" Un autre monstre sacré, au théâtre (Ionesco), à la télévision ( d'après Hervé Bazin) et au cinéma ( ), qui avait une solide réputation, c'était Alice Sapritch. Je lui avais téléphoné pour qu'elle vienne à Bruxelles et elle m'avait répondu que le mieux était que j'aille lui expliquer tout ça chez elle, lors d'un de mes séjours à Paris.
J'y suis donc allé. Je sonnai à la porte de son appartement et c'est elle qui vint m'ouvrir. Elle, pas vraiment belle, mais dont se dégageait une telle aura de star que cela n'avait aucune importance. Sa voix ! Tout ce qu'elle a incarné comme rôles, de la gloire à l'autodérision, tout cela l'enrobait et la rendait quasi mythique. Le hall d'entrée donnait sur deux portes latérales et au fond sur un très grand living. Nous nous sommes arrêtés à l'entrée de cette pièce. Dans les fauteuils et les divans, de beaux jeunes gens bavardaient. On y servait du thé, des petits fours et on papotait beaucoup. Alors Alice Sapritch se tourna vers moi et dit : " Il y a beaucoup de monde ici, le mieux serait qu'on discute ailleurs. " Elle retourna dans le couloir et ouvrit la porte de sa chambre. A l'intérieur, il n'y avait qu'un très grand lit prenant toute la place. Je me suis entendu lui dire : " Alors c'est vrai ce qu'on raconte sur vous, vous êtes une mangeuse d'hommes et tout le monde passe par votre chambre ! " Elle me regarda un moment sans réagir. Puis, elle éclata de rire et dit : " Allons dans le salon ! " Elle fit déguerpir tous ses invités et nous avons bavardé comme de vieux amis ! Elle est venue ensuite honorer ma demande et nous avons passé quatre heures magiques à l'écouter raconter sur antenne ses souvenirs ! "