Le funeste projet de la SCELF prévoit de réclamer une redevance sur les lectures publiques à voix haute, d'abord à l'acte, puis finalement forfaitaire, tout en demandant la liste des œuvres trois mois à l'avance. La SCELF entend aussi faire payer les auteurs qui liraient à voix haute leurs propres œuvres. Ubuesque ! Pire même les bénévoles qui s'adonnent honteusement à la lecture en public devraient passer à la caisse. On comprend que l'affaire fait scandale comme l'illustre la pétition mise en ligne et qui a déjà recueilli près de trente mille signataires. Une mobilisation qui a contraint la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, à soutenir les frondeurs de la lecture publique au cours d'une conférence de presse sous l'insistance des journalistes.
Par contre du côté de la mairie de Paris, une des premières concernées pourtant par la tentative de racket de la SCELF, c'est silence radio !
L'adjoint à la culture de la première ville de la cinquième puissance mondiale et aussi du plus grand réseau de lecture publique n'a pas jugé utile de se positionner sur un sujet qui remet en cause la raison d'être des bibliothèques : diffuser la culture et rester un des rares lieux non-marchands de partage des biens culturels. On attend donc la réaction de Bruno Julliard et qu'il use de son influence pour que le droit de conter sans compter soit inscrit dans la loi. Les bibliothèques sont un acteur majeur de la chaîne du livre, participent à la reconnaissance des œuvres littéraires, et reversent déjà des droits de prêt, il est donc hors de question qu'elles soient mises encore plus à contribution.
Hasard du calendrier : ce samedi est programmé dans tout le pays une « Nuit de la lecture ». Les bibliothécaires devront-il la faire à voix basse ? En tout cas certains ont déjà prévu de le faire pour alerter le public et protester contre le racket envisagé par la SCELF.
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