Lorsqu'un nourrisson rampe, à 4 pattes, la matière particulaire biologique (" bioPM ") en suspension sur les sols et les tapis prend son envol sous forme de nuage et l'exposition par inhalation de l'enfant est à la fois très élevée et associée à des effets sur la santé. Cette recherche de la Purdue University (Indiana) sur l'exposition par inhalation chez le nourrisson mais aussi l'adulte montre dans la revue, que ces expositions 20 fois plus élevées que l'exposition habituelle agissent à la fois pour stimuler et défier le système immunitaire.
Les bébés humains sont les seuls mammifères qui ne sont pas capables de marcher peu après leur naissance. Au fur et à mesure de son développement, le bébé roule, glisse et rampe sur le sol, et ses mouvements soulèvent de plus en plus de particules dans l'air, alors que sa bouche et ses narines sont au ras du sol où les concentrations sont les plus élevées. Ces niveaux élevés de saleté, de cellules cutanées, de bactéries, de pollen et de spores fongiques, qui viennent d'être mesurés par les chercheurs entraînent une dose inhalée de matière particulaire biologique dans les poumons du bébé jusqu'à 4 fois plus importante par kilogramme de masse corporelle vs l'adulte qui marche sur le même sol.
Lorsque l'équipe suit ici en temps réel, les particules biologiques flottant dans l'air autour du nourrisson, grâce à des instruments de pointe à lasers. Elle constate qu'un véritable nuage concentré de particules remises en suspension va se former autour du bébé et que la concentration de particules peut s'en trouver multipliée par 20 entraînant également des niveaux de pollution plus élevés de l'air intérieur de l'ensemble de la pièce. Car ce phénomène de remise en suspension de la poussière du plancher est un processus dynamique et une source majeure de pollution de l'air intérieur.
Le corps du bébé n'est pas équipé pour bloquer cette tempête de poussière : si chez l'adulte, une partie importante des particules biologiques est éliminée dans les voies respiratoires supérieures, dans les narines et la gorge, chez les très jeunes enfants qui respirent plus souvent par la bouche, une fraction importante de la " poussière " se dépose dans les voies respiratoires inférieures et les particules atteignent les zones plus profondes de leurs poumons.
Effet nocif ou protecteur ? L'exposition " moyenne ", par inhalation, aux microbes et aux allergènes de la poussière intérieure a déjà été associée à la fois à des effets nocifs et protecteurs sur la santé. Ainsi, ici même si la dose est 4 fois plus élevée pour ces bébés à 4 pattes, les auteurs n'y voient pas forcément " une mauvaise chose " : " Nous nous intéressons au matériel biologique que le nourrisson inhale, en particulier pendant sa première année de vie. Or de nombreuses études ont montré que l'exposition à une grande diversité de particules biologiques peut réduire la prévalence de l'asthme et des allergies plus tard dans la vie ". Les auteurs reviennent sur " l'hypothèse de l'hygiène ", selon laquelle un environnement trop propre peut inhiber le développement du système immunitaire : " L'exposition à certaines espèces bactériennes et fongiques peut entraîner le développement de l'asthme, mais de nombreuses études ont montré que l'exposition du nourrisson à une très grande diversité de microbes, à concentration élevée, réduit le risque d'asthme et d'allergies plus tard dans la vie ".
Bref, ces travaux mesurent l'exposition microbienne des nourrissons mais en révèlent peu sur le rôle des microbes et des allergènes de l'air intérieur sur la santé des jeunes enfants.Équipe de rédaction Santélog