Lorsque je pénètre au café Chineur en ce pâle matin de janvier, je n’ai besoin que d’un regard complice pour que la serveuse m’autorise à me glisser discrètement dans la partie dressée de cette brasserie toute parisienne.
Je me sens privilégiée car passé dix heures du matin, plus personne n’a le droit de s’installer de ce côté pourtant si confortable, pour y boire un café ou un verre. Trois heures avant, tout y est déjà prêt pour accueillir le flux des travaillomanes du lundi. Une pratique qui a le don d’exaspérer les malheureux clients du matin obligés de se tasser près de la porte et de la terrasse semi-couverte, dans le froid hivernal de ce début d’année. Pour ma part, c’est sans une once de culpabilité que je m’installe confortablement sur la table du fond, près de la vitrine. Ma table. Celle qui a vu naître mes premiers ouvrages.
Après avoir posé mon ordinateur, ma trousse, mon Bullet Journal, quelques ouvrages de références sur la psychologie positive, mis en mode avion mon iphone puis commandé un thé aux fruits rouges, je m’enfonce dans le fauteuil club, renverse ma tête et ferme les yeux. Tous mes sens sont en éveil. Exaltée par un Jacques Brel qui se perd entre Vezoul et Honfleur, je respire à plein nez les irremplaçables effluves de l’incontournable café matinal. Je me sens bien. Comblée. Présente. Apaisée.
Depuis combien de temps, cela ne m’est pas arrivé ? Des mois ? Non, des années. Depuis que ma vie s’est enrayée. Et que des pans entiers se sont disloqués.
Deuils, séparation, maladie, mon avenir s’est alors assombrit. Mais une force nouvelle s’est éveillée en moi. Celle de la résilience. Je me suis découverte dans l’adversité. Je me suis renforcée dans la chute.
Je suis pourtant étonnée par notre capacité à trébucher sur de petites choses sans grande importance, à nous agacer d’un rien, à nous agripper pour un mot et puis, soudain, à nous révéler dans l’épreuve. Quelle force sort de nous alors que le sort s’acharne ? D’où vient-elle ?
Depuis, j’ai reconstruit mon existence pierre après pierre, en gardant toujours en moi, l’intime conviction qu’un jour mes murs porteurs se dresseraient à nouveau, fiers et solides. En ai-je douté parfois ? Peut-être. Lorsque les vents contraires vous malmènent, il est facile de se décourager. Et pourtant…
En ce matin de janvier 2018, à l’aube d’un horizon nouveau qui augure tant d’espoir, protégée par mes anges gardiens et terriens, je me sens prête à m’offrir un nouveau tour de manège.
Prête à OSER et à M’ENGAGER.
A oser croire en la force de mes rêves.
Et à m’engager pour eux.
A oser croire en l’Humanité, celle qui nous sauve déjà.
Et à m’engager pour elle.
Et enfin, je me sens prête à m’engager, coeur et âme… pour et avec Lui.
Lui qui me donne tant.