Ma présence ici se fait de plus en plus rare mais je ne résiste pas à l’envie de partager avec vous quelques-unes de mes plus belles lectures de l’année. Comme chaque fois, la sélection a été rude, c’est parti !
Une fois n’est pas coutume, j’ouvre une thématique « littérature de l’imaginaire » pour ce billet « Coups de cœur » avec deux titres en la matière. J’en profite pour faire un clin d’œil à L’Esprit livre, principal coupable de cette évolution dans mes lectures 😉
Shakti de Stefan Platteau est le deuxième volet de la trilogie Le sentier des astres. Je vous en parlais ici. On y suit l’histoire de l’envoûtante Shakti, courtisane mystérieuse, mère aventureuse, femme puissante, magicienne hors norme. J’attends la suite avec impatience !
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Quinzinzinzili de Régis Messac, un titre barbare pour ce récit de science-fiction apocalyptique. Un homme et quelques enfants sont rescapés d’une catastrophe planétaire. Avec un humour sarcastique, Régis Messac nous narre les débuts d’une nouvelle ère menée par des dégénérés. Langage, alimentation, religion, sexe, et relations sociales, tout est à ré-inventer et pas nécessairement pour le meilleur ! Publié pour la première fois en 1935, le style de Messac reste ultra-moderne pour le lecteur du XXIème siècle et son questionnement sur notre humanité n’a jamais été aussi actuel !
Après Shakti, d’autres livres sur et/ou par les femmes ont rythmé mon année 2017 – non je ne vous parlerai pas de chick lit’ ! – je vous en cite quelques-uns parmi les plus remarquables.
Vie de Milena de Jana Černá : Milena Jesenska, connue pour sa correspondance avec Kafka et son amitié avec Margarete Buber-Neumann dans les camps de concentration nazis, est racontée ici par sa fille Jana Černá, écrivaine de génie, remise par ailleurs au goût du jour par La contre-allée pour ses lettres érotiques. On retrouve la très grande liberté et qualité d’expression de l’auteur, dénuée ici de toute provocation, pour parler d’une grande femme du XXème siècle indépendamment – et c’est là tout le génie de Jana Černá – des ombres nazie et kafkaïenne.
Ce Manifeste féministe de Mina Loy vient donner une touche poétique à ce bilan annuel. Loin des discours des suffragettes ou de ceux sur la théorie du genre, dès 1919, Mina Loy provoque et soulève avec une énergie édifiante les questions fondamentales de la condition féminine… et masculine ! Messieurs, voici le cadeau idéal pour la Saint Valentin 😉
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Homesman de Glendon Swarthout : un homme tout de même dans cette sélection pour nous parler de ces femmes et de ces hommes qui ont voulu peupler les plaines américaine les plus reculées. Un chariot, cinq femmes, un homme, la folie, la misère, et un voyage impossible que l’on aimerait ne jamais finir…
Du même auteur, je vous conseille tout aussi chaudement, et à la suite des membres du cercle de lecteurs de la médiathèque de Vaise, Le tireur.
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La porte de Magda Szabó : un détour par la Hongrie pour cette réédition en poche d’un roman phare. On y découvre le portrait sensible et touchant d’Emerence, domestique caractérielle, psychorigide et pourtant tellement plus humaine que la plupart d’entre nous… Un concentré de tendresse, de lucidité et d’humour noir !
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Carmilla de Sheridan le Fanu nécessairement édité par Tendance Négative ! Un chef-d’oeuvre de littérature gothique et saphique pour remonter aux origines de Dracula dans l’ombre de la plus sulfureuse des vampires…
D’autres romans ont accompagné cette année, sur des sujets et par des auteurs toujours aussi variés, et qui me donnent immanquablement à penser…
Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin : j’ai eu la chance de découvrir ce titre dans son édition canadienne, La Peuplade. Primé par les libraires de son pays d’origine, ce roman qui nous parle des hommes entre eux et de la solitude débarque cet hiver sur nos tables republié par les éditions de l’Observatoire. Je ne saurais que trop vous le recommander !
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Le baron perché d’Italo Calvino : un classique italien et le plaisir de découvrir Calvino. J’ai adoré suivre les excentricités de Côme, ce gamin, qui à la fois par défi et par conviction, décide un matin de ne plus poser pied à terre et de vivre dans un arbre. Une fable philosophique délectable à lire et à relire…
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La ville fond de Quentin Leclerc : Mon coup de cœur de la rentrée littéraire 2017. Livre O.V.N.I. par excellence, une perle de littérature de l’absurde qui donne pourtant sérieusement à penser sur nos sociétés contemporaines et sur le sens de nos actes individuels et collectifs. Un premier roman et un auteur à suivre ! – et merci à L’Esprit Livre toujours et encore pour le tuyau et la rencontre avec l’auteur 😉
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Un voyage en Inde de Gonçalo M. Tavarès : il est encore possible d’écrire et de publier une épopée au XXIème siècle ! Ce chef d’oeuvre de littérature portugaise réactualise avec nos repères, nos espoirs et nos désillusions contemporaines le voyage en Orient – quand bien même il suffit de prendre un avion pour l’entreprendre. S’il fallait ne retenir qu’une lecture cette année, ce serait celle-ci…. (et toujours recommandé par la même boutique 😉 )
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Sur cette terre comme au ciel de Davide Enia : une autre excursion italienne, dans les rues de Palerme cette fois, et sur les conseils de mon libraire préféré ! On y suit les aventures et mésaventures des hommes d’une famille de boxeurs de père en fils sur trois générations. Les femmes y sont magnifiques et mystérieuses ; les hommes drôles, sincères, et beaux à pleurer… Une saga familiale comme je les aime et dont j’ai eu terriblement de mal à me séparer.
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Pour reprendre pied dans la réalité après toutes ces émotions fictionnelles, je vous propose deux essais qui valent leur pesant d’encre.
Les inaudibles de Céline Braconnier et Nonna Mayer : lu pendant les élections, cet essai sociologique sur les tendances politiques des plus précaires a le mérite de déconstruire un certain nombre de clichés, de donner la parole aux plus démunis d’entre nous et d’amorcer une réflexion de fond sur les préjugés que nous nourrissons tous à l’égard de ceux que souvent nous ne regardons même pas.
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Les émeutes raciales de Chicago de Carl Sandburg : Avec ce titre, je tiens surtout à saluer les éditions Anamosa, une de mes très belles découvertes de l’année 2017. Elles ont le mérite de savoir allier le fond et la forme en matière de sciences humaines, et d’aborder des questions à la fois surprenantes et populaires sous un angle toujours novateurs. Ici, Les émeutes raciales de Chicago est un texte de 1919, éminemment moderne dans le style et dont le contenu fait étrangement écho à notre actualité…
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Pour conclure ce joli bilan, je vous reparle d’un livre de cœur …
Dizzy de Claire Veys : Si vous aimez Blaise Cendrars, les bars à l’ambiance enfumée, la musique et le blues en particulier, la tendresse d’un père pour sa fille, il se pourrait que ce livre vous plaise. Pour en savoir plus sur Claire Veys, c’est par ici. 😉
Et je vous souhaite à toutes et tous une très belle année 2018 ! 🙂
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