Grâce à l'intelligence artificielle, les entreprises deviennent capables de personnaliser toujours plus finement l'expérience qu'elles proposent à leurs clients. Selon les analystes de Gartner, d'ici à 2022, elle atteindra un tel niveau de sophistication qu'elle permettra à un appareil personnel de comprendre l'état d'esprit d'un individu, mieux que ses proches.
Aujourd'hui, les assistants virtuels et autres agents conversationnels de première génération captent des informations statiques sur leurs utilisateurs et des données sur leur environnement de manière à ajuster leur offre aux besoins de chacun. Demain, tous les objets du quotidien posséderont une capacité minimale à analyser l'humeur des personnes – par exemple via les expressions faciales, les intonations de la voix, les comportements… – afin d'affiner encore le degré de personnalisation des services.
Loin d'être de la science-fiction, les premières incarnations de cette vision d'avenir commencent à apparaître sur le marché. Quelques applications mobiles, accompagnées ou non d'appareils à porter (bracelets, bagues, vêtements…), complètent dès maintenant leurs diagnostic de santé et de forme physique à partir de données émotionnelles. Les outils domotiques, les voitures connectées… seront naturellement parmi les prochains systèmes qui intégreront des capacités du même ordre pour améliorer leur efficacité. Si nous acceptons ces usages, les possibilités seront quasiment infinies…
Les applications toucheront toutes sortes de domaines, du jeu vidéo à la voiture autonome, en passant par les logiciels éducatifs. Dans l'assurance, le potentiel est déjà visible et Gartner évoque notamment l'impact des solutions de suivi de la santé sur les comportements des consommateurs (et leurs risques) et les moyens de diagnostic inédits désormais envisageables pour certaines pathologies (dépression, autisme…). La sécurité est un autre champ d'action émergeant, si on imagine de remplacer l'authentification via mot de passe par un mécanisme de reconnaissance des attitudes.
De son côté, j'estime que le secteur financier devrait être un champ de mise en œuvre – ou, à tout le moins, à ce stade, d'expérimentation – prioritaire pour l'« intelligence artificielle émotionnelle ». En effet, la psychologie qui entoure l'argent est tellement plus marquée par la passion que par la raison qu'il serait certainement utile, pour toutes les parties, de prendre en compte l'état d'esprit de la personne dans chaque moment de sa relation avec sa banque. Cette idée pose cependant une nouvelle fois la question de la place du conseiller humain et de sa valeur ajoutée dans le modèle traditionnel.