Titre : Tango, T1 : Un océan de pierres
Scénariste : Philippe Xavier & Matz
Dessinateur : Philippe Xavier
Parution : Novembre 2017
Un océan de pierre… Voilà le titre du premier tome de Tango. Tout un programme ! La couverture de l’ouvrage écrit par Philippe Xavier et Matz nous présente un homme appuyé sur un vieux camion au milieu de nulle part. Le décor justifie sans mal le titre de cet opus. Pour accentuer la dramaturgie dégagée, l’homme possède un révolver dans la main. Il semble attendre… Cette attente est-elle voulue ou subie ? Je suppose que la lecture nous éclairera sur ce point… Je me rends compte que j’ai oublié de vous préciser qu’il est accompagné d’un adolescent qui trône sur le toit du véhicule. Quel est leur lien ? Mystère… Bref, il est temps de se plonger dans la lecture pour en savoir davantage.
Une aura vite démystifiée.
La quatrième de couverture nous apprend que Tango est le nom du héros avec les mots suivants : « John Tango se croit à l’abri, dans son coin perdu de la Cordillère des Andes. Il a refait sa vie. Mais là comme ailleurs, tout le monde a ses secrets. Quand des hommes armés viennent agresser ses voisins et amis, Tango intervient et déclenche une succession d’événements imprévisibles. Après tout, quatre ans de tranquillité, c’était déjà pas mal… »
Le héros est donc pourvu d’un passé plein de zones d’ombre. Son immersion dans cette zone isolée et inconnue aurait donc pour but de laisser dans l’ombre ce qui était déjà. Tango est donc entouré d’une aura mystérieuse qui éveille naturellement la curiosité du lecteur. De plus, son charisme évident ne fait qu’amplifier ce sentiment. Ses premiers pas répondent à certains clichés. Il a su séduire la plus jolie femme du village, il se montre attentionné avec un ado du coin, il est chaleureux avec les autochtones. Tous les items de la volonté d’insertion sans faire de bruit sont cochés. Évidemment, cela ne dure pas…
Le fait que cet album soit un premier tome sous-entend qu’il n’y en aura d’autres. Cet état de fait couplé au fait que le titre de la série porte le nom du héros sous-entend que la trame principale de l’ensemble se construira autour du personnage principal. Après avoir découvert les premières pages, je m’étais dit que le passé de Tango allait rester longtemps nébuleux, que les auteurs nous en offriraient quelques bribes à l’occasion. Quelle ne fut pas ma surprise de voir quasiment tout le pédigrée du beau brun ténébreux conté dans le dernier tiers de l’ouvrage ! Je dois avouer que cela s’avéra même décevant. A quoi bon construire un grand mystère si c’est pour voir le château de cartes s’effondrer si rapidement ? Ce choix scénaristique est pour le moins surprenant de mon point de vue. Disons qu’il serait plus logique si cet opus était un one shot. A priori, ce n’est pas ce qui est prévu… Peut-être que Un océan de pierre est un prologue dont le but est de nous présenter Tango et que les prochains épisodes lui feront prendre un autre chemin…
L’intrigue en elle-même est assez linéaire. Elle se découvre sans difficulté. Je lui reproche un petit manque de rebondissements. Alors que les jalons posés entourent la situation de mystère, la narration n’entretient pas cette atmosphère initiale. Les zones d’ombre sont rapidement éclairées chacune à leur tour. J’ai trouvé cela dommage. J’avais supposé et j’espérais une lecture plus nerveuse et plus dense. Néanmoins, l’ouvrage se lit avec plaisir et permet de passer un moment agréable. Mais je dois bien dire également que j’ai rapidement oublié les enjeux scénaristiques une fois l’album terminé.
Le dessin de Philippe Xavier est de bonne qualité. Il accompagne parfaitement l’histoire. Les décors sont dépaysants et les personnages sont très facilement identifiables. Son style classique s’accouple parfaitement avec le déroulement tranquille de l’intrigue. Il confirme que Un océan de pierre est un ouvrage sérieux mais sans aspérité particulière. Néanmoins, je reste curieux de savoir la voie que décideront d’emprunter les auteurs dans la suite des aventures de Tango. Je jetterai donc un coup d’œil intéressé au prochain opus de Tango. Mais cela est une autre histoire…