Claude Monet, le plus célèbre des peintres impressionnistes,
fut aussi le plus secret de leurs collectionneurs. A l'exception
de ses estampes japonaises, on ignore les chefs-d'oeuvre qu'il
a réunis tout au long de sa vie. Ils constituent pourtant
le panthéon artistique et sentimental du maître de Giverny.
C'est un ensemble aussi rare qu'exceptionnel, qu'il ne montrait
qu'à ses amis proches.
Légataire universel du fils du peintre, dépositaire du premier
fonds mondial d'oeuvres de Claude Monet ainsi que de
certaines oeuvres de ses amis, le musée Marmottan Monet
a entrepris de reconstituer la collection personnelle
du chef de file de l'impressionnisme.
En partie dispersée à sa mort et tombée depuis dans l'oubli,
il aura fallu mener une étude approfondie - digne d'une enquête
policière - pour reconstituer cet ensemble disparu
et établir la date et les circonstances dans lesquelles peintures,
dessins, sculptures entrèrent à Giverny.
L'exposition présente une centaine d'oeuvres provenant
du musée Marmottan Monet, mais aussi des Etats-Unis,
d'Amérique Latine, du Japon et d'Europe.
Le Moma, Le Metropolitan Museum de New York,
la National Gallery de Washington, les musées de Houston,
de San Francisco, de Saint-Louis, le Musée de Sao Paulo,
le Musée National d'art occidental et le Sompo Museum à Tokyo,
La Staatsgalerie de Stuttgart, le musée de Langmatt à Baden,
le musée d'Orsay et le musée Rodin à Paris ainsi que plusieurs
collections particulières ont prêté certains de leurs fleurons.
On retrouve Delacroix, Corot, Boudin, Jongkind, Manet,
Renoir, Caillebotte, Cézanne, Morisot, Pissarro, Rodin, Signac et Toulouse-Lautrec. Au-delà de ses grands noms,
Monet nous fait découvrir d'autres talents :
Paul Baudry, Carolus-Duran, Jules Chéret, Henri Fantin-Latour,
Jean-Louis Forain, Constantin Guys, Jean-Jacques Henner,
Charles Lhullier, Georges Manzana et Lucien Pissarro
(deux des fils de Camille Pissarro), Gilbert de Séverac.
Le parcours retrace l'histoire inconnue de la collection
et les différentes phases de sa constitution.
Durant sa jeunesse, Monet, sans le sou, ne peut acquérir
d'oeuvre d'art. Les peintures qu'il réunit sont avant tout
des cadeaux : des portraits de lui et de sa première épouse,
Camille peints par ses proches durant leurs années de
compagnonnage. Une imposante toile de Manet représentant le
couple dans le bateau-atelier connu sous le titre Monet
peignant dans son atelier (Stuttgart, Staatsgalerie)
est au coeur de cette section qui compte de nombreuses
toiles de Renoir dont Madame Monet et son fils au jardin
(National Gallery, Washington). Vient ensuite le temps des échanges et de la reconnaissance mutuelle.
A Rodin, Monet offre une toile de Belle-Ile contre un
bronze : Jeune mère à la grotte (Musée Marmottan Monet).
Le peintre possède également deux plâtres dont Bacchantes
s'enlaçant dédicacée sur la base :
" Au grand maître C. Monet, son ami Rodin " (collection particulière),
l'une des découvertes de l'exposition, présentée pour la première
fois au public.Dans cette section, sont également montrées
les oeuvres de Caillebotte et de Berthe Morisot.
Si certaines sont offertes par leur auteur de leur vivant
au maître d'autres tels Chrysanthèmes de Caillebotte
(Paris, musée Marmottan Monet) et de Julie et Laërte de
Berthe Morisot (Paris, musée Marmottan Monet) sont
reçues par le peintre en souvenir de ses amis défunts.
Dorénavant Monet porte le plus grand intérêt aux oeuvres
qui enrichissent sa collection. Il les sélectionne avec attention.
C'est le cas de Paysannes plantant des rames (Sheffield Museum)
de Pissarro que son auteur destinait aux musées nationaux
et que Monet choisit en remerciement de l'aide apportée
à son ami pour l'achat de sa maison.
A partir des années 1890, la situation financière de Monet
s'améliore. L'artiste achète de nombreuses oeuvres d'art.
C'est le moment où il acquiert des souvenirs de ses prédécesseurs :
aquarelles, pastels, dessins et peintures parmi lesquelles
il faut citer Corot " Ariccia, Palais Chigi " (musée Langmatt)
et " Rue en Avignon " de Jongkind (Paris, musée Marmottan Monet).
Monet se fournit auprès des marchands de Renoir et de
Cézanne qui sont les deux artistes les mieux représentés de
sa collection. Il débourse d'importantes sommes pour Baigneuse
assise (Metroplitan Museum, New York) et Mosquée.
Fête arabe (musée d'Orsay, Paris) de Renoir. Parmi les nombreux
Cézanne qu'il emporte, citons l'un de ses plus grands chefs-d'oeuvre :
Le Nègre Scipion (Museu de Arte, São Paulo) exceptionnellement
prêté pour l'exposition.
A partir de 1892, Monet acquiert également plusieurs portraits
de la famille de sa seconde épouse, Alice Hoschedé.
(Carolus-Duran)
Les effigies de sa femme, de ses beaux-enfants et de leur père,
Ernest Hoschedé leurs sont offerts. Un portrait de son beau-fils
Jacques Hoschedé enfant peint par Manet en 1876 et intitulé
Garçon dans les fleurs (Tokyo, Musée National d'art occidental),
est quant à lui au coeur d'une bataille judiciaire qui déchire
la famille au lendemain de la mort d'Alice et révèle
un aspect tout à fait inconnu de sa vie de Monet.
Une large sélection d'estampes japonaises provenant de la maison
de Giverny rend hommage à l'aspect le mieux connu de la collection
de Claude Monet. Considérée comme ayant peu de valeur à
la mort du peintre comme c'est aussi le cas des Nymphéas
exposés dans leur continuité, ces oeuvres restent dans la
demeure du peintre pendant de nombreuses années tandis
que les Corot, Cézanne, Manet et autre Renoir sont vendus
à grand prix par le fils du peintre, Michel, dès 1927.
Pour la première fois depuis lors, la collection dispersée
de Claude Monet renait en son musée,
le musée Marmottan Monet.
A signaler la circulation extrêmement difficile au milieu
des groupes 😡
Exposition terminée le 14 janvier 2017 Signaler ce contenu comme inapproprié