Un amour passionné, total, absolu unit dès lors les deux écrivains, qui ne passera pas par la case 'mariage" Quand ils ne se retrouvent à Paris - en l'appartement de la rue Verneuil, où vit Dominique Rolin - ou à Venise, les amoureux s'écrivent. Leur riche correspondance, entre 1958 et 2008, s'élève à des milliers de lettres - il leur arrivait de s'écrire plusieurs fois sur une même journée, après ..échanges téléphoniques. Elle fut acquise en 2013 par la Fondation (belge) Roi Baudouin et fait l'objet d'une édition prévue en trois volumes, auprès des éditions Gallimard.
Le premier volet de cette trilogie rassemble 256 lettres écrites de la plume de Philippe Sollers, entre 1958 et 1980. On peut regretter le parti-pris de sens unique, attendre avec ferveur le volume suivant qui contiendra les lettres de Dominique Rolin, mais il faut admettre que cette dernière est déjà présente en filigranes, attributaire d'un amour incandescent, vital dans le chef de Philippe Sollers.
" (...)il n'y a que toi qui me retienne de ce côté-ci de la vie " s'exclame-t-il fin février 1962
Présente en filigranes aussi dans les réactions "sollersiennes" à ses lettres, dans leurs échanges intellectuels, et dans la construction de l'esthétique que l'écrivain expose à son âme soeur. Et c'est là un grand intérêt du recueil, que de voir Philippe Sollers affirmer ses positions, ses postures d'écrivain, à la veille, notamment, de publier Le Drame, lui dédié.
" Tu ne peux pas savoir combien et à quel point je t'aime. C'est effrayant".
C'est assez exaltant...
A Elter
Philippe Sollers - Lettres à Dominique Rolin 1958-1980 - Edition établie, présentée et annotée par Frans De Haes, Ed. Gallimard avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin, oct. 2017, 392 pp