Critique de Nénesse, de Aziz Chouaki, vu le 13 janvier 2018 au Théâtre Déjazet
Avec Christine Citti, Olivier Marchal, Hammou Graïa et Geoffroy Thiebaut, dans une mise en scène de Jean-Louis Martinelli
Enfin, je découvre le théâtre Déjazet ! On en parlait comme le théâtre à suivre cette année, alors que Jean Bouquin confiait sa programmation à Jean-Louis Martinelli. Une programmation exigeante, en tout cas en apparence, et plutôt éclectique, puisqu’elle aura accueilli cette année autant Françon que Gerra, Aziz Chouaki ou Nathalie Dessay. Malheureusement, mes premiers pas dans ce très beau théâtre se sont soldés en une violente nénéception…
Pourtant sur le papier, le propos paraissait plutôt intéressant. Nénesse passe sa journée à cracher sur tout ce qui peuple la France d’aujourd’hui : arabes, noirs, juifs, femmes, homosexuels… Facile et tellement humain, de rejeter tous ses malheurs sur les autres. Olivier Marchal parle de son personnage en disant qu’il est « attachant ». D’ailleurs, malgré ses tares, il loge et exploite chez lui deux sans-papiers, un musulman bosniaque et un diplomate d’origine russe, qui parle d’ailleurs de cette France avec amour, reconnaissance et fierté. Un mélange qui aurait donc pu conduire à de beaux débats d’idée.
Le problème, c’est que sur scène, c’est plutôt un vaste nénéant. On comprend rapidement que le texte va rester sur cette ligne de conduite durant tout le spectacle, qui ne se révèlera donc qu’une longue série d’insultes de la part de Nénesse. Aucune portée, aucune échappatoire, pas même choquant, la partition m’a laissée insensible et m’a plongée dans un profond désintérêt. Les acteurs, auxquels on ne peut rien pourtant reprocher, ne parviennent pas à sauver ce texte qui plombe le spectacle.
La seule explication que je trouve pour éclairer l’intention de Jean-Louis Martinelli en montant cette pièce, c’est qu’il a voulu faire un coup. Monter un texte traitant d’un homme raciste, homophobe, antiféministe et j’en passe, aujourd’hui, cela aurait pu faire le buzz… et aurait sans doute fonctionné si le texte avait porté en lui une idée, un intérêt, ou une réponse.
C’est une fausse note dans la programmation du Déjazet, ce qui ne m’empêche pas de vous conseiller de courir au Mois à la campagne qui succèdera à Nénesse.