Hello à tous!
Je suis ravie de partager avec vous les échanges qu’Ide ma co-lectrice, et moi, avons eus avec Dorothy Aubert et Marie Trébaol, les deux super-méga-chouettes éditrices de Belleville Editions, à qui on doit Sainte Caboche, le livre des abonnements de décembre.
C’est toujours une joie de partager avec vous des belles histoires, mais encore plus quand derrière se cache un travail de passionné comme avec Belleville Editions.
Je vous donne un exemple. Quand j’ai feuilleté pour la première fois Sainte Caboche, je n’ai pu m’empêcher d’admirer les petits détails qui donnent juste un énorme sourire aux lèvres. Les remerciements aux auteurs des typos open source qu’elles ont utilisées. Leur présentation de la maison d’édition dans les premières pages. Les adorables dessins au tampon brésilien , qui plongent tout de suite dans une ambiance de conte… Et je suis certaine que vous en avez vus plein d’autres en parcourant Sainte Caboche :)
Mais il y avait aussi plein de petites choses que je n’aurais perçues si elles n’avaient pas attiré mon attention dessus. Le fait par exemple que les marges des pages sont assez larges pour laisser la place à nos doigts sans que ça mange le texte, pour notre confort de lecteur (et si vous vous amusez à comparer, vous verrez que ces marges sont bien plus larges que nombre d’autres livres de poche ^^).
Le petit maneki neko, mascotte de leur maison, qui se balade sur la tranche d’un de leurs précédents ouvrages. La présence sur leur premier livre d’une carte de métro (clin d’oeil à Belleville et leur implantation dans Paris), dont les noms des stations ont été remplacés par les noms des personnes qui ont contribué au financement participatif de leur maison d’édition.
Autant de chouettes attentions qui témoignent de la passion et du soin que ces nanas ont pour leurs ouvrages, qui donnent envie d’en savoir plus sur leur travail… Et sur elles, bien entendu!
Retraçons l’histoire. Dorothy et Marie se sont rencontrées lorqu’elles travaillaient chez un autre éditeur, en 2011. De collègues, elles sont devenues de très bonnes amies : elles avaient en commun cette passion pour la littérature bien entendu, mais aussi des valeurs, une certaine façon de travailler et une certaine vision du métier. Et un jour qu’elles prenaient une bière au bord du canal Saint-Martin (cadre on ne peut plus propice à toutes les créations de projet ^^), elles se sont dit « allez, on se lance ». Ça a donné Belleville Editions, une maison d’édition qui porte une « littérature d’ailleurs, populaire et connectée ». Populaire dans le sens qui parle du peuple, des petites gens, des minorités, des femmes… Mais aussi une littérature qui sort hors des sentiers battus et qu’elles vont chercher directement dans le pays d’origine, au Brésil pour Sainte Caboche, mais aussi en Turquie ou en Egypte, un peu comme des chercheuses de pépites d’or… Mais littéraires :)
Elles y travaillent le soir et le week-end, en parallèle de leurs postes respectifs dans l’édition, sans (encore) pouvoir se rémunérer. Mais elles ont le bonheur de partager des textes et des auteurs qui leur tiennent à coeur, le plaisir aussi d’apprendre en faisant, d’être à toutes les étapes d’un livre, de la fabrication au juridique en passant par les relations presse. C’est évidemment beaucoup d’énergie, de longues semaines de travail, beaucoup de sacrifices aussi sur le plan personnel nous ont-elles raconté, mais elles peuvent faire de l’édition comme elles le souhaitent. En partageant des textes d’auteurs étrangers qui font voyager et découvrir une culture, tout en ayant des relations profondes et harmonieuses avec leurs collaborateurs le long de la chaîne du livre, du traducteur à l’imprimeur en passant par le transporteur.
Le concept de leur maison d’édition ? Proposer une littérature étrangère accessible à tous, qui parle de la culture et des spécificités d’un pays, sans jamais que le texte ne soit jamais édulcoré ou lissé. D’où leur idée des notes connectées, des notes de bas de page qui renvoient vers des pages de leur site avec des articles, des vidéos, des photos permettant de contextualiser l’histoire. Par exemple, dans Le royaume de Sasha Kozak, de l’auteur moldave Iulian Ciocan, elles y expliquent l’alphabet turc, recontextualisent des éléments assez précis de la politique locale, au point que des gens leur ont déjà dit qu’ils étaient épatés de voir leur niveau de connaissance élevé en politique moldave :D Autant de clés qui restent une simple option de lecture (on peut évidemment très bien lire le texte sans fouiller dans les notes!), mais qui permettent d’approfondir et de mieux comprendre le livre, de percevoir aussi toute la richesse et les subtilités culturelles d’un texte.
Les auteurs participent aussi parfois à ces notes connectées avec des articles et des photos spontanées et pleines de surprises. Par exemple, Iulian Ciocan a fait des photos pour mieux se rendre compte du paysage de son livre… Des photos qu’il n’a pas cherché à embellir ou quoi que ce que soit, mais touchantes et pleines de tendresse, qui montrent de manière spontanée des lieux de son roman.
Pour Sainte Caboche, Socorro Acioli a écrit un texte sur la tête de Saint-Antoine, qui existe vraiment. Vous retrouverez aussi plein d’articles sur le site de Belleville éditions avec les personnes qui ont fait le livre, de son traducteur, Régis de Sa Moreira, à son illustrateur, Fernando Chamarelli.
Avec leurs notes connectées, mais aussi tous les autres textes explicatifs dans le livre et sur le site, elles espèrent ainsi gommer les possibles réticences de lecteurs qui n’oseraient pas lire de la littérature étrangère, les rassurer et les décomplexer face à une littérature d’ailleurs qui peut par ailleurs intimider.
Mais c’est aussi le moyen pour elles de retranscrire l’univers qu’elles ont découvert en allant dans le pays de chaque livre, de partager un peu avec les lecteurs les voyages qu’elles ont faits.
On redonne la parole à Marie et Dorothy pour la suite ? :)
Comment avez-vous découvert Sainte-Caboche ?
Les livres que nous publions sont le fruit de nos voyages et des rencontres qu’on y fait… Et sont aussi affaire d’un peu de chance!
Pour Le royaume de Sasha Kozak, on a lu un recueil de nouvelles à un festival de lecture en Moldavie, qui contenait une de ses nouvelles qui nous a beaucoup plu. Le recueil a donné le roman. Ceci dit, on n’a rencontré l’auteur que très récemment, lors du salon du Livre de Paris de cette année, 2 semaines avant que paraisse le livre!
Pour Sainte Caboche, c’est en discutant avec un libraire au Brésil qu’on a découvert le texte.
Tous nos livres naissent des voyages que nous faisons. Nous allons dans un pays, et on reste longtemps sur place pour pouvoir rencontrer et de discuter avec des gens : des libraires, des éditeurs, des traducteurs, des journalistes, des blogueurs… Il n’y a pas qu’un seul chemin pour arriver à un livre! On a des souvenirs de soirées entières passées avec des personnes, pour discuter du livre, affiner, dialoguer. Cela nous permet de trouver des textes véritablement originaux, des voix contemporaines qui ont une certaine vision de leur culture et de leur pays. Beaucoup de livres brésiliens qui paraissent en France parlent de Sao Paulo ou de Rio, mais peu du Nordeste ou de la campagne. C’est aussi ça qui nous a plu, pouvoir publier un texte qui parle d’une région qui n’est pas très présente dans la littérature traduite ici.
Et vous allez dans n’importe quel pays ?
On n’a pas de limites! Même si on a quand même une préférence pour les pays où il fait chaud :)
En fait, on n’a pas de stratégie particulière. On voyage, on se fait plaisir, c’est ça notre stratégie! Et même si on ne roule pas sur l’or, si ça nous suffit pour financer les prochains livres et partager de belles histoires, ça nous suffit.
Combien de temps a pris la publication de Sainte Caboche ?
On a découvert Sainte Caboche en 2014, et le livre a été publié en mars 2017, donc ça a quand même pris trois ans!
En fait, on avait trouvé les livres avant d’avoir créé la maison d’édition. Peut-être que d’autres font l’inverse, en fait, je crois que c’est souvent l’inverse qui se passe. Mais on a trouvé nos quatre premiers romans et c’est après qu’on s’est lancé dans la création de l’entreprise. Ça nous a pris du temps : c’est là qu’on voit qu’il y a une réelle amitié littéraire entre les auteurs et nous. Ils auraient pu signer les droits avec d’autres maisons, Soccoro Acioli avait même eu des propositions, mais ils sont restés avec nous.
On a publié notre premier livre, La coiffure de la mariée en 2015, puis les trois autres quasiment à la chaîne en 2017 : Sainte Caboche en mars, Le royaume de Sasha Kozak en avril et Taksim moonwalk en mai. C’était assez intense!
Quels livres conseillerez-vous aux abonnés ?
Marie : Les Cavaliers de Joseph Kessel. C’est le premier roman qui m’ait vraiment fait voyager, la langue m’a fascinée… C’est la lecture qui m’a donné ma passion pour la littérature. Je le conseille depuis plus de vingt ans maintenant, et il plait toujours!
Dorothy : Chômage Monstre, d’Antoine Mouton. C’est un livre de poésie sur le travail, d’habitude je ne lis pas vraiment de littérature de ce style, mais là je me suis régalée, c’est vraiment un texte savoureux, édité en plus par une chouette maison d’édition, La Contre-Allée.
Et pour ceux qui ont aimé Sainte Caboche, je recommanderais Théorie Générale de L’Oubli de Jose Eduardo Agualusa, un texte très épuré, au style très simple et très efficace, et qui fait aussi beaucoup voyager!
Merci à Marie et Dorothy pour leur enthousiasme littéraire et d’avoir eu la gentillesse de répondre à nos questions, un soir de décembre autour d’une bière… :)
Leurs prochaines nouveautés ? Deux romans turcs, Une drôle de femme de Leylâ Erbil et Ne tournez pas la page de Seray Sahiner (parution Mars 2018)
A partir du 24 janvier 2018, retrouvez également un concours sur nos réseaux sociaux pour gagner un super lot Belleville Editions.
Rendez-vous sur Facebook et Instagram et Twitter :)
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Et si vous avez manqué l’abonnement de décembre 2017 avec Sainte Caboche, retrouvez-le ici!
Abonnement Plaisir de Lecture (1 livre et des surprises) 17.40 €
L’abonnement Bonheur de Lecture (3 livres et des surprises) 31.40 €