Si le premier tome revenait sur le passé d’Antoine, que le second mettait Pierrot à l’honneur et que le précédent s’intéressait d’un peu plus près à Mimile, celui-ci permet d’en apprendre un peu plus sur le célibat de Sophie, la petite fille d’Antoine. Cette dernière rentre d’ailleurs au bercail après une tournée d’été pour son spectacle de marionnettes le « Loup en Slip » et retrouve son charmant petit village en pleine agitation. Le projet d’extension de l’entreprise Garan-Servier, censé relancer l’économie de la région, semble en effet compromis à cause de la présence d’une espèce de sauterelle protégée dans les champs de Berthe : la magicienne dentelée !
Les ingrédients qui ont fait le grand succès des tomes précédents sont à nouveau présents : des dialogues finement ciselés et particulièrement truculents, un enchaînement de situations cocasses qui mettent en avant des seniors qui refusent d’abdiquer et des personnages hauts en couleurs et terriblement attachants. Outre Sophie, Antoine, Pierrot, Berthe et Mimile qui se la coule initialement douce en Ecosse, le lecteur a droit à quelques nouveaux personnages, dont un jeune homme séduisant qui semble plaire à Sophie. Ce tome permet d’ailleurs de lever le voile sur certains secrets concernant la petite-fille d’Antoine, notamment les problèmes avec son père ou l’identité du géniteur de sa fille, Juliette.
En se reposant sur les vaillants représentants de cette génération soixante-huitarde dont l’engagement syndical est parfaitement exploité, Wilfrid Lupano parvient également à pointer du doigt quelques dérives du monde dans lequel nous vivons, tel que les déserts médicaux ou le vieillissement des campagnes. De médecins roumains à Game of Thrones, en passant par l’absence de wifi, l’auteur nous immisce avec beaucoup d’humour au cœur des problèmes ruraux, allant du chômage à la préservation de l’environnement. Le lecteur a donc de nouveau droit à une belle brochette de vieux qui conservent une pêche d’enfer et à de multiples intrigues qui s’entremêlent avec brio.
Si les répliques des différents protagonistes sont souvent à mourir de rire, l’aspect légèrement caricatural du dessin semi-réaliste de Paul Cauuet contribue également à l’expressivité de ces personnages extrêmement attachants et foncièrement humains. Le dessinateur avait déjà travaillé sur « L’Honneur des Tzarom » avec Wilfrid Lupano et livre une nouvelle fois de l’excellent boulot en proposant des planches débordantes de vie malgré l’âge avancé des protagonistes.
Notons également que cette saga est en cours d’adaptation cinématographique, avec Wilfrid Lupano au scénario et Pierre Richard, Roland Giraud et Eddy Mitchell comme petits vieux !
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