Huncho Jack (Travis Scott & Quavo) « Huncho Jack, Jack Huncho » @@½
Sagittarius Laisser un commentaireLes projets collaboratifs entre artistes rap ou r&b, c’est devenu monnaie courante. Autrefois réservé au milieu underground et/ou indépendant, la donne au début des années 2010, quand Nas & Damian Marley ou Jay-Z et Kanye West avec Watch the Throne ont donné le déclic. Maintenant des noms signés en major, des artistes très hype peuvent se permettre de coopérer plus facilement que par le passé, de manière plus spontanée, et les labels et maisons de disque suivent derrière ainsi que les plateformes digitales. Parfait exemple, What A Time To Be Alive de Drake et Future qui est devenu une référence instantanée. Plus récemment on a eu droit à Without Warning de 21 Savage, Offset et Metro Boomin, ou encore Nightmare on Elm Street de Fabolous & Jadakiss, pour ne citer qu’eux. Au tour d’un autre projet au buzz bien alimenté, Jack Huncho de Travis Scott et Quavo, qui a eu le luxe de déclasser REVIVAL d’Eminem au Billboard américain.
Oh, ça démarre par sample de « Cigarettes & Coffe » d’Otis Redding sur « Modern Slavery« . Un sample de soul, quelle originalité! C’est l’unique « surprise » réservée par notre néo-tandem. Une fois qu’on a écouté les deux premiers morceaux, il faut s’attendre à ce que tous les autres qui suivent un schéma identique. Travis et Quavo additionnent très simplement leurs couplets en mode 1+1, ce qui ne donne aucune idée d’une réelle complicité et renforce ce sentiment d’avoir affaire à des copier-coller successifs. Avec double volume de lean, double injection d’autotune, double dose d’adlibs (LIT! SMASH! SKRT SKRT! STRAIGHT UP!) et double couche de bling-bling, swag et grosses liasses.
Sur Huncho Jack, Jack Huncho, n’attendez rien d’autre qu’une grosse poignée de producteurs trap habituels (Cardo, C4, Murda Beatz, Cubeatz, Frank Dukes, Vinylz, Southside, Mike Dean, TM88, Buddah Bless et Travis himself), qui se mettent parfois à quatre (pas « en quatre ») sur un instru pas incroyable, pour un résultat global pas assez varié. Manquait plus qu’une tonne de feats mais ça se limite qu’aux deux autres membres des migos. C’est bien de faire des projets collaboratifs en un minimum de temps pour battre le fer tant qu’il est chaud mais c’est bien mieux quand tout le monde est inspiré et sort de sa zone de confort. Ce qui n’est pas le cas avec Huncho Jack, Jack Huncho. « Swag on repeat » dit Quavo sur « Saint Laurent Mask« , c’est bien ça le problème : trop répétitif. Alors que ce n’est qu’à partir de cette track 9 qu’on s’éloigne de la norme trap à laquelle ils ont chacun grandement contribué à leur manière depuis 2015, voire le treizième titre « Best Man« . Trop tard, c’est déjà la fin de l’album. Arg et c’était quoi cette mauvaise idée de mettre des larsen sur « Moon Rock« ?
On était en droit de s’attendre à un rendu bien plus original, plus essentiel de la part de rappeurs qui se veulent les fleurons du rap contemporain, et non un projet ultra-convenu, hyper prévisible et pas du tout inoubliable. Ce qui justifie la sévérité de la note (en tant normal j’aurai été plus clément). Cette première instance des Huncho Jack conçu pour la hype et rien d’autre ne se conserve que quelques jours après ouverture. Eventuellement peut servir en musique de fond.