Dixit Bathak
Hier soir, c'était la première de Voiture américaine de Catherine Léger, au Poche, à Genève, une pièce qui a été créée à Montréal le 29 septembre 2015 et qui se déroule dans une ville volontairement indéfinie.
Les lieux sont la rue, une station d'essence, un bar, un appartement, une chambre.
L'époque pourrait être aujourd'hui, ou, sinon, se situer dans un futur proche, désolant. Où on manquerait de tout: de biscuits, d'enfants, d'essence, d'alcool, d'argent...
Les personnages respectent la parité, quatre femmes et quatre hommes:
. Victor (Baptiste Coustenoble) vient de tuer quelqu'un dans la rue;
. Madame Grignon (Jacqueline Ricciardi) est la propriétaire de la station d'essence: elle réserve celle-ci à ses taxis; elle ne veut pas en vendre à Richard (Vincent Fontannaz) qui vient d'hériter, suite à la mort de son père, d'une voiture américaine;
. Bathak (François Nadin) est dans le bar avec Jacot (Roberto Garieri); il attend Garance qu'il se réjouit d'épouser, mais qui est en retard;
. Suzanne (Céline Bolomey), la soeur de Richard, ne sort jamais de l'appartement; elle se dispute avec Victor;
. Garance (Céline Nidegger) a revêtu sa robe de mariée dans la chambre; Julie (Julie Cloux), la femme de Jacot, vient la chercher pour la conduire au bar des épousailles.
Est bien noir cet univers dans lequel évoluent ces personnages qui ont des liens les uns avec les autres. Car les échanges qu'ils ont entre eux sont, par exemple:
. des rapports de force:
VICTOR. Je pourrais te violer.
MADAME GRIGNON. Non. Non, tu pourrais pas.
. des rapports de bêtes:
BATHAK. Ce que je veux, moi, c'est un être un boeuf pis avoir une vache. Strictement biologique. Un boeuf. Une vache. Les vaches sont pas en retard.
. des rapports de troc sans états d'âme:
JACOT. Mais quand même tu ferais bien de t'acheter une femme. Contre une voiture. C'est bon. C'est bon pour toi.
Temps.
RICHARD. Pis la tienne, elle est comment?
Bref ces personnages sont déshumanisés. Comme le dit Catherine Léger dans un entretien:
Comme ils n'ont plus rien, ils cherchent à consommer l'autre. A jouir de l'autre sans être en relation avec lui.
Cette vision du monde, admirablement rendue par le jeu, donne le vertige, comme peut le faire le vide:
VICTOR. M'enfermer ici avec toi? Lire? Avoir peur?
SUZANNE. Pourquoi pas? On est bien, ici. C'est doux, ici.
VICTOR. C'est vide.
On sait heureusement, depuis Aristote, que la nature a horreur du vide... et l'auteur le sait aussi...
Francis Richard
Accès:
POCHE /GVE /Théâtre Vieille-Ville
Rue du Cheval-Blanc 7
1204 Genève
Réservation:
[email protected]
+41 22 310 37 59
Jeu: Céline Bolomey, Julie Cloux, Baptiste Coustenoble, Vincent Fontannaz, Roberto Garieri, François Nadin, Céline Nidegger, Jacqueline Ricciardi
Assistanat à la mise en scène: Lucile Carré
Costumes: Paola Mulone
Son: Andrès Garcìa
Lumière: Luc Gendroz
Maquillage: Katrine Zingg
Accessoires: Stéphanie Mérat
Confection des costumes: Léa Bettenfeld
Construction du décor: Cédric Bertoud
Régie:David Kretonic
Prochaines représentations:- me 10.01 _19h00
- je 11.01 _19h00
- sa 13.01 _19h00
- di 14.01 _17h00
- lu 15.01 _19h00
- ma 16.01 _20h00
- me 17.01 _19h00
- je 18.01 _19h00
- sa 20.01 _17h00
- di 21.01 _15h00
- me 24.01 _19h00
- sa 27.01 _19h00
- di 28.01 _19h00
Madame Grignon, dans la station d'essence
Julie et Victor, dans la rue
Bathak et Nicot, dans le bar
Suzanne et Garance, dans l'appartement
Madame Grignon et Victor, dans la station d'essence
Garance et Victor