R-évolution. La quête des consciences, n’est-ce pas le «nous» recherché, justement? Puisque le combat n’est pas soluble dans le débat – appelons cela le pari démocratique –, comment passer de la r-évolution passive – toujours présente dans la tête de millions de nos concitoyens – à la r-évolution active, au moins la conviction que son chemin existe? D’où vient en somme le malentendu entre nos ambitions et certaines attentes? Tout ici-bas est affaire de tempo, et malheur aux intelligences qui se livrent pieds et poings liés aux renoncements. L’état de la gauche dite de «transformation» vous désole? Vous n’êtes pas les seuls. Marre des divisions, des phrases à tirer dans les coins, des présupposés appliqués mécaniquement aux uns ou aux autres, des prés carrés qui ne renvoient qu’aux actions personnelles, oubliant ou niant, précisément, cette recherche de l’intérêt général. À savoir nos idées, plus rassembleuses qu’on ne l’imagine sans doute… Le moment devrait être à la conscientisation sur le temps-long, pas aux divisions qui abrutissent le présent et ruinent toute symbolique du passé. Réclamons un peu d’altruisme, seule manière de s’armer efficacement contre les tentations contraires ou velléitaires. Au nom, finalement, d’un principe assez prosaïque : ce qui ne nous rassemble reste plus puissant que ce qui nous divise. Car le moment est historique et personne ne veut le voir: les classes puissantes, débarrassées de leur antagoniste d’héritage («ancien régime théologico-politique, privilégiés de la rente foncière, etc.») affrontent désormais leur antagoniste fondamental, celui de leur condition d’existence face à la folie de la financiarisation libérale, qui finira par les manger eux aussi. Prenons ce moment comme une chance. Et transformons le souci (du «je») en souci de la transformation (du «nous»).
[BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 19 janvier 2018.]