageots, boques âgées, bacs à joncs, sont lancés sur la tranche des représentants des forces de l’ordre. C’est la croix-ZAD visant à mettre une croix sur ce lieu de résistance et réduire à l’échec les chouans.
Mais César est contreproductif en voulant reconquérir ces ares avec tant de brutes us ! La lutte s’érige en symbole. Des soutiens viennent du monde entier pour encourager la ZAD. On ne regarde plus les rebelles comme des animaux curieux. On est loin des « ZAD : hommes à zoo » !
Le 16 novembre 2012, François Hollande réaffirme son soutien au projet et ne fait que remettre de l’huile sur le feu ! Le lendemain, une manifestation de « réoccupation » rassemble quelque 40 000 personnes dans la ZAD qui gênent Ayrault, génèrent râles ! Le premier ministre propose alors une commission de dialogue comme unique entame, communicante âme mais qui ne sert à rien.
A moult reprises, entre 2013 et 2015, le gouvernement tergiversera, attentant les décisions de justice pour lancer les travaux et permettre à Vinci, évincé, de vivre enfin lents travaux têtus avec l’entrave ôtée, tue…
En octobre 2015 des procédures d’expulsion reprennent et redoublent avec l’arrivée de Bruno Retailleau (LR) à la tête de la région des Pays de la Loire. L’homme heureux taille haut et aimerait que les bas-bas coulent.
- Otez moi ces gueux de la ZAD, lance-t-il, en voulant leur faire boire le calice jusqu’à l’hallali ! Re-taïaut, taïaut !
Ces expulsions sont confirmées en janvier 2016 par le TGI de Nantes et provoquent un regain de tensions à Notre-Dame-des-Landes ! Pour calmer le jeu François Hollande propose un référendum local.
- Si c’est oui à la question « Etes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? » alors le projet sera entériné.
En terrine est cette décision tant elle sent le pâté ! Les opposants désapprouvent le périmètre électoral retenu (le département) et la formulation de la question ! Comment en aimant autant leurrer faire un dogme ?
Il n’empêche ! La consultation a lieu et pond un 55,17 % de votes « OUI ». Donc, logiquement, l’aéroport aurait dû voir le jour mais les Zadistes n’en démordent pas et s’engouffrent dans une brèche gouvernementale : Ségolène Royal voudrait « arrêter les frais » et fait son show qui sème l’effroi chez Valls qui confirme une évacuation imminente de la ZAD !
Quand sur une case neuve se pose le remplaçant de Valls, il n’est plus question d’évacuer si ce n’est l’idée d’évacuation. Cela peut attendre ! Le nouveau premier ministre invoque un conte-en-cieux européen, une jolie fable étoilée qui vêt de l’habit du grand méchant loup l’Etat français pour sa mauvaise gestion du dossier !
Puis Macron devient Président et ravale sa position de campagne. Initialement il suivait le verdict populaire, celui du référendum. In fine, pour plaire à son Ministre Nicolas car toute situation qui sourit aime Hulot (souris et mulots ? Qu’est-ce-que cela vient foutre dans cette histoire ?). Par ailleurs, Emmanuel ne veut pas se trouver en porte à faux (de paysan) avec les engagements de la Cop 21 : l’avion ça pollue et fait qu’erre haut zen ! Lui, il a besoin d’être zen ! Pas de troubles ! Pas d’aéroport ! Il ne peut imaginer les bords d’ailes !
Notre Jupiter finit par jeter l’éponge !
Le projet tombe à l’eau : plouf ! Les Zadistes lèvent leurs verres, dans un même élan vert et crient victoire. Ayrault tique ! Retailleau pleurniche autant qu’après l’Affaire Fillon. La maire de Nantes, Johanna Rolland se demande ce que cet Etat ronce vaut et hurle à la « trahison ».
Il faudra négocier avec Vinci pour limiter les coûts de rupture de contrat car comme dirait un rocker mort : « les coûts, quand ils vous arrivent, oh oui, ça fait mal ! » et proposer d’élargir l’actuel aéroport de Nantes pour ne pas donner l’impression qu’on abandonne l’Ouest !
Et puis, il faudra engager la réallocation des parcelles agricoles. Les terres devraient revenir aux agriculteurs expropriés en 2012, contre restitution de l’argent obtenu lors de la cession. Encore faudra-t-il que les Zadistes évacuent les lieux sans broncher ! Or j’ai cru comprendre que certains n’en avaient pas l’intention et étaient prêts à en découdre avec les forces de l’ordre !
Affaire à suivre…