L'enjeu pour la banque – entre autres secteurs – est considérable, tant il devient de plus en plus évident que l'intelligence artificielle va devenir une composante essentielle de ses métiers, autant dans la relation client que dans la conformité réglementaire, sans oublier la sécurité, la maîtrise des risques, le marketing, les processus opérationnels, la création de nouvelles activités… Malheureusement, la discipline est encore jeune et les personnes formées et expérimentées sont trop rares pour satisfaire tous les besoins.
Le cas de Notch est représentatif de cette situation. Deux jeunes ingénieurs l'ont fondée fin 2014 afin d'aider les entreprises – startups et grands groupes – a exploiter les technologies d'apprentissage automatique (machine learning). Sans investissement extérieur, il ne leur a pas fallu longtemps pour acquérir une clientèle fidèle. Trois ans et 70 projets plus tard, dont quelques collaborations avec Capital One, cette dernière offre de l'intégrer, avec sa quinzaine de salariés, dans son centre d'excellence interne.
La stratégie est optimale, puisqu'elle lui permet de compléter ses effectifs avec une équipe dont elle a déjà mesuré la valeur. Mais la question qui brûle les lèvres est plutôt de comprendre pourquoi les fondateurs de Notch rejoignent une entreprise traditionnelle et comment ils vont convaincre leurs collaborateurs d'y poursuivre l'aventure avec eux. En effet, dans la bataille pour les talents de l'intelligence artificielle, les institutions financières n'ont généralement pas l'avantage, par exemple face aux géants du web.
La réponse est donnée directement par l'ex-PDG de l'agence et repose essentiellement sur un environnement collaboratif existant au sein de Capital One, dans lequel la transformation par les données est une réalité mise au service de l'expérience client. Les conditions sont par ailleurs idéales pour des passionnés de développement logiciel, avides d'apprentissage permanent, dans une entreprise vraiment technologique et disposant simultanément des moyens et de l'expertise d'une banque de premier ordre.
La leçon vaudra aussi pour les entreprises qui n'envisagent pas d'acquérir un cabinet spécialisé : dans la féroce concurrence que se livreront bientôt tous les recruteurs potentiels, le meilleur (le seul ?) moyen d'attirer les talents informatiques les plus brillants sera de leur proposer une atmosphère de travail qui réponde à leurs attentes : où leur expertise est fortement valorisée, où ce qu'ils produisent prend du sens, où chaque individu et l'organisation progressent ensemble à la vitesse du monde contemporain…