Le monde du navet est un univers formidable. Entre quelques pépites du mauvais goût ou films ultra formatés, les scénaristes accouchent parfois de concepts franchement sympathiques qu’ils s’évertuent cependant à démolir consciencieusement. Au programme de D-War donc, des gros dragons/serpents en images de synthèse, un scénario ridicule, un Robert Foster qui cachetonne et un scénario indigent… Chouette !
D-War – Le dragon au bon goût de navet
D’après une légende coréenne deux dragons, le gentil Immogi et le méchant Buraki s’incarnent dans des corps humains à intervalle régulier pour s’affronter. Pour accompagner cette incarnation, un jeune guerrier immortel est sensé trouvé la future porteuse « élue » et la protéger jusqu’à l’âge de ses vingt ans, où le dragon s’incarnera. De nos jours, un jeune reporter enquête sur un phénomène étrange, plusieurs personnes ayant dit apercevoir une sorte de serpent géant à plusieurs reprises en plein Los Angeles…
Un pitch pareil ca ne s’invente pas. Un gros bourrin comme Roland Emmerich en ferait des tonnes et essaierait de faire des combats épiques, un romantique comme Peter Jacskon en ferait une love story déchirante, un martial comme James Cameron en ferait un film de guerre de haute volée… Mais c’est Shim Hyung Rae (un coréen) qui réalise… Et il n’a clairement pas l’étoffe des modèles cités plus haut.
J’ai rarement vu un film accumulant à ce point les mauvais côtés de la plus part des films récents. A savoir : des gentils kré kré gentils et des méchants kré kré méchants, des scènes de baston quasi illisibles, des armées de créatures en CGI absolument moches comme dans la nouvelle trilogie de la guerre des étoiles, des situations déjà vues cent fois, un souffle épique qui n’arrive jamais, des dialogues d’une platitude absolue, des acteurs has been venus cachetonner…
Il reste quand même des séquences réjouissantes. Mais elles sont malheureusement trop courtes. On peut citer par exemple l’attaque de deux hélicoptères par des bébés dragons, ou quelques plans vraiment jolis lors de la baston finale entre les deux dragons. Mais en prenant une approche ciblée grand public, sans sang ni petits effets gores, on a du mal à ressentir vraiment la violence des affrontements. Finalement c’est plutôt bien foutu, mais c’est franchement chiant. Un peu comme si le réalisateur avait oublié qu’il filmait un affrontement bourrin et avait tournée une publicité bien édulcorée à la place. Je ne suis pas un fan de gore outre mesure, mais pour un tel concept faut des gens bouffés, des bouts de dragon dans tous les sens, du sang vert dégueu, de la tripaille qui éclabousse tout… bref un peu plus de réalisme !
Il est difficile de tenir pendant presque deux heures devant la vision d’un film avec un scénario aussi anémique, mal interprété et aux enjeux aussi mal exploités. On peut s’étonner aussi du fait que le film ait fait un véritable carton au box-office coréen, malgré son casting essentiellement japonais. Le film est en effet franchement naze. Est-ce du à la légende sur laquelle il est basé ? Mystère…
Dans la catégorie film de monstre coréen, on pourra plutôt recommander l’excellent The Host. Celui-ci se veut à la fois film politique anti-américain et véritable réflexion les rapports humains, via une galerie de personnage étant tiraillée en permanence entre son envie de prendre ses jambes à son coup, et son envie de reconstruire une cellule familiale digne de ce nom. Une vraie réussite, largement supérieure à ce sombre navet que je vous recommande d’éviter, sauf si vous aimez les concepts franchement super mal exploités.