Revenons aux collections océaniennes du musée d’ethnographie de Vienne : l’histoire des objets issus des voyages de Cook dans les collections de ce musée est, là encore, difficile à tracer. Certes, une base importante a bien été acquise à la vente du Leverian Museum de 1806 ; le baron Leopold von Fichtel disposait alors de la coquette somme de 18000 florins en vue des acquisitions pour l'empereur Franz I. Mais la numérotation du musée des quelques 230 lots acquis n’a aucune logique face à celle du catalogue de vente.
Stockés lorsqu'ils sont arrivés de Londres, les objets furent par la suite classés mais les numérotations existantes furent perturbées.
Ainsi entre 1818 et 1820, Carl Franz Ritter von Schreibers, alors directeur des collections impériales d’Histoire Naturelle, adopta un classement par types d’artefacts surajoutant au classement Fichtel.
Puis, en 1877 un nouvel inventaire fut établi lorsque la collection entra dans celles du récent Musée d'Histoire Naturelle de la Cour, sous la direction de Ferdinand von Hochstetter.
Un nouvel ensemble de numéros fut attribué en 1885 lorsque les objets ethnographiques furent séparés des objets préhistoriques, classés en régions et "tribus".
En 1928, le "Musée d'Ethnologie" fut officiellement ouvert, mais les collections bougèrent encore pendant la guerre afin d'être mises à l'abri.
Dans l’ouvrage Polynesier. Vikinger der Südsee. Katalog zur gleichnamigen Ausste ung des Museums für Völkerkunde Wien daté de 1992, il est dénombré 189 objets du Pacifique Sud provenant des expéditions Cook : 68 d’Hawaii, 20 de Nouvelle-Zélande, 39 de Tahiti et 62 des Tonga.
A. Kaeppler et Christian Feest qui fut le directeur du Museum de Vienne entre 2004 et 2010, s’attaquèrent à ce problème (Kaeppler A. L., 2011, Holophusicon. The Leverian Museum. An Eighteenth-Century English Institution of Science, Curiosity, and Art).
Les identifications et le « traçage » des objets sont parfois facilités lorsqu’il existe des illustrations à l’appui : les aquarelles et dessins que Sarah Stone réalisa dans les années 1780 sont ainsi réellement précieux (Cf. Force Maryanne & Roland, 1968, Art and artifacts of the 18th century : objects in the Leverian Museum as painted by Sarah Stone). Ainsi peut-on voir dessinée la cape hawaïenne dans les collections de Vienne (ci-dessus), achetée par Fichtel pour 4 shillings : elle porte les numéros Fichtel 52, Schreibers 175 et un dernier numéro 180 !
Les collections comportent des pièces remarquables : Provenant d’Hawaii, on notera ainsi la présence d'un temple miniature réalisé à partir de plumes rouges d’’i’iwi et de plumes jaunes d’’o’o et dont la petite porte est surmontée d’écaille de tortue ; un objet dédié probablement aux cultes. Il existe encore une impressionnante effigie en plumes, probablement une image de divinité destinée à être portée en procession. Des Tonga on remarquera la petite figure féminine en ivoire de cachalot (ci-dessus), une amulette portée en pendentif, semblable à l’exemplaire du British Museum (cette dernière étant issue de la collection Oldman 1954.Oc.2.1).
Mais les collections Cook ne sont pas le seul intérêt pour les collections océaniennes dans ce musée qui vient de réouvrir (et que nous allons découvrir au printemps prochain dans le cadre des voyages Détours des Mondes) ; elles ont été à la fin du XIXème siècle notablement enrichies par l’apport d’Andreas Reischek, un naturaliste qui a voyagé en Nouvelle-Zélande de 1877 à 1889, faisant don au musée en 1891 de 467 artefacts maoris.
à suivre...
Photo 1 : Cape d’Hawaii © Weltmuseum Vienne 180.
Photo 2 : Planche de deux capes d’Hawaii © Sarah Stone.
Photo 3 : Amulette des Tonga © Weltmuseum Vienne 146.
Photo 4 : Temple emplumé d’Hawaii © Weltmuseum Vienne 203.
Photo 5 : Masque Aigle, Nootka Sound © Weltmuseum Vienne 222