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Sur les bords de la Loire

Par Pandora
Sur les bords de la Loire  

C'était un soir de printemps, quand la chaleur du soleil commence tout juste à réchauffer les murs des maisons et quand ses rayons pas encore assez vigoureux peinent à traverser les nuages.

 
C'était un soir de solitude où la présence chaleureuse de mes proches commençait tout juste à me redonner un peu de cette confiance en moi que les aléas de la vie avaient mis à mal, un rempart protecteur pas encore suffisamment fort pour éloigner toutes les vilaines idées noires qui m'assaillaient encore.

  
C'était un soir étouffant où je m'étais sentie tellement mal dans mon chez-moi trop petit qu'il m'avait absolument fallu prendre l'air, m'aérer les idées.

 
C'était un soir, je regardais la Loire en marchant le long de sa rive. Les reflets du soleil et des nuages qui paraient la surface de l'eau, les canards qui créaient des remous en se déplaçant, le vent qui déformait les images. Le vent qui me glaçait moi qui était sortie trop peu couverte, trompée par la chaleur du soleil de l'après-midi. Je marchais en frissonnant quand j'entendis une petite voix qui m'appelait :

« Hé, ça ne te dirait pas de partager avec moi un paquet de pepitos ? »

Je me tournais vers l'origine de la voix pour découvrir une  jeune femme d'une vingtaine d'années aux cheveux rouges et à la dégaine d'héroïne de manga assise sur un banc. Une femme qu'on aurait qualifiée d'anachronisme si le décalage avait été temporel mais si elle détonnait complètement dans le paysage, elle était tout à fait de son époque. Trop pour moi qui hésitais à m'arrêter.

« Ben quoi, t'aimes pas les gâteaux ? Je mords pas tu sais ! En plus je voudrais pas dire mais t'as plutôt l'air de te les geler !»

Je souris à son insolence et m'approchais pour m'assoir à côté d'elle sur le petit banc de bois taggé. Elle me sourit à son tour et me tendis le paquet de gâteaux.

« Salut, moi c'est Pandora, et toi ? »

Je lui répondais et elle me demanda alors :

« On ne se serait pas déjà rencontrées? C'est marrant, tu m'as l'air vachement familière. On ne se connait pas, t'es vraiment sûre ? »

  
Et elle me parla d'elle, et me fit parler de moi, nous parlâmes et parlâmes. Il faut dire qu'elle avait quelques munitions en réserve et après le paquet de pépitos ce furent des fingers puis des mikados... Nous parlâmes jusqu'à la tombée de la nuit, nous livrant l'une à l'autre comme seules deux inconnues qui savent qu'elles ne se reverront plus peuvent le faire. Nous nous livrâmes nos peurs et nos pensées les plus secrètes. Et quand nous eûmes mangé le dernier gâteau, elle se leva et me remercia de ce moment passé ensemble:
 
« Tu sais, je crois que si tu ne t'étais pas arrêtée, j'aurais sauté dans la Loire » et elle enfourcha son vélo sans que j'aie le temps de la retenir.
Sans que j'aie le temps de lui répondre que si elle ne m'avait pas proposé ce pépito, c'est probablement moi qui aurais sauté...

 


   [ Exercice d'écriture sur photo pour les parchemins de Bigorphéa]


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